Thomas Pesquet et Étienne Klein : un dialogue captivant sur l’avenir de l’humanité
Mise à jour le 2025-12-19 21:25:00 : Thomas Pesquet et Étienne Klein ont captivé 800 spectateurs à Toulouse lors de la promotion de leur livre.
Alerte : Aucune confirmation indépendante n’a pu être obtenue à partir de sources fiables. Cette information est à considérer avec prudence.
À l’occasion de la sortie de leur livre, l’astronaute et le physicien ont transformé la promotion littéraire en spectacle vivant, offrant au public un dialogue étincelant entre rêves spatiaux et inquiétudes terrestres.
Ils ont rempli la grande salle du théâtre de la Cité à Toulouse et comblé d’aise les 800 spectateurs venus les applaudir. Thomas Pesquet et Étienne Klein viennent de publier Éloges du dépassement*, un stimulant bouquin d’entretiens menés par le philosophe Ulysse Manhes pour partager leurs rêves, mais aussi leurs doutes face à « un futur incertain ».
L’astronaute qui a su partager ses émotions en publiant les photos de ses deux séjours en orbite sur son compte Instagram et le physicien qui diffuse savamment son amour de la science toutes les semaines sur les ondes de France Culture forment un duo qui allume des étincelles.
Après une première expérience en public à Deauville en octobre dernier, la patronne de Flammarion, Sophie de Closets, a eu la riche idée de faire appel à un metteur en scène, renouvelant les traditionnelles séances de signatures en librairies qui accompagnent la sortie d’un ouvrage. Ce n’est pas tous les soirs qu’on peut voir Albert Einstein et entendre Led Zeppelin en assistant aux échanges qui fusent entre les deux complices.
Sophie de Closets offre au public un beau feu d’artifice pour fêter les 150 ans de la vénérable maison d’édition, fondée par un entreprenant libraire féru de poésie pour publier, à l’époque, les essais et les albums de son frère Camille, astronome. Rencontre express en coulisses avec les duettistes, juste avant leur montée sur scène.
Le Point : Le bouquin contient un mini-scoop, abondamment commenté depuis sa sortie : Thomas ne veut plus se rendre sur Mars ! L’astronaute serait-il devenu philosophe (et ce serait à cause du physicien qui ne manque jamais d’interroger « la science ») ?
Étienne Klein : Tout à l’heure, je suis resté bloqué près d’une heure à Orly dans un avion pour Toulouse, qui n’a finalement pas pu décoller. Je suis donc en mesure de parfaitement comprendre l’argument de Thomas : demeurer quasi immobile dans une cabine minuscule pendant six mois, cela doit mettre les nerfs et le corps à rude épreuve. En revanche, un voyage sur la Lune me tenterait bien, mais personne n’a jamais songé à me le proposer…
Thomas Pesquet : J’ai lu que j’aurais fait mon « coming out », mais en réalité la question de se rendre sur Mars ne s’est jamais vraiment posée sérieusement depuis le début de ma carrière, il y a déjà une quinzaine d’années. Être sélectionné pour travailler à bord de la station spatiale internationale, c’était déjà une chance. Embarquer dans une capsule de la taille d’une Fiat 500 pendant des mois, à plusieurs, et sans savoir en l’état des technologies actuelles, comment revenir, cela pose bien des questions, ne serait-ce que sur l’ambiance qui régnerait à bord, l’inactivité forcée. Et il y aurait tout de même des candidats ! C’est assez effrayant quand y songe. Mais non, je ne suis philosophe. J’ai juste eu envie de m’éloigner, avec ce livre, du récit d’aventures pour tenter d’en tirer deux ou trois leçons d’enseignement général.
À la place des hommes, on envoie surtout des robots, sur Mars ou ailleurs dans l’espace. Faut-il s’en réjouir ?
Thomas Pesquet : C’est hyper nécessaire. Mais il faut bien se rendre compte que c’est déjà très compliqué de piloter un robot depuis la Terre. Sylvestre Maurice, qui travaille ici à Toulouse à l’IRAP (institut de recherche en astrophysique et planétologie), l’explique très bien : il faut 40 minutes de délai pour passer une commande, 24h pour recevoir une photo. Il ne sert à rien d’envoyer des gens s’il n’y a aucune valeur ajoutée, alors que c’est bien plus coûteux. Mais un robot ne peut pas faire tout ce que fait un humain.
Étienne Klein : On ne peut pas vraiment comparer. L’autonomie complète et définitive, pour l’instant, ça n’existe pas chez les robots.
On a pourtant de plus en plus de véhicules « autonomes » sur Terre, les robots sont partout dans notre vie quotidienne, le travail… et tout le monde ne parle plus désormais que des avancées de « l’intelligence artificielle ». C’est vraiment la « nouvelle frontière », ou une invention de journalistes en mal de copie ?
Thomas Pesquet : Il faut reconnaître que l’IA, c’est assez bluffant. On peut même lui demander d’écrire un poème ! C’est fatal… Pour trouver une info, un document technique ou un texte de loi par exemple, les algorithmes sont hyper performants. Quand on travaille sur les mots, du texte, ça bouleverse la donne. Les avocats ont du souci à se faire. C’est plus limité quand on travaille sur le matériel, le hardware. L’IA ne va pas construire des avions.
