Urgences à Toulouse : une crise alarmante qui touche toute la France
Mise à jour le 2025-11-08 07:09:00 : Depuis le 3 novembre, le CHU de Toulouse restreint l’accès à ses urgences adultes, un signe inquiétant d’une crise nationale.
Peut-on imaginer la troisième ville de France sans un service d’urgences hospitalières plein et entier ? C’est pourtant bien ce qui se passe depuis le 3 novembre dernier, date à laquelle les urgences adultes de Purpan et de Rangueil, au CHU de Toulouse, n’accueillent plus tous les patients. Par manque de vingt-cinq médecins urgentistes, la direction a choisi une « organisation temporaire » recentrée sur les cas lourds, laissant les pathologies mineures aux structures de ville. Officiellement, il ne s’agit pas d’une fermeture, mais d’une réorientation. La CGT y voit pourtant une « fermeture déguisée » d’une partie des urgences, symptôme d’un service saturé depuis des mois.
À Toulouse, la situation résulte d’un double effet : une population en hausse de 14 % en dix ans et des locaux sous-dimensionnés depuis leur réaménagement en 2016. Entre 2023 et 2024, près de 9 000 passages supplémentaires ont été enregistrés. Les équipes, déjà épuisées, doivent désormais trier à l’entrée, au risque de retarder la prise en charge de certains patients. Les internes, indispensables au fonctionnement du service, assurent l’essentiel de la continuité des soins, dans un contexte où le CHU peine à recruter des titulaires.
Une crise nationale
Mais le cas toulousain n’est que le miroir grossissant d’une crise nationale. Selon une enquête flash de la Fédération hospitalière de France, 30 % des services d’urgence déclaraient à l’été 2025 une dégradation de leur situation et six établissements sur dix manquent de médecins. Partout, les directions multiplient les expédients : heures supplémentaires ici, intérim coûteux là, renforts de la réserve sanitaire ailleurs. La ministre de la Santé encourage la régulation par le 15 pour filtrer les entrées, une mesure palliative devenue structurelle.
À Caen, faute de médecins encadrants, les internes ont été temporairement exclus du service d’urgence. Ailleurs, certains SMUR ferment, restreignant l’accès aux soins critiques dans les zones rurales.
Les représentants de la médecine d’urgence s’inquiètent d’une dérive systémique. Dans un communiqué commun le 6 mai dernier, SUDF, SFMU, CNUMU, CNU et CNP* dénoncent « l’inertie actuelle des autorités » et rappellent que « le scandale des lits brancards persiste, comme la crise de la psychiatrie qui impacte douloureusement les urgences ».
Des initiatives depuis 2019
Depuis 2019 et la crise du Covid, les gouvernements successifs ont pourtant tenté de réagir. Le « pacte de refondation » d’Agnès Buzyn, les mesures de la mission flash de François Braun en 2022, sans compter le Ségur de la santé en 2021 ont mobilisé plus de 19 milliards d’euros pour moderniser les hôpitaux et revaloriser les salaires.
En Occitanie, 755 millions d’euros ont été engagés, dont 230 millions pour Toulouse. Mais ces moyens n’ont pas suffi à enrayer la pénurie d’urgentistes, une spécialité devenue l’une des plus exposées à la fatigue professionnelle et au désengagement.
Le pari de « désengorger les urgences en dix-huit mois »
En avril 2023, Emmanuel Macron promettait de « désengorger les urgences en dix-huit mois ». Un pari osé… et intenable de l’avis des spécialistes. Dix-huit mois plus tard, les files s’allongeaient toujours, les brancards s’accumulaient dans les couloirs et la régulation par le 15 s’installait comme nouvelle norme.
Pour les sociétés savantes, « nos concitoyens ne peuvent attendre une décennie » avant de ressentir les effets d’une formation accrue de médecins, alors même que, selon un sondage Elabe paru jeudi, un Français sur deux estime que l’accès aux soins – hôpitaux, généralistes ou spécialistes – se dégrade.
Elles plaident pour le déploiement rapide d’infirmiers de pratique avancée et d’assistants territoriaux de santé. Si les institutions représentatives de la médecine d’urgence ont salué le Pacte de responsabilité pour les urgences et ses 10 propositions des Conférences des directeurs généraux de CHU et des directeurs de centres hospitaliers, elles estiment que « la crise des urgences, reflet d’un système de santé à bout de souffle, nécessite moins de communication sans lendemain et plus d’actions concertées. »
* Samu-Urgences de France, Société Française de Médecine d’Urgence, Collégiale Nationale des Universitaires de Médecine d’Urgence, Conseils Nationaux Professionnels de médecine d’urgence.
Ce qu’il faut savoir
- Le fait : Le CHU de Toulouse restreint l’accès à ses urgences adultes depuis le 3 novembre.
- Qui est concerné : Les patients des urgences adultes à Toulouse.
- Quand : Depuis le 3 novembre 2025.
- Où : Toulouse, France.
Chiffres clés
- 30 % des services d’urgence en France déclarent une dégradation de leur situation.
- 9 000 passages supplémentaires enregistrés entre 2023 et 2024 à Toulouse.
Contexte
La crise des urgences en France est exacerbée par une pénurie de médecins urgentistes, malgré des investissements significatifs depuis 2019. Les services d’urgence font face à une augmentation constante de la demande, alors que les ressources humaines restent insuffisantes.
Sources

Source d’origine : Voir la publication initiale
Date : 2025-11-08 07:09:00 — Site : www.ladepeche.fr
Auteur : Cédric Balcon-Hermand — Biographie & projets
Application : Téléchargez Artia13 Actualité (Android)
Notre IA anti-désinformation : Analyzer Fake News (Artia13)
Publié le : 2025-11-08 07:09:00 — Slug : decryptage-fermeture-partielle-penurie-de-medecins-pourquoi-les-urgences-sont-a-bout-de-souffle
Hashtags : #DECRYPTAGE #Fermeture #partielle #pénurie #médecins #pourquoi #les #urgences #sont #bout #souffle


