26.11.2025 Cédric Balcon-Hermand 5 Views 0 Comments

Les punaises de lit, nouvelles alliées des enquêteurs criminels

Mise à jour le 2025-11-25 14:15:00 : Des scientifiques malaisiens révèlent que les punaises de lit peuvent conserver l’ADN humain, ouvrant la voie à des avancées en criminalistique.

«Quand tu as éliminé l’impossible, ce qui reste, aussi improbable soit-il, doit être la vérité.» Cette maxime de Sherlock Holmes pourrait tout à fait décrire cette histoire. Des scientifiques malaisiens ont fait une découverte renversante qui pourrait transformer les punaises de lit, véritable fléau moderne, en un minuscule auxiliaire de police.

Sous les lumières blanches d’un laboratoire, un assistant de recherche tend son avant-bras. Puis, il renverse délicatement un récipient grillagé sur sa peau pour permettre à une masse grouillante de punaises de lit de se nourrir de son sang (il faut souffrir pour la science). Cette équipe de chercheurs de l’Université des sciences de Malaisie (USM) de la région de Penang (nord-ouest) a découvert que les punaises de lit tropicales peuvent conserver l’ADN humain jusqu’à 45 jours après avoir sucé le sang de leurs proies.

Cet « ennemi dans la couverture » qui devient espion

Ces minuscules créatures qui adorent se cacher dans les fissures des têtes de lit, les coutures des matelas et les housses d’oreillers peuvent ainsi devenir des éléments de preuve de la présence d’auteurs potentiels sur des lieux de crime. À partir d’une simple goutte de sang, les enquêteurs de police pourront peut-être un jour reconstituer le profil complet d’un suspect, explique l’entomologiste Abdul Hafiz Ab Majid.

« Nous appelons les punaises de lit l’ennemi dans la couverture », à cause des démangeaisons insupportables qu’elles entraînent, mais « elles peuvent aussi être des espions » pour aider à résoudre des crimes, assure-t-il.

Dessiner le profil d’un suspect

D’après les chercheurs, l’ADN extrait du sang humain consommé par les punaises de lit peut permettre de retrouver un « profil phénotypique » de base, autrement dit les caractéristiques observables d’une personne, ainsi que son sexe jusqu’à 45 jours plus tard. En utilisant les marqueurs STR (répétition courte en tandem) et SNP (polymorphisme mononucléotidique) – des séquences d’ADN spécifiques extraites du sang –, les chercheurs peuvent déterminer le sexe, la couleur des yeux, des cheveux et de la peau des suspects potentiels.

L’étude intitulée « Profilage humain à partir de l’analyse STR et SNP de la punaise de lit tropicale, Cimex hemipterus », a été publiée dans la revue scientifique Nature il y a deux ans. Il s’agissait de la première utilisation médico-légale documentée impliquant cet insecte.

Contrairement aux moustiques et aux mouches, les punaises de lit ne volent pas. « Gorgées de sang » après s’être nourries, elles restent donc dans un périmètre limité, « un rayon de six mètres », et « sont donc plus fiables », explique Abdul Hafiz Ab Majid. « C’est ce qui les rend uniques. On peut dire qu’elles sont parfaites comme outil médico-légal, contrairement aux moustiques qui… s’envolent ». Cette découverte pourrait donc permettre un jour aux enquêteurs de trouver le profil d’un suspect après qu’il a agi dans un lieu où ces insectes sont nichés.

Ce qu’il faut savoir

Le fait : Les punaises de lit peuvent conserver l’ADN humain jusqu’à 45 jours.
Qui est concerné : Les enquêteurs et la police scientifique.
Quand : Découverte récente, étude publiée il y a deux ans.
Où : Malaisie, Université des sciences de Malaisie.

Contexte

Cette recherche pourrait révolutionner la manière dont les enquêtes criminelles sont menées. En utilisant des éléments souvent négligés, les enquêteurs pourraient obtenir des indices précieux sur les suspects. Les punaises de lit, généralement perçues comme un fléau, pourraient ainsi jouer un rôle crucial dans la résolution de crimes.