Étienne Klein : L’IA nous surprend, elle semble capable du pire et du meilleur, mais elle évolue si rapidement qu’il est trop tôt pour en tirer un bilan net. Certains aspects m’inquiètent : j’ai découvert ce week-end qu’un podcast fabriqué par une IA et imitant ma voix me fait dire que l’homme ne serait jamais allé sur la Lune ! Je n’ai bien entendu jamais dit cela. Manipulée par des humains malfaisants, l’IA a donc le pouvoir de doper la « force du faux », pour parler comme Umberto Eco. Que va devenir la vie publique si le faux prend à grande échelle les allures du vrai, et réciproquement ? Comment pourra-t-on « éclairer » les débats ?
Serait-ce l’idée même de « progrès » qui est remise en cause ? Votre live est un plaidoyer pour retrouver « un récit » plus enthousiasmant face à un certain « désenchantement du monde » diagnostiqué dès le début du siècle par Max Weber ?
Thomas Pesquet : Il est vrai qu’on a raccourci le monde, qui semble désormais tenir dans notre poche avec nos smartphones et tous les outils communicants. On peut avoir l’impression d’avoir accès à toutes les questions qui nous passent par la tête, mais c’est une question d’échelle. Tout ne peut pas être centré sur le moi. Il s’agit de réfléchir plus largement, se placer à l’échelle d’une communauté, trouver des réponses collectives au niveau du pays, de l’Europe, de la planète
Étienne Klein : Je ne parle pas de désenchantement proprement dit, plutôt d’une sorte de fatigue qui semble coloniser les esprits. Nous avons du mal à construire ensemble un horizon projectif qui permettrait de relier notre présent à un futur lointain, comme on avait pu le faire dans les années 1970 avec l’an 2000. Vous me rétorquerez qu’on nous parle beaucoup de 2027, mais cela me semble un peu court…
Thomas revendique un « engagement pour l’environnement », Étienne aime raconter ses échappées dans la montagne pour pratiquer l’alpinisme : lequel serait le plus « écolo » des deux ?
Étienne Klein : Je ne sais pas. Chacun voit que la science présente un double visage : c’est grâce à la séparation que nous avons installée entre nature et culture qu’elle est devenue efficace et conquérante ; mais c’est à cause de cette même séparation que la nature, finalement traitée comme si elle était à notre seule disposition, s’est peu à peu abîmée. Dès lors, faut-il liquider l’esprit de la science au seul motif d’un mauvais usage du monde ? Je milite plutôt pour que nous refondions l’idée de rationalité afin qu’elle ne puisse plus servir d’alibi à toutes sortes de dominations.
Thomas Pesquet : Je ne sais pas trop ce que ça veut dire quand on se revendique « écolo ». Je constate que beaucoup de monde se pose des questions à propos de notre impact, individuel et collectif, sur l’environnement. Il y a une prise de conscience que nous habitons une bien petite planète. Les gens s’interrogent pour eux, mais surtout pour leurs enfants. Il y a une vraie angoisse perceptible auprès des jeunes générations. On ne se posait pas trop ce genre de questions auparavant. Au fond de nous, (adultes dans des pays développés) on sait que ça devrait encore aller. On a bien envie de protéger l’environnement, mais pas trop de changer son mode de vie. Voyez ce qui se passe en Allemagne, où je vis une partie de l’année : ils reculent sur l’engagement de stopper la production des moteurs thermiques, tout simplement parce qu’ils ont une industrie automobile à défendre.
* Éloges du dépassement, d’Étienne Klein et Thomas Pesquet, entretiens menés par Ulysse Manhes, Flammarion, 224 pages, 20,90 €.
Ce qu’il faut savoir
- Le fait : Thomas Pesquet et Étienne Klein ont captivé 800 spectateurs à Toulouse lors d’un spectacle littéraire.
- Qui est concerné : Les passionnés d’astronomie et de science.
- Quand : Récemment, lors de la sortie de leur livre.
- Où : Théâtre de la Cité, Toulouse.
Chiffres clés
- 800 spectateurs présents lors de l’événement.
- 150 ans des éditions Flammarion célébrés.
Concrètement, pour vous
- Ce qui change : L’accès à des réflexions sur l’avenir de l’humanité et l’environnement.
- Démarches utiles : Lire leur livre pour approfondir ces sujets.
- Risques si vous n’agissez pas : Rester dans l’ignorance des enjeux contemporains.
Contexte
Le livre Éloges du dépassement aborde des thèmes d’actualité, tels que l’impact environnemental et les avancées technologiques. Les deux auteurs, Thomas Pesquet et Étienne Klein, apportent des perspectives enrichissantes sur ces sujets.
Ce qui reste à préciser
- Les implications de l’intelligence artificielle sur la société.
- Les défis environnementaux à relever dans les années à venir.
Citation
« L’IA a le pouvoir de doper la « force du faux », pour parler comme Umberto Eco. » — Étienne Klein, 2025.
Sources

Source d’origine : Voir la publication initiale
Date : 2025-12-19 21:25:00 — Site : www.lepoint.fr
Auteur : Cédric Balcon-Hermand — Biographie & projets
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Publié le : 2025-12-19 21:25:00 — Slug : tout-ne-peut-pas-etre-centre-sur-le-moi-thomas-pesquet-et-etienne-klein-se-livrent-sur-scene
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