Les champignons d’Ötzi : un héritage préhistorique fascinant
Mise à jour le 2025-11-26 11:26:00 : Des champignons retrouvés avec Ötzi, l’homme des glaces, révèlent des pratiques anciennes liées au feu et à la médecine.
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Les champignons ont accompagné l’histoire de l’humanité : médecine, géopolitique, psychologie, architecture, gastronomie, ils s’invitent dans de nombreux champs de nos vies depuis le Néolithique.
Dans cet extrait de son ouvrage Dix champignons qui ont changé la vie des hommes (éditions Actes Sud, 2025), le mycologue Hubert Voiry nous parle des deux champignons retrouvés par les archéologues dans la besace d’Ötzi, l’homme préhistorique découvert fortuitement en 1991 à 3 200 mètres d’altitude, dans les Alpes italiennes. Il tâche de comprendre pourquoi cet homme avait, avec lui des amadous et des polypores du bouleau.
Ötzi portait un petit sac en cuir rempli de matière noire. Dans ce sac, il y avait aussi trois outils en silex et un os en forme de poinçon. Au début, on a pensé que la matière noire était de la résine et que ce sac était une sorte de « kit » de réparation d’outils. Or, la substance, une fois séchée, a montré une teinte virant au brun. L’examen microscopique a révélé qu’il s’agissait de la chair d’un champignon, l’amadouvier (Fomes fomentarius). Cette chair brune, travaillée manuellement, a permis d’obtenir un produit de consistance fibreuse appelé amadou. Mélangées à cette matière, on a détecté des traces de pyrite. Silex, pyrite et amadou réunis permettent d’allumer le feu et de le conserver.
Ce n’est pas le témoignage le plus ancien de l’usage de l’amadou pour le feu. Celui-ci a été retrouvé en grande quantité associé à des nodules de pyrite sur le site archéologique de Star Carr en Angleterre, datant de près de 10 000 ans. On a fait les mêmes observations dans les fouilles de Maglemose au Danemark, site qui remonte à 8 000 ans. L’amadou a donc la propriété de produire et de transporter le feu. Contrairement à une idée reçue, les humains de cette époque ne frappaient pas deux silex l’un contre l’autre pour allumer un feu, car les étincelles résultant de leur percussion sont trop éphémères pour enflammer un combustible. Ils avaient recours essentiellement à deux techniques : celle de la friction avec du bois et celle de la percussion, vraisemblablement utilisée par Ötzi.
Pour faciliter l’embrasement, on a perfectionné la technique. L’amadou est débité en tranches fines, amollies à coups de maillet, puis mises à sécher. Au cours des siècles, des traitements au salpêtre ou aux cendres ont été mis au point pour qu’il s’enflamme plus facilement. Le célèbre mycologue Christiaan Hendrik Persoon en donne la description dans son ouvrage Traité sur les champignons comestibles paru en 1818. Il précise que les bûcherons des Vosges avaient une technique moins recommandable pour traiter l’amadou : ils enterraient les tranches du “bolet” et les arrosaient avec de l’urine.
À partir de l’âge du fer, les morceaux de disulfure sont remplacés par des briquets, petits objets en acier qui au Moyen Âge avaient une forme de crochet aplati. Actuellement, on peut se procurer ce type de briquet dans le commerce, appelé briquet à silex. On recueille les étincelles avec un morceau d’amadou ou un morceau de coton carbonisé. Les briquets “à amadou” qui apparaissent vers 1840 ne contiennent curieusement pas d’amadou. Le nom a été repris, mais c’est une mèche de coton trempée dans une solution chimique qui joue le rôle de l’amadou.
De nos jours, l’amadou est encore utilisé de façon traditionnelle pour le transport du feu, comme en Autriche lors du Weihfeuertragen, littéralement “le transport de feu consacré”. Le samedi de Pâques, le prêtre catholique réunit les familles autour d’un feu qu’il bénit. Ensuite, les enfants récupèrent les braises à l’aide de bidons métalliques et passent dans les maisons du village apporter le feu béni. Pour faciliter le transport, ils ajoutent aux braises des morceaux d’amadou.
Le deuxième champignon retrouvé dans les affaires d’Ötzi est le polypore du bouleau, en latin : Fomitopsis betulina. Il se présentait sous forme de deux fragments enfilés sur une lanière de cuir. L’un de forme sphérique et l’autre de forme conique. Le polypore du bouleau, une fois séché, s’enflamme rapidement mais le feu ne couve pas. Ötzi ne l’a pas utilisé pour le transport du feu, d’autant qu’il possédait déjà de l’amadou. Quel usage faisait-il donc des morceaux de ce polypore ?
Cette question a suscité des débats, dont sont ressorties deux grandes hypothèses. La première, avancée par l’anthropologue italien Luigi Capasso, suggère que l’Homme des Glaces était conscient de ses parasites intestinaux et les combattait avec des doses adaptées de Fomitopsis betulina. Ce champignon, comestible, était probablement le seul vermifuge disponible à l’époque. L’autre hypothèse, défendue par la biologiste autrichienne Ursula Peintner, fait le rapprochement avec certaines coutumes d’Amérindiens, rapportées par le biologiste américain Robert Blanchette. Ces derniers possédaient des objets décorés avec des morceaux de Haploporus odorus, polypore à l’odeur suave, utilisés pour produire une fumée agréable pour les personnes malades.
Concernant l’Homme des Glaces, les morceaux de F. betulina étaient enfilés sur une lanière de cuir de façon élaborée. S’il s’était agi d’un simple transport, ils auraient été placés sans perforation dans un récipient. On peut donc penser que ces morceaux jouaient un rôle spirituel et médicinal. Robert Blanchette évoque aussi l’importance d’un autre champignon, Fomitopsis officinalis, aux propriétés médicinales pour les Amérindiens, qui l’appellent “le pain des fantômes”. Les chamanes utilisaient des masques sculptés dans ces polypores pour effectuer des rites destinés à guérir certaines maladies.
En Autriche, des fructifications de polypore du bouleau étaient sculptées pour protéger les animaux de ferme de la malchance. Le fragment conique du polypore d’Ötzi pourrait évoquer une sculpture qui n’aurait pas été très bien conservée. On pourrait donc considérer qu’Ötzi était un chamane, portant ces deux fragments d’un champignon aux vertus médicinales et spirituelles. Rappelons que les affaires d’Ötzi n’ont pas été pillées, ce qui laisse supposer qu’il était peut-être un personnage important.
Ce qu’il faut savoir
- Le fait : Des champignons retrouvés avec Ötzi révèlent des pratiques anciennes.
- Qui est concerné : Chercheurs, passionnés d’archéologie et d’histoire.
- Quand : Découvertes faites en 1991.
- Où : Alpes italiennes.
Sources

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Date : 2025-11-26 11:26:00 — Site : theconversation.com
Auteur : Cédric Balcon-Hermand — Biographie & projets
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Publié le : 2025-11-26 11:26:00 — Slug : les-champignons-dotzi-lhomme-des-glaces-du-neolithique
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