Canada: Un pays moins polarisé qu’on ne le pense
Mise à jour le 2025-10-28 : Une nouvelle étude révèle que la polarisation politique au Canada est moins intense qu’aux États-Unis.
Si vous passez du temps sur les réseaux sociaux ou suivez les commentaires politiques, vous avez peut-être entendu des avertissements selon lesquels le Canada est sur le point de devenir aussi polarisé politiquement que les États-Unis.
Mais à quel point sommes-nous vraiment divisés ? Notre recherche suggère une image plus nuancée et positive. Bien que les Canadiens ne soient pas à l’abri de l’animosité partisane, nos divisions sont beaucoup moins intenses qu’aux États-Unis. Les Canadiens expriment des niveaux modérés de polarisation affective et de sectarisme politique.
Mesurer l’animosité partisane
La polarisation affective désigne l’écart dans les sentiments que les gens éprouvent envers ceux avec qui ils sont d’accord et ceux de l’autre côté. Ce n’est pas une question de différences politiques, mais de sentiments de chaleur ou d’hostilité.
Aux États-Unis, la polarisation affective, en particulier le mépris envers ceux qui ont des opinions opposées, a augmenté fortement au cours de la dernière décennie. Ce type de division sape la confiance, la coopération et les normes démocratiques.
Les chercheurs ont élargi le concept pour inclure le sectarisme politique — « la tendance à adopter une identification moralement justifiée avec un groupe politique contre un autre. » Lorsque les identités politiques créent des adversaires moraux, le compromis entre les partis semble être une trahison et la démocratie est menacée.
L’animosité partisane au Canada
Pour explorer la polarisation affective et le sectarisme politique au Canada, nous avons collaboré avec le Canadian Hub for Applied and Social Research (CHASR) à l’Université de Saskatchewan pour interroger un échantillon représentatif de 2 503 Canadiens durant l’été 2024. Les enquêtes représentatives sont rares au Canada, et cette enquête est la première à mesurer le sectarisme politique.
Nous avons demandé aux répondants de s’identifier sur une échelle de zéro (extrêmement à gauche) à 10 (extrêmement à droite) ; les modérés ont choisi cinq. Nous avons également demandé à quel point les gens se sentaient chaleureusement envers les Canadiens de gauche et de droite. Ensuite, nous avons demandé dans quelle mesure ils étaient d’accord avec des déclarations capturant les trois dimensions du sectarisme politique :
1. Aversion — Se sentir négativement envers l’autre côté
2. Autrement — Voir l’autre côté comme incompréhensible
3. Moralisation — Croire que l’autre côté est immoral
Les résultats peignent un tableau mitigé.
Sentiments envers le ‘groupe extérieur’
Les Canadiens affichent une polarisation affective modérée : les Canadiens de gauche et de droite ressentent plus de chaleur pour leur « groupe intérieur » que pour le « groupe extérieur ». Ces évaluations sont mesurées à l’aide de notes de thermomètre de sentiment, qui demandent aux répondants à quel point ils se sentent chauds ou froids envers chaque groupe sur une échelle de 0 à 100. Bien que la différence de chaleur entre le groupe intérieur et le groupe extérieur soit significative, l’ampleur de la division est bien inférieure à celle des États-Unis.
Les Canadiens de gauche expriment un plus grand mépris envers la droite que les Canadiens de droite envers la gauche. Cette même asymétrie existe dans d’autres pays et peut être expliquée par différentes perceptions de menace sociale et morale.
Il existe des niveaux de sectarisme politique faibles à modérés au Canada. Les Canadiens de gauche expriment une « aversion » modérée, mais peu de Canadiens considèrent l’autre côté comme immoral. Tant la droite que la gauche ont des niveaux modérés d’autrement. En résumé, les différences politiques au Canada sont réelles, mais elles ne se sont pas encore solidifiées en haine et déshumanisation.
Qui est le plus susceptible d’être polarisé ?
Nous avons constaté que les personnes de gauche sont plus polarisées que celles de droite, mais autrement, nous n’avons pas trouvé de différences majeures entre la plupart des groupes.
Les partisans du NPD, du Parti conservateur du Canada et du Parti populaire sont les plus polarisés. Environ un cinquième des Canadiens sont sans affiliation, ce qui pourrait expliquer pourquoi les deux partis de droite sont plus polarisés que le Parti libéral, alors que la gauche est globalement plus polarisée que la droite.
Les Canadiens plus âgés sont plus polarisés que les Canadiens plus jeunes, et les résidents de l’Atlantique sont moins polarisés que ceux de l’Alberta. Sinon, nous n’avons trouvé aucune preuve que la polarisation diffère selon le sexe, la race/ethnicité, le niveau d’éducation, l’identité sexuelle ou si quelqu’un vit dans une zone rurale ou urbaine.
Pourquoi cela compte
La démocratie dépend de la capacité des citoyens à tolérer et à respecter les autres à travers les divisions politiques et sociales. L’animosité partisane peut érosion de cette tolérance, réduisant la confiance dans les institutions et les concitoyens.
Le fait que le Canada reste seulement modérément polarisé et démontre un sectarisme politique faible à modéré est encourageant. Mais nous voyons également des domaines de préoccupation : le plus grand mépris de la gauche envers la droite ; le niveau plus élevé d' »aversion » de la gauche ; et la polarisation modérée parmi les partisans du NPD, du Parti conservateur et du Parti populaire.
Ces divisions pourraient s’approfondir avec le temps, en particulier si les algorithmes des réseaux sociaux, les médias partisans ou les dirigeants politiques récompensent l’indignation plutôt que la compréhension.
À l’avenir
Jusqu’à présent, la culture politique canadienne semble offrir une certaine protection contre la polarisation extrême qui a pris pied aux États-Unis. Les Canadiens de toutes les allégeances politiques continuent de s’appuyer sur les médias traditionnels et des sources d’information crédibles.
Cependant, les pressions qui ont intensifié la polarisation ailleurs existent aussi au Canada : un climat hostile au Parlement et des écarts croissants dans les attitudes sur les questions sociales à travers la gauche et la droite politiques. Comment ces forces se dérouleront dépendra de la manière dont les représentants élus, les médias et les citoyens choisissent d’interagir avec ceux qui pensent différemment d’eux.
Pour l’instant, l’histoire de la polarisation canadienne est une histoire de prudence, pas de crise. Nos différences politiques sont réelles, mais ne nous ont pas encore profondément divisés. Cet avantage est fragile, mais mérite d’être protégé.
Provided by
The Conversation
Cet article est republié de The Conversation sous une licence Creative Commons. Lisez l’article original.
Sources

Source d’origine : Voir la publication initiale
Date : 2025-10-28 19:59:00 — Site : phys.org
Auteur : Cédric Balcon-Hermand — Biographie & projets
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Publié le : 2025-10-28 19:59:00 — Slug : canada-isnt-deeply-polarized-yet-what-new-research-reveals-about-partisan-animosity
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