Éducation aux médias

Cours 5 – Biais, émotions et manipulation sur Internet

Depuis le début de ce parcours d’Éducation aux Médias et à l’Information (EMI), nous avons vu :

  • ce qu’est une information,
  • pourquoi certaines personnes inventent de fausses infos,
  • la différence entre désinformation, mésinformation et malinformation,
  • et les bons réflexes pour se protéger.

Avec le Cours 5, on change légèrement de dimension :
il ne s’agit plus seulement d’observer les contenus,
mais de comprendre comment notre propre cerveau peut se faire piéger.

L’objectif est clair :
montrer aux élèves que la manipulation ne vient pas uniquement de l’extérieur.
Elle exploite aussi nos habitudes mentales, nos biais et nos émotions.


🎥 Vidéo – Cours 5 : Pourquoi notre cerveau se fait piéger


1. Ce n’est pas “juste” l’info : c’est aussi notre cerveau

Le message central de ce cours est fondamental :

Même si nous connaissons les règles de vérification, notre cerveau peut continuer à se faire piéger.

Pourquoi ? Parce qu’il fonctionne avec :

  • des raccourcis (pour aller vite),
  • des habitudes (pour économiser de l’énergie),
  • des émotions (qui influencent nos décisions).

Ces mécanismes sont utiles dans la vie de tous les jours…
mais ils deviennent dangereux quand ils sont exploités par des contenus manipulatoires.

Le cours 5 met en avant trois grands leviers :

  1. Le biais de confirmation,
  2. L’effet de groupe,
  3. La puissance des émotions.

2. Le biais de confirmation : voir seulement ce qui nous arrange

Le biais de confirmation est un des biais cognitifs les plus connus et les plus puissants.

Le monologue le résume très simplement :

Notre cerveau aime surtout les infos qui vont dans le sens de ce qu’on pense déjà.

Concrètement :

  • Si un élève pense qu’un chanteur est “nul”, il va davantage remarquer les vidéos où il chante faux.
  • S’il pense qu’un joueur est “trop fort”, il va retenir ses plus beaux buts et oublier ses erreurs.

Sur Internet, ce biais est amplifié :

  • on clique plus volontiers sur les posts qui confirment nos opinions,
  • on suit des comptes qui pensent comme nous,
  • on finit par vivre dans une bulle d’idées où tout le monde semble d’accord avec nous.

Conséquence éducative :

Il faut apprendre aux élèves à se demander :
« Est-ce que j’aime cette info parce qu’elle est vraie… ou parce qu’elle me donne raison ? »


3. L’effet de groupe : “si tout le monde partage, ça doit être vrai”

Deuxième piège : la force du groupe.

Le cours met parfaitement le doigt dessus :

Si “tout le monde partage” une info, on se dit que c’est sûrement vrai.
Et on a peur d’être celui ou celle qui dira : “On vérifie ?”

Ce mécanisme, très présent chez les adolescents, repose sur :

  • le besoin d’appartenance,
  • la peur d’être à part,
  • la crainte de passer pour “relou”, “coincé”, “pas drôle”.

Pourtant, la réalité est brutale mais simple :

Même si mille personnes partagent la même bêtise…
ça reste une bêtise.

En classe, ce point est essentiel pour :

  • valoriser ceux qui osent dire “Attendez, on vérifie”,
  • montrer qu’exercer son esprit critique, ce n’est pas “être contre les autres”,
  • légitimer la prudence comme une force, pas comme une faiblesse.

4. Les émotions : le carburant des fausses informations

Troisième levier, peut-être le plus puissant : les émotions.

Le monologue insiste sur trois émotions clés :

  • la peur,
  • la colère,
  • le dégoût.

Ce sont des émotions qui déclenchent des réactions rapides, impulsives :

  • commenter,
  • partager,
  • insulter,
  • se scandaliser.

C’est exactement ce que certains créateurs de contenus recherchent :

faire cliquer avant de réfléchir.

Ils utilisent :

  • des images choquantes,
  • des phrases extrêmes,
  • des scénarios catastrophes,
  • des rumeurs ciblant des groupes ou des personnes.

L’idée à installer chez les élèves est simple et non négociable :

Plus une info me fait réagir très fort,
plus je dois ralentir et vérifier.


5. Notre cerveau n’est pas parfait… et ce n’est pas grave

Le cours 5 ne culpabilise pas.
Au contraire, il pose un constat honnête :

“Notre cerveau n’est pas parfait.
Il a des habitudes, des raccourcis, des réflexes qui peuvent nous tromper.”

L’objectif n’est pas de “corriger” un cerveau défaillant,
mais de faire connaître ses limites pour devenir plus lucide.

