Bobigny (2022) et Berlin (1996) : quand les grues dansent vraiment
Le 11 avril 2022 à Bobigny, dix grues ont exécuté une chorégraphie aérienne imaginée par la chorégraphe Kitsou Dubois et le compositeur Alexandre Bouvier. Un écho assumé à Berlin, le 26 octobre 1996, quand Daniel Barenboïm dirigea un « ballet de grues » sur l’Ode à la joie à la Potsdamer Platz. La ville-chantier devient scène ; les machines, choréutes.
Repères
- Bobigny — 11 avril 2022 : 10 grues, performance en soirée (~30 min), coordination radio et repères visuels ; création Kitsou Dubois, musique d’Alexandre Bouvier.
- Berlin — 26 octobre 1996 : « Kranballett » lors du Richtfest du futur siège Daimler-Benz (Potsdamer Platz) ; 19 grues ; direction Daniel Barenboïm ; musique : Beethoven, Ode an die Freude.
Bobigny : un ballet mécanique pour un centre-ville en mutation
Dix grues du chantier « Bobigny Cœur de ville » ont été mobilisées pour une performance nocturne, La Danse des Grues. Le dispositif s’est appuyé sur une coordination en temps réel (talkie-walkie pour les grutiers, repères visuels sur site) et une partition mêlant musiques concrètes, électronique et voix, jouée en direct par Alexandre Bouvier.
La ville a ensuite publié le film du spectacle, confirmant l’ampleur du dispositif et l’objectif : offrir au public un regard sensible sur la transformation urbaine de l’ex-centre commercial Bobigny 2.
Pour la chorégraphe Kitsou Dubois, cette création in situ prolonge ses recherches sur le corps en apesanteur et le mouvement en milieux inhabituels, transposés ici à l’échelle de la machine et du paysage.
Berlin : Barenboïm, Beethoven et 19 grues sur la Potsdamer Platz
À Berlin, le 26 octobre 1996, le Richtfest (fête de chantier) de l’îlot Daimler-Benz fut marqué par un « Tanz der Baukräne » : 19 grues évoluant « sous la baguette » de Daniel Barenboïm, sur l’Ode à la joie (Symphonie n° 9). Des reportages précisaient qu’un vent de force 7 aurait pu annuler le spectacle — indice de l’ampleur logistique engagée.
Des archives photo confirment le dispositif (fanions de direction, bras d’acier évoluant à l’unisson) et la dimension symbolique : mettre en scène la reconstruction du cœur de Berlin par un rituel mêlant industrie, musique et foule.
Pourquoi c’est intéressant
Art & ville : ces ballets « augmentent » le chantier pour en faire un spectacle public, lisible et poétique, où la technique devient langage. Communication urbaine : à Berlin, l’événement servait aussi de marqueur promotionnel pour un projet-phare de la décennie 1990 ; à Bobigny, il rend tangible la requalification d’un centre-ville.
Crédits & sources : annonces et comptes rendus municipaux/presses locales (Bobigny, 2022) ; presse berlinoise et archives photo (1996).


