Une roche lunaire scellée depuis 1972 révèle des secrets sur la planète Théia
Mise à jour le 2025-12-04 17:02:00 : Un échantillon lunaire, conservé depuis 1972, pourrait contenir des traces de Théia, la planète hypothétique qui a percuté la Terre.
Alerte : Aucune confirmation indépendante n’a pu être obtenue à partir de sources fiables. Cette information est à considérer avec prudence.
Ce minuscule échantillon lunaire a été conservé sous scellé depuis 1972, lorsque Cernan et Schmitt l’ont mis de côté parmi des centaines d’autres, certainement sans imaginer qu’il serait analysé par une équipe de scientifiques un demi-siècle plus tard. En effet, les chercheurs de la NASA de l’époque avaient décidé de le préserver, sachant pertinemment qu’il faudrait des instruments bien plus avancés pour l’étudier.
Des géologues dirigés par le planétologue James Dottin de la Brown University viennent d’y identifier une signature isotopique (l’« empreinte digitale » d’un échantillon de matière) d’une composition très atypique. Elle ne correspond à aucune de nos connaissances de la géochimie lunaire et pourrait dater des tous premiers instants de notre Système solaire. Leur étude à son propos a été publiée, le 10 septembre, dans la revue JGR Planets, remettant ainsi au cœur du débat astrophysique cette interrogation : que nous reste-t-il de Théia, cette planète qui a percuté la Terre et qui a donné naissance à la Lune ?
Des vestiges de Théia dormiraient-ils dans cet échantillon ?
Lorsqu’Apollo 17 prit fin le 19 décembre 1972, les deux astronautes qui avaient pris part à la mission sont redescendus sur Terre avec 382 kg de roches lunaires. Certaines d’entre elles furent analysées immédiatement, mais d’autres furent scellées dans des chambres remplies d’hélium pour être étudiées par les générations futures.
Trop précieux pour être manipulés par les techniques d’analyse de l’époque, la NASA a délibérément choisi de les conserver tels quels. Ce protocole a permis de les protéger de toute contamination terrestre, garantissant, par conséquent, qu’ils pourraient être examinés des décennies plus tard dans un état quasi-vierge, avec des technologies plus adaptées.
L’équipe de la Brown University a donc ouvert l’une de ces capsules pour en sortir un échantillon et l’analyser grâce à une technique baptisée spectrométrie à ultra haute résolution. Celle-ci consiste à introduire la poudre de troïlite (un sulfure de fer typique des basaltes lunaires) dans une chambre à vide, la bombarder avec un faisceau d’électrons pour l’ioniser, puis analyser chaque ion pour déterminer comment il réagit à un champ électrique.
Cela leur a permis de mesurer avec une extrême précision la répartition exacte des isotopes du soufre (versions de l’atome de soufre qui ont un poids légèrement différent) présents dans la roche. Suite à cela, ils ont réussi à repérer, dans certaines zones de l’échantillon, un déficit anormal en soufre-33, un isotope très sensible aux environnements dans lesquels il s’est formé.
Cet appauvrissement était si important qu’il est tout simplement impossible qu’il corresponde aux processus géologiques lunaires : un imprévu pour les chercheurs qui les a obligés à imaginer d’autres pistes de réflexion pour expliquer la faible présence de cet élément. « Ma première réaction a été : “Incroyable, ce n’est pas possible !” », raconte Dottin. « Nous avons tout refait plusieurs fois, et les mesures tenaient. Ces résultats sont vraiment surprenants ».
Cette déplétion en soufre-33 ne peut résulter que de caractéristiques environnementales très particulières qu’a connues la Lune lorsqu’elle était encore un très jeune satellite. La première hypothèse émise par les chercheurs relève de la photochimie : ce soufre se serait formé sur la Lune elle-même, à une époque où un océan magmatique la recouvrait. Alors que ce dernier était en phase de refroidissement et de cristallisation, le soufre-33, plus léger, aurait pu s’évaporer dans l’atmosphère lunaire primordiale sous l’effet du rayonnement ultraviolet, laissant derrière lui les isotopes plus lourds.
La seconde hypothèse, plus excitante d’un point de vue astrophysique, postule que ce soufre anormalement déplété pourrait être originaire de Théia, une protoplanète de la taille de Mars qui aurait percuté la Terre il y a 4,5 milliards d’années. Cet impact cataclysmique a projeté des débris dans l’espace, qui se sont ensuite rapidement agrégés pour former la Lune. Vous pouvez en voir la simulation de cet événement en 3D, dans cette vidéo YouTube ci-dessous.
Si cela venait à se confirmer un jour, nous pourrions mieux comprendre l’histoire de Théia, qui reste à ce jour une planète dite hypothétique, car jamais nous n’avons pu en observer ses vestiges. Sa trace chimique dans les roches lunaires serait ainsi la toute première preuve tangible de son existence, permettant aux scientifiques de corroborer cette théorie, émise pour la première fois par William Hartmann et Donald Davis en 1975.
Un mystère encore en suspens
Les deux hypothèses sont tout aussi plausibles selon les chercheurs, qui soulignent qu’il est impossible de déterminer quel scénario est le plus probable pour le moment. Cette incertitude n’écarte pas pour autant la crédibilité de la théorie théienne, puisque, même s’il demeure encore quelques ambiguïtés, l’idée d’apports chimiques exogènes en provenance de ce corps céleste reste parfaitement fondée.
Dottin, pour sa part, note : « Avant cela [NDLR : l’analyse de l’échantillon], on pensait que le manteau lunaire partageait la composition isotopique du soufre terrestre ». Il s’attendait, selon lui à « retrouver les valeurs habituelles [d’isotope de soufre-33], mais ce que nous avons observé est complètement différent de tout ce que l’on trouve sur Terre ».
La Lune pourrait bien avoir conservé dans son manteau des souvenirs chimiques de sa rencontre quelque peu violente avec Théia, mais il n’est pas exclu que d’autres corps célestes aient influencé sa composition. Pour s’en assurer il faudra à tout prix récolter et analyser d’autres échantillons, qu’ils proviennent de Mars, de la Lune, de comètes ou d’astéroïdes. Comparer ces matériaux nous donnera la possibilité de mieux appréhender l’origine de ces traces isotopiques et, potentiellement, d’évaluer quels processus astrophysiques leur ont permis de voyager d’un corps céleste à un autre. Ils nous sont pour le moment complètement inconnus, mais ce vide théorique nous est pourtant essentiel pour comprendre comment la matière a pu circuler dans le Système solaire primitif, et in fine, nous conduire peut-être à réévaluer nos modèles de formation planétaire. Nous voilà donc au seuil d’une longue et nouvelle quête scientifique, qui s’annonce absolument passionnante.
- Un échantillon lunaire scellé depuis 1972 a révélé une signature chimique anormale, suggérant qu’il pourrait contenir des traces de Théia, la planète hypothétique qui aurait percuté la Terre.
- Deux hypothèses sont proposées : l’une envisage une formation locale de soufre modifiée par la lumière ultraviolette, l’autre postule un apport chimique de Théia, mais aucune n’est confirmée.
- Pour trancher, de nouvelles analyses comparant des échantillons provenant de Mars, des astéroïdes et d’autres corps célestes seront nécessaires.
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Sources

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Date : 2025-12-04 17:02:00 — Site : www.presse-citron.net
Auteur : Cédric Balcon-Hermand — Biographie & projets
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Publié le : 2025-12-04 17:02:00 — Slug : une-roche-lunaire-conservee-intacte-livre-un-secret-enfoui-depuis-des-milliards-dannees
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