La clé, c’est le passage suivant :

“La bonne nouvelle, c’est qu’on peut apprendre à les connaître.
À se dire :
‘Si cette info me met très en colère, je vais justement prendre le temps de vérifier.’
‘Si tout le monde partage, je vais quand même garder mon esprit critique.’”

C’est exactement là que l’EMI prend tout son sens :

  • comprendre les mécanismes internes,
  • les identifier au moment où ils s’activent,
  • choisir de réfléchir au lieu de réagir.

6. Idées d’exploitation en classe

Quelques pistes pédagogiques à partir de ce cours :

  • Exercice “biais de confirmation”
    Demander aux élèves de choisir un sujet sur lequel ils ont une opinion forte (sport, artiste, jeu vidéo…).
    Puis leur faire chercher une info qui va contre leur opinion, et en discuter.
  • Mise en scène de l’effet de groupe
    Proposer une info inventée, dire qu’elle circule partout et demander :
    “Qui ose dire qu’on ne partage pas tant qu’on n’a pas vérifié ?”
    Travailler ensuite sur la pression du groupe.
  • Baromètre émotionnel
    Afficher plusieurs titres de posts (réels ou recréés) jouant sur la peur / colère / dégoût.
    Demander aux élèves de noter :
    • ce qu’ils ressentent,
    • ce qu’ils auraient eu envie de faire (partager, commenter…),
    • puis d’analyser le titre à froid.
  • Charte personnelle de ralentissement
    Chaque élève rédige 2 ou 3 phrases du type :
    • “Si une info me choque, je…”
    • “Si tout le monde partage, je…”
      à coller dans son cahier ou son agenda.

Transcription du MONOLOGUE COURS 5

Pour accompagner la vidéo, voici le texte intégral du monologue :

MONOLOGUE COURS 5 – Pourquoi notre cerveau se fait facilement piéger (biais / émotions)

On a déjà vu beaucoup de choses :
les fausses infos, la désinformation,
et les bons réflexes pour se protéger.

Mais il reste un point très important :
parfois, ce n’est pas seulement l’info qui est en cause…
c’est aussi notre cerveau qui se laisse piéger.

Je vais te donner quelques exemples.

D’abord, il y a ce qu’on appelle
le “biais de confirmation”.
Ça veut dire quoi ?
Ça veut dire que notre cerveau aime surtout
les infos qui vont dans le sens
de ce qu’on pense déjà.

Si tu crois qu’un chanteur est “nul”,
tu vas surtout remarquer
les vidéos où il chante faux.
Si tu crois qu’un joueur est “trop fort”,
tu vas surtout regarder ses plus beaux buts
et oublier ses ratés.

Sur Internet, c’est pareil :
on clique plus facilement sur les infos
qui confirment ce qu’on croit déjà,
et on ignore celles qui nous contredisent.
Du coup, on peut rester enfermé
dans une bulle d’idées.

Ensuite, il y a l’effet de groupe.
Si “tout le monde partage” une info,
on se dit que c’est sûrement vrai.
On a peur d’être le seul à dire :
“Attendez, on vérifie ?”
Et pourtant, même si mille personnes
partagent la même bêtise…
ça reste une bêtise.

Enfin, il y a les émotions.
Notre cerveau réagit très fort
à la peur, à la colère, au dégoût.
Si une info nous choque,
on a envie de réagir tout de suite :
commenter, partager, s’énerver.
C’est exactement ce que certains veulent :
nous faire cliquer avant de réfléchir.

Ce qu’il faut retenir, c’est ça :
notre cerveau n’est pas parfait.
Il a des habitudes, des raccourcis,
des réflexes qui peuvent nous tromper.

Mais la bonne nouvelle,
c’est qu’on peut apprendre à les connaître.
À se dire :
“Si cette info me met très en colère,
je vais justement prendre le temps de vérifier.”
“Si tout le monde partage,
je vais quand même garder mon esprit critique.”

En comprenant mieux
comment notre cerveau fonctionne,
on devient plus fort face aux fausses infos
et à la manipulation sur Internet.


Avec ce Cours 5, les élèves franchissent un cap décisif :
ils ne se contentent plus de repérer les pièges à l’extérieur.
Ils commencent à observer leurs propres réactions.

C’est là que naît le véritable esprit critique :
entre ce que l’on voit, ce que l’on ressent…
et la décision consciente de vérifier avant de croire.

Cédric Balcon-Hermand

Depuis 1998, l’association Artia13 agit pour la vérité, contre la manipulation, et pour une cybersphère sécurisée et citoyenne.

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