
Depuis plusieurs semaines, en ce début du mois de février, des ministres et certains parlementaires martèlent dans les médias un chiffre : sur deux mois, la censure du gouvernement Barnier a coûté 12 milliards d’euros, et donc 100 millions par jour affirme, dimanche 26 janvier sur franceinfo, la ministre des comptes publics Amélie de Montchalin. Sur Public Sénat quelques jours plus tard le député macroniste Sylvain Maillard, s’interroge: _“Il nous faut un budget, pour le moment, le fait de pas avoir de budget nous a coûté 12 milliards selon les estimations. En a-t-on les moyens ? Non !”_dit-il.
Une estimation gouvernementale difficile à confirmer
Ce chiffre émane d’une analyse gouvernementale. Ces 12 milliards de pertes sont décomposées en deux paquets de six milliards d’euros. Le premier paquet est constitué d’un manque à gagner. Ce sont les mesures du budget Barnier qui n’ont pas pu être prises au premier janvier 2025, comme la taxe sur les billets d’avion, la sous indexation des retraites, ou bien l’alignement sur le privé de la prise en charge des congés maladies. Une évaluation interministérielle difficile cependant à confirmer.
Les six autres milliards, proviennent de l’impact estimé de l’absence de budget sur la croissance française, avec, de la part des entreprises moins d’investissement ou d’embauches. Une perte évaluée à 0,2 point de PIB par le gouvernement qui s’appuie sur une note de la banque de France. Quelque 0,2 point de PIB en moins, c’est environ six milliards d’euros. Voilà comment le gouvernement arrive au chiffre de 12 milliards.
Des chiffres contestés et partiellement contestables ?
À gauche, on conteste la véracité de ces chiffres. Sur son blog, le député des Bouches-du-Rhône et coordinateur de la France insoumise Manuel Bompard fustige ce qu’il qualifie de mensonges.
Sans pour autant remettre en cause l’intégralité du calcul de Bercy, on peut s’interroger sur certains points : On ne sait pas, par exemple, si certaines taxes non perçues, avec le vote d’un nouveau budget, ne seront pas récupérées, non pas rétroactivement, mais via une astuce comptable. On peut aussi rappeler qu’avec la censure, certaines dépenses qui auraient dû être engagées en 2025 sont gelées et seront peut-être tout bonnement supprimées, avec pour l’État quelques économies à la clef. Les experts contactés par franceinfo sont assez perplexes. Ce calcul gouvernemental est jugé trop flou.