Fracture LFI – PS : la division de la gauche nuit aux élections locales
Mise à jour le 2025-11-19 16:04:00 : Alors qu’une élection législative partielle se profile dans le Loiret, LFI et PS se préparent à des candidatures séparées. Cette situation pourrait compromettre la dynamique de la gauche pour les futures élections municipales.
Orléans sera-t-elle le théâtre d’une bataille fratricide ? Certaines étoiles avaient pourtant commencé à s’aligner dans ce territoire qui combine le sud de l’agglomération orléanaise (dont le quartier populaire de la Source) et des territoires plus ruraux comme le canton de Beaugency. À commencer par la désorganisation du camp macroniste : démissionnaire de son mandat de députée après avoir été nommée ministre de la Santé, Stéphanie Rist se présente à nouveau, son propre suppléant, Stéphane Chouin, ayant démissionné à son tour. En cas de victoire, l’actuelle ministre de la Santé, sauf remaniement ou démission, laisserait donc de nouveau la place à son éventuel suppléant.
La route semblait donc pavée pour la gauche, dont les scores tendent à progresser au cours des dernières échéances : rassemblant péniblement 8400 voix autour de trois candidatures différentes au premier tour de 2017, elle en remporte près de 11 000 sous l’étiquette de la Nupes en 2022 et presque 17 000 en 2024, au coude à coude avec la députée sortante. Sans compter le fait que Stéphanie Rist, macroniste de la première heure, porte l’impopulaire bilan de la réforme des retraites, entre autres.
Alors forcément, Ghislaine Kounowski, candidate PS de la gauche unie aux deux dernières élections, avait des raisons de penser que la troisième tentative serait la bonne, même si elle n’est pas encore officiellement la candidate investie par le PS. “On a démontré qu’on était capable de présenter un programme et de défendre des valeurs“, estime la socialiste, qui en 2024 avait renoncé au second tour au nom du barrage républicain contre le RN, et juge “irresponsable” l’attitude de la députée sortante. “La députation, ce n’est pas un strapontin. Les électeurs ne servent pas à construire une carrière ministérielle.“
Las, suite aux désaccords accumulés depuis le printemps, le divorce entre le PS et LFI à l’Assemblée nationale est venu se répercuter dans le Loiret. “Le PS confirme sa rupture avec le programme du NFP pour lequel nous nous sommes battus en 2024, et que nous continuons à défendre au quotidien“, a indiqué le parti de gauche de rupture dans un communiqué. “Le PS soutient de fait la politique macroniste austéritaire et a renoncé à abroger la réforme des retraites.“
“C’est une volonté de Mélenchon, on va faire avec“, soupire Ghislaine Kounowski. “Au moins nous serons clairs dans notre positionnement, mais si on continue à être divisés, on va perdre.“
“C’est une situation qu’on regrette“, reconnaît pour sa part Karin Fischer, conseillère régionale LFI en Centre-Val de Loire. Mais, explique-t-elle, il s’agit pour la France insoumise de rester cohérente, et d’assumer la responsabilité “de proposer une alternative de gauche de rupture, de relance, face à la macronie et l’extrême droite“.
La candidature PS est aujourd’hui une candidature de soutien de fait au gouvernement macroniste.
Karin Fischer, conseillère régionale LFI en Centre-Val de Loire
Dont acte : LFI aura son propre candidat pour l’élection législative partielle, au risque de diviser les voix de gauche. Dans cette même circonscription, la lente croissance des voix gagnées par la gauche est à mettre en regard de l’explosion du score de l’extrême droite. De 3827 voix en 2017, puis 5842 en 2022, le RN a bondi à 14 880 voix au premier tour en 2024 avant d’être largement battu au second tour en plafonnant à 16 667 suffrages.
Ce qui se joue dans le Loiret pourrait-il être la répétition générale des élections municipales ? Déjà, Marseille, Orléans ou encore Tours sont devenues autant de nouveaux fronts ouverts entre les deux anciens alliés. Avec un enjeu : la suprématie sur le reste de la gauche. Et au-delà : l’ambition présidentielle pour 2027. La gauche “unitaire” ne s’y est pas trompée, revendiquant pour sa primaire le nom de “Front populaire 2027”, mais sans LFI, le PCF, ni Place publique (le parti de Raphaël Glucksmann).
Localement, cette nouvelle querelle de l’ancien et du moderne met plutôt mal à l’aise les autres partenaires du NFP. À Tours, l’apparition d’une liste LFI pour les municipales a surpris dans cette ville reconquise par la gauche sous l’étendard écologiste en 2020. Alors que “tous les voyants semblaient au vert” pour une nouvelle candidature unie à gauche en 2026, les “logiques de stratégies nationales” ont sacrifié le rassemblement “sur l’autel d’ambitions parisiennes déconnectées des réels enjeux de nos territoires“, a réagi dans un communiqué le PCF tourangeau.
Cette “dimension politicarde” n’est en tout cas pas ce qui anime la candidature de LFI dans le Loiret, récuse Karin Fischer. “Nous, notre objectif, c’est de porter un programme de rupture à gauche, écologiste, de démocratie avec une 6e République, et d’arriver au pouvoir pour l’appliquer. Le PS ne représente plus cela.” Et pour avoir le dessus, on en revient aux bonnes vieilles recettes du travail militant : “on fera du porte-à-porte, il faudra convaincre, faire en sorte que les gens votent. On sait que ceux qui ne votent pas d’habitude votent davantage pour nous.“
Dans un contexte d’intense incertitude politique, il y a fort à parier que cette législative partielle sera scrutée bien au-delà des limites du Loiret. Si pour l’heure on ne connaît ni les candidats officiels (outre la députée sortante), ni même la date du scrutin, une chose est sûre : le nouveau bras de fer à gauche ne fait que commencer à Orléans.
Sources
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Date de publication : 2025-11-19 16:04:00
Auteur : Cédric Balcon-Hermand – Consulter sa biographie, ses projets et son travail. Article vérifié, recoupé, reformulé et enrichi selon la ligne éditoriale Artia13, sans reprise d’éléments protégés.
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