« Un prix qu’on n’a pas connu depuis au moins quinze ans ! » : il lance un vin à 1 400 euros le tonneau pour payer correctement les vignerons

À Eymet, en Dordogne, un négociant en vin lance une cuvée solidaire qui sera distribuée par trois grandes enseignes pour permettre une rémunération correcte du producteur.

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« Ce vin garantit une juste rémunération à nos vignerons ». Le slogan, écrit en gros, est plutôt inhabituel sur ce Bag In Box de 3 litres de vin rouge de Bergerac. Au lieu de parler de saveur, de qualité, de parfum et de savoir-boire du Sud Ouest, ce vin rouge annonce la couleur : il parle de gros sous. Ou plus exactement des sous dont les vignerons de Bergerac ne voient pas assez souvent la couleur.
« En fait, on crée une lueur d’espoir qui va faire prendre conscience à tout le monde, aux distributeurs, aux consommateurs, aux négociants, aux viticulteurs, et je trouve que c’est génial !« , s’enthousiasme Jean-Marc Parsat, négociant en vin à l’origine de la démarche. 

Laurence, vigneronne, et Jean-Marc, négociant, unis autour de ce projet

© France 3 Périgords – Colyne Rongère & Florian Rouliès

On doit ce projet en partie à la maison Parsat, le dernier négociant en vins de la Dordogne. L’an dernier, après la crise agricole, elle avait déjà lancé une cuvée « Résurrection » avec des producteurs de la Coordination Rurale. La maison historique qui existe depuis 1910 et quatre générations a reçu la visite de 150 agriculteurs de la Coordination Rurale en décembre dernier, venu manifester bruyamment après avoir vu des cubis de vin espagnol un peu trop présents dans les étals. De la confrontation sont nés ce projet local et ces cubis « Soutenons nos vignerons » produits depuis le 21 mars. Objectif, défendre les valeurs de « transparence, démarche responsable et proximité avec le producteur« , sans oublier la qualité, bien sûr.

On a un mix avec du 2023 et du 2024, mais surtout un produit de grande qualité avec de la rondeur, du volume, du fruit…

Jean-Louis Dessalles

Directeur Général de la maison Parsat

Ce Bergerac rouge AOP de bonne tenue est issu de sept producteurs locaux qui peuvent être rémunérés jusqu’à deux fois mieux, en jouant sur les marges prélevées par les conditionneurs, les distributeurs, les transporteurs. Car depuis une vingtaine d’années, les professionnels en début de chaîne voient de plus en plus leur rentabilité s’évaporer sous les vents contraires de la concurrence étrangère, des taxes et de la baisse générale de la consommation.

Les viticulteurs ont rarement l’occasion d’obtenir une rémunération à la hauteur de leurs investissements

© France 3 Périgords – Colyne Rongère & Florian Rouliès

D’ordinaire, le tonneau de 900 litres rapporte entre 750 et 900 euros au producteur. Le cours du Bergerac est plutôt à 850 euros. Et à 750 euros, le viticulteur ne peut pas couvrir ses charges. Là, le tonneau sera payé 1400 euros. Un prix qui permet d’avoir une visibilité sur la trésorerie et de dégager une capacité d’investissement. Laurence Nicolas, du Château La Forêt près d’Eymet, l’une des sept producteurs sélectionnés, est ravie. « Il y a quelques semaines, notre courtier nous a appelé pour proposer un lot de Bergerac rouge 2023 à un prix qu’on n’a pas connu depuis au moins 15 ans. Là, enfin, il y a une reconnaissance du travail qui est fait par le vigneron sur sa propriété !« 

Sept producteurs pour l’instant bénéficient de l’initiative

© France 3 Périgords – Colyne Rongère & Florian Rouliès

Pour arriver à ce petit miracle économique il a fallu impliquer tout le monde. Les producteurs, bien évidemment les premiers bénéficiaires, mais surtout la grande distribution qui a accepté de réduire ses marges. Le produit sera notamment distribué en France dans toutes les enseignes de la chaîne Leclerc, et d’autres distributeurs doivent aussi s’associer. Le négociant en vin Parsat, lui, a accepté de réaliser une opération blanche dans laquelle il ne prélève que ses frais de fonctionnement. Dernier maillon de la chaîne, le consommateur pourra acheter ces trois litres de vin,un assemblage de rouges AOP de Bergerac à 11,95 euros. Jusqu’à 150 000 BIB seront expédiés chaque semaine vers les grandes surfaces.

Le reportage France 3 Périgords – Colyne Rongère & Florian Rouliès


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En Bergeracois, un vin solidaire est proposé pour rémunérer correctement les viticulteurs



©France télévisions



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