Loi 94 : le « Serment du Test » à l’ère du nationalisme identitaire
Mise à jour le 2025-11-06 19:46:00 : L’Assemblée nationale du Québec a adopté le projet de loi 94. Cette loi exige de certaines Québécoises de confession musulmane de renier leur foi pour travailler dans les écoles.
Jeudi dernier, l’Assemblée nationale du Québec a adopté le projet de loi 94 visant à « renforcer la laïcité dans le réseau de l’éducation ». En s’ajoutant à la loi 21 adoptée il y a six ans, cette nouvelle loi vient essentiellement exiger d’une partie des Québécoises de confession musulmane de renier leur foi pour pouvoir travailler dans nos écoles.
Ce qu’il faut savoir
- Le fait : La loi 94 exige des Québécoises musulmanes de renier leur foi pour travailler dans l’éducation.
- Qui est concerné : Les femmes de confession musulmane travaillant dans les écoles.
- Quand : Non précisé.
Contexte
En 1763, la Couronne britannique instaurait le « Serment du Test » dans la province de Québec. Ce serment imposait aux catholiques de renier solennellement leurs croyances pour avoir le droit de travailler dans la fonction publique.
Jeudi dernier, l’Assemblée nationale du Québec a adopté le projet de loi 94 visant à « renforcer la laïcité dans le réseau de l’éducation ». En s’ajoutant à la loi 21 adoptée il y a six ans, cette nouvelle loi vient essentiellement exiger d’une partie des Québécoises de confession musulmane de renier leur foi pour pouvoir travailler dans nos écoles.
Mes premières pensées vont d’abord à ces femmes qui s’occupent de nos enfants avec professionnalisme et amour. Ces Québécoises qui, pour un salaire qui leur permet à peine de vivre dignement, se lèvent aux aurores et accueillent nos enfants avec un large sourire quand nous les déposons tôt le matin.
Ces femmes qui, aujourd’hui, sont présentées comme une menace pour nos enfants et pour l’égalité entre les hommes et les femmes, et que certaines figures publiques vont jusqu’à accuser de faire partie d’un complot islamiste. Une injustice institutionnelle vient de s’abattre une fois de plus sur ces femmes maintes fois stigmatisées.
Fausse laïcité et vraie islamophobie
Une fois de plus au nom d’une laïcité falsifiée. La nouvelle loi votée va à l’encontre des piliers incontournables d’une réelle laïcité : liberté de conscience, droit à l’égalité, neutralité de l’État.
Les fondements de la laïcité, tout comme ceux des Chartes des droits et libertés, sont piétinés. De surcroît, le gouvernement fait appel, une fois de plus, à la clause dérogatoire et banalise son utilisation pour se dérober à l’obligation de respecter les droits fondamentaux, remparts de l’État de droit.
Ce projet de loi ne peut qu’exacerber l’islamophobie et le racisme dans notre société, parce que le gouvernement, censé être garant de la morale publique, envoie par son action législative le message qu’il est moralement acceptable, voire encouragé, de discriminer des membres des minorités musulmanes, et plus largement des groupes vulnérables, sans aucun fondement.
La nouvelle loi votée va à l’encontre des piliers incontournables d’une réelle laïcité : liberté de conscience, droit à l’égalité, neutralité de l’État.
Comme au temps de la « Charte des valeurs » du Parti québécois (PQ), il faut s’attendre à ce que les témoignages de discrimination en matière d’emploi et de logement se multiplient, ainsi que les incidents haineux ou les actes de vandalisme contre des mosquées.
Pour de sinistres calculs politiques, destructeurs de notre cohésion sociale, la CAQ, avec le soutien actif du PQ, aggrave les dérives de la loi 21 que la Ligue des droits et libertés – pilier de la société québécoise en matière de défense des droits depuis 1963 – décrivait déjà comme « raciste », « sexiste » et « discriminatoire ».
Des dérives qui menacent de s’aggraver
Malheureusement, tout indique que les attaques envers les minorités et plus largement envers notre démocratie vont s’intensifier durant cette année électorale.
La CAQ, dans l’espoir chimérique d’éviter la déconfiture qui se dessine et pour détourner les regards de son bilan désastreux en matière de logement, de santé, de coût de la vie, de saine gouvernance ou d’écologie, joue la fuite en avant en misant sur la dérive nationaliste identitaire.
Le PQ continue quant à lui à jouer la carte de la surenchère, promettant d’aller encore plus loin une fois au pouvoir.
Tout indique que les attaques envers les minorités et plus largement envers notre démocratie vont s’intensifier.
Ces dérives n’ont rien de singulier. Elles s’inscrivent dans une tendance mondiale liberticide et anti-démocratique. Il y a donc tout lieu de s’en inquiéter, car plusieurs des pays qui exercent une influence majeure sur nos politiques ont déjà basculé : les États-Unis, où Donald Trump a été porté au pouvoir, la France, où les discours d’extrême droite se banalisent dans l’espace public et dans les lieux de pouvoir, ou encore le Royaume-Uni, où il y a quelques semaines à peine, 150 000 personnes ont défilé dans les rues de Londres à l’appel d’un militant d’extrême droite.
Comment ferons-nous pour ne pas sombrer nous aussi?
Pour la démocratie, la justice et l’État de droit, l’année qui s’annonce au Québec doit être une année de résistance.
Résistons.
Sources
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Date de publication : 2025-11-06 19:46:00
Auteur : Cédric Balcon-Hermand – Consulter sa biographie, ses projets et son travail. Article vérifié, recoupé, reformulé et enrichi selon la ligne éditoriale Artia13, sans reprise d’éléments protégés.
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