Vrai ou faux. Le gouvernement veut-il vraiment « confisquer » l’épargne des Français, comme l’affirment de nombreux internautes sur les réseaux sociaux ?

Dans son allocution du 5 mars dernier, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé vouloir augmenter fortement les dépenses militaires sans hausse d’impôts. L’une des options sur la table, avancée notamment par le ministre de l’Économie, Éric Lombard, mercredi 12 mars est de « mobiliser l’épargne des Français », une annonce qui a suscité d’importantes réactions sur les réseaux sociaux ou de nombreux internautes affirment que le gouvernement veut vraiment « confisquer » l’épargne des Français pour financer la défense du pays.

Sur Tiktok, l’un d’eux lance par exemple, « vu ce qui commence à se dire à l’Assemblée, je serais vous, si vous avez une épargne, je commencerais à retirer dès maintenant. Il y a des parlementaires qui proposent de puiser dès maintenant dans l’épargne des Français pour financer l’augmentation du budget militaire. » L’information est aussi relayée par certaines personnalités politiques comme le président du parti Les Patriotes Florian Philippot qui annonce sur X une « grande spoliation ».

En réalité, cette affirmation est fausse, c’est ce que confirme le ministère de l’Économie à franceinfo. « Hors de question de confisquer l’épargne de qui que ce soit », rassure Bercy. Une telle mesure serait tout simplement illégale, contraire au droit de propriété qui est inscrit dans les articles 2 et 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, comme l’explique à franceinfo le directeur général du cercle de l’épargne, Philippe Crevel. Pour prélever de l’argent auprès des Français, l’État doit forcément recourir à l’impôt, une option que le gouvernement a écartée à ce stade.

Mobiliser des produits comme les assurances-vie ou les plans épargne retraite

Bercy envisage en fait d’utiliser un mécanisme qui existe déjà dans les produits d’épargne. Quand un client place son argent dans un livret A, un plan épargne retraite ou une assurance-vie, par exemple, il ne « dort » pas. La banque l’investit pour le faire fructifier. Or, l’État peut orienter ces investissements vers certains domaines. Par exemple, 60% de l’argent placé sur les livrets A sert à financer les logements sociaux. En l’occurence, le gouvernement envisagerait ici de flécher les sommes placées sur certains types de produits d’épargne vers des entreprises de la défense françaises et européennes.

D’après le ministère de l’Économie, les produit d’épargne de long terme seraient plutôt concernés comme les assurances-vie ou les plans épargne retraite parce qu’il s’agit de produits stables contrairement à un livret, par exemple, sur lequel il y a beaucoup de mouvements puisque les clients peuvent faire des retraits régulièrement. Bercy précise aussi à franceinfo qu’il s’agirait d’un produit d’épargne déjà existant, car la création de quelque chose de nouveau prendrait du temps. Des discussions se font en ce moment entre le gouvernement et les banques, les assurances et les fonds d’investissment. Le résultat sera présenté le 20 mars prochain.



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