Une jeune Française sur cinq ne s’identifie pas comme hétérosexuelle


Adieu hétérosexualité. Une jeune femme sur cinq ne se considère pas comme hétérosexuelle, selon une étude* de l’Ined réalisée sur 10.000 personnes de 18 à 29 ans publiée mercredi. L’institut évoque un effet possible du mouvement MeToo et une plus grande acceptation des minorités sexuelles en France.

« Entre 2015 et 2023, le nombre de jeunes adultes de 20-29 ans s’identifiant comme bisexuels ou pansexuels » (attirance pour une personne quel que soit son genre) « a été multiplié par six », souligne l’Institut national d’études démographiques dans un communiqué.

10 % s’identifient comme bisexuelles

Quelque 5 % des jeunes femmes « s’identifiaient » en 2023 comme « pansexuelles », une sur dix comme « bisexuelle », 2 % comme lesbiennes, et 81 % comme « hétérosexuelle », selon l’étude intitulée « Home, bi et non-binaires : quand les jeunes questionnent l’hétérosexualité ». Chez les jeunes hommes, 3 % se sont identifiés comme homosexuels et 3 % comme bisexuels.

Si 19 % des femmes de 18 à 29 ans ne s’identifient pas comme hétérosexuelles, ils sont 8 % chez les hommes de leur âge, selon l’étude parue dans la revue Population et Sociétés. C’était le cas de 3 % des femmes de 20-29 ans et 2 % des hommes du même âge dans l’enquête Virage de 2015, a expliqué Wildried Rault, directeur de recherche à l’Ined.

MeToo rendant l’hétérosexualité « moins désirable »

Parmi les facteurs pouvant expliquer cette tendance, une « banalisation relative de l’homosexualité » et le mouvement MeToo, qui a rendu l’hétérosexualité « moins désirable » pour une partie des jeunes, a avancé le chercheur lors d’une conférence de presse. Le débat autour des inégalités dans le travail domestique contribue aussi à cette évolution, selon lui.

La « visibilité croissante » des minorités sexuelles, avec notamment le mariage pour tous en 2013, a « rendu plus envisageables ces formes de sexualité, en particulier pour des jeunes qui ont toujours connu ces contextes », a avancé le directeur de recherche.

Surtout les femmes de 18 à 21 ans

37 % des femmes de 20-29 ans en 2023 disent avoir eu des « attirances » « pour les deux sexes » au cours de leur vie, contre 7 % dans l’enquête Virage (Ined) de 2015. C’est le cas de 18 % des hommes en 2023, contre 2 % en 2015. « Ce sont surtout les femmes de 18-21 ans qui se reconnaissent dans ces nouvelles identifications » : 78 % des 18-21 ans s’identifient comme hétérosexuelles, contre 87 % des 26-29 ans.

En outre, 1,7 % des jeunes se définissent comme « non binaires », ni comme homme ni comme femme. Cette augmentation des personnes bi et pansexuelles est aussi visible dans d’autres pays européens et en Amérique du Nord, selon l’étude.



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