
Le verger conservatoire de Tours-sur-Meymont, dans le Puy-de-Dôme, mène depuis plus de 30 ans des actions en faveur des variétés fruitières anciennes. La greffe est l’une d’entre elles. On vous explique comment réaliser une greffe de printemps.
À Tours-sur-Meymont, dans le Puy-de-Dôme, le verger conservatoire est géré par le Conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne. En 1939, le Puy-de-Dôme faisait partie des premiers départements français producteurs de fruits. À l’époque, la production de pommes, de poires ou encore d’abricots était assurée par des variétés anciennes locales. Cette génétique s’est perdue petit à petit. Le verger conservatoire s’évertue à retrouver ces variétés fruitières anciennes et à les multiplier grâce aux greffes. Christophe Gathier y est bénévole. Il raconte : “Le verger s’est monté progressivement, à partir de 1990, quand on a fait les premières plantations. On collecte les variétés essentiellement locales, qui étaient en lien avec le verger de plein vent et l’arboriculture traditionnelle qu’on pouvait avoir dans les campagnes auvergnates. Aujourd’hui, on a 525 arbres qui ont été plantés. On s’occupe de toutes les essences d’arbres fruitiers”.
Le bénévole montre un panier de pommes : “Cette pomme est une reinette de Maurs, celle-ci une pomme de fer du Puy-de-Dôme. Elles datent au moins du XIXe siècle. Certaines sont des monuments historiques”. Il poursuit : “Quand on a une pomme, on peut récupérer les pépins, on peut les semer et cela va donner une nouvelle variété. Il faut trouver un moyen de reproduire la partie aérienne autrement que par semis. La seule solution est la greffe. D’un porte-greffe (la partie à laquelle les racines sont attachées, NDLR) à l’autre, on peut avoir des évolutions différentes. Il y a une sélection des porte-greffes, quasiment depuis la Renaissance”.
Christophe Gathier effectue une démonstration de greffe : “Je vais supprimer les branches latérales. Le porte-greffe est du semis de pommier. On voit que les pommiers porte-greffes ont démarré et les bourgeons ont éclaté alors que les greffons conservés depuis le mois de janvier sont en situation de blocage. Ils ont été tenus au frais. Je repère un œil, qui est un bourgeon, et je vais essayer de faire un biseau en un seul coup. On fait la même chose sur le porte-greffe. L’idée est d’être sur la même longueur de coupe. Je vais pouvoir faire l’assemblage. On va ligaturer et il faut bien serrer. La greffe est terminée et je vais donner un coup de sécateur. Pour éviter que cela ne se déshydrate, il faut mettre un point de mastic à l’extrémité. Il faut veiller à faire l’étiquetage, surtout en verger conservatoire. Il faut compter 8 ans pour avoir des fruits”. Il existe plusieurs types de greffes : “A partir du moment où on arrive à rapprocher les deux parties, et qu’elles arrivent à se souder, la greffe peut se faire. L’homme a imaginé plein de manières différentes”.
On peut apprendre les greffes les plus courantes dans ce verger, lors d’animations régulières. Le conservatoire a un rôle pédagogique.
Propos recueillis par Pascal Franco / France 3 Auvergne