Le fabuleux destin de Carême le pâtissier (2,5⭐/5)
On le surnommait « le roi des chefs et le chef des rois » pour ses créations culinaires à tomber par terre. Nom : Marie-Antoine Carême, dit Antonin Carême. Profession : Pâtissier.
Au début du XIXe siècle, sous le consulat de Bonaparte, cet orphelin rêve de devenir le chef le plus renommé au monde. Bingo, ses inventions de génie comme l’éclair au chocolat tapent dans le palais de puissants qui se l’arrachent. Parmi eux : Talleyrand, dont il devient le chef attitré, avant de jouer les espions pour son compte. Cette histoire hors norme est au cœur de Carême, une grande fresque historique en huit épisodes à déguster sur la plateforme de streaming Apple TV+ à partir du 30 avril.
Côté casting, ça envoie. Réalisé par Martin Bourboulon, - fraîchement auréolé du succès des Trois Mousquetaires au cinéma - ce biopic est porté par Benjamin Voisin dans le rôle-titre. À ses côtés : Lyna Khoudri dans celui de l’amante et Jérémie Renier campant un Talleyrand plus stratège que jamais.
Malgré un manque de finesse ici ou là, la recette se digère plutôt bien. Notamment grâce à son parti pris : proposer une saga résolument pop, où s’entremêlent sensualité, pouvoir et argent. « On a voulu créer quelque chose qui n’avait jamais été fait, explique Dominique Farrugia (Shine Fictions), producteur de la série avec Vanessa van Zuylen (VVZ Production). Une série avec un côté rock, pour parler notamment à un public plus jeune. Comme le dit ma femme, « ce n’est pas une série américaine, ce n’est pas une série anglaise, mais ce n’est pas une série française non plus ». »
Et c’est peu dire que cette fiction - tournée entre octobre 2023 et mai 2024 - a nécessité de très gros moyens, même si son budget n’est pas communiqué. « J’y ai travaillé durant cinq ans. J’ai produit 25 films dans ma carrière et c’est de loin le plus ambitieux, glisse Dominique Farrugia. Notamment concernant les costumes, qui sont très chatoyants. On n’a pas été avares en figuration non plus. »
On savoure également les décors, à l’image des cuisines des Tuileries savamment reconstituées dans les écuries de Chantilly. De quoi draguer un public international. « Après l’annonce du lancement de la série, on s’est rendu compte de sa portée en voyant même des journaux indiens en parlaient. On espère qu’elle plaira et qu’il y aura des saisons deux et trois. »
Un thriller chez les gitans (4⭐/5)

Lancée il y a moins d’un an dans l’Hexagone, la plateforme de streaming Max ne lésine pas sur les productions maison. Après les très réussies séries Une amie dévouée, sur la « mythomane du Bataclan », et Le Sens des choses, adapté du livre Vivre avec nos morts de Delphine Horvilleur, ses abonnés découvriront le 2 mai une fiction tricolore d’aussi bonne facture : Malditos.
Direction la Camargue, où une communauté gitane est à la tête d’une fête foraine. Mais face à la montée des eaux qui menace le terrain où elle se situe, la préfecture décide de les expulser. En guise de solution pour les reloger : un HLM. Très peu pour eux.
C’est le point de départ d’un thriller haletant aux accents shakespeariens rythmé par des rivalités avec d’autres communautés et un secret de famille qui les hante depuis de nombreuses années. Si la série nous attrape dès le premier épisode - elle en compte sept -, c’est grâce à l’ultra-réalisme de cette immersion dans la communauté gitane, mystérieuse et fascinante. Un univers auquel son créateur, Jean-Charles Hue, avait déjà consacré des films comme Mange tes morts ou La BM du Seigneur.
Autre atout majeur : la comédienne Céline Sallette, magistrale dans le rôle de Sara Torrès, une matriarche prête à tout pour sortir son clan de ce bourbier. Une fiction puissante et électrique sélectionnée en compétition au festival Canneseries, qui se déroule jusqu’à mardi.
Viva Corsica ! (4⭐/5)

Chaque été, 3,5 millions de vacanciers s’y rendent pour goûter un petit morceau de paradis. Mais avant de devenir cette carte postale idyllique, la Corse a connu une histoire tourmentée. Île de misère coupée du monde et infestée par la malaria, puis progressivement de Beauté à partir de la seconde moitié du XXe siècle, elle fascine tout autant qu’elle alimente des clichés.
Le documentaire Corse, l’épopée d’une île, diffusé mercredi 30 avril sur France 3 et réalisé par Pierre Hurel et Bruno Joucla, la peint avec une infinie justesse. Grâce à de précieuses archives et des témoignages d’habitants, on parcourt, tel un album photo, un siècle d’histoire insulaire. Sans que les épisodes d’extrême violence ou les relations parfois houleuses entre Corses et habitants du continent soient occultés. Une épopée romanesque rythmée par des images à couper le souffle, rendant un juste hommage à cette terre de contrastes.
Une jouissive adaptation d’Astérix (3⭐/5)

Suscitant une légère déception, probablement due à une attente disproportionnée, la série fait néanmoins mouche grâce à son identité visuelle bluffante et à la touche si singulière de Chabat.
Après un flash-back dans l’enfance des deux Gaulois - vous découvrirez comment Obélix est tombé dans la potion magique -, on retrouve le druide Panoramix frappé d’amnésie. La faute à un menhir reçu sur la tête qui lui a fait oublier la recette de l’arme secrète des irréductibles Gaulois. Fâcheux, à quelques jours du duel que doit livrer le chef Abraracourcix contre son homologue d’un village gallo-romain et dont l’issue déterminera l’avenir du village.
Les enfants en auront pour leur compte avec cette série audacieuse mais parfaitement respectueuse de l’esprit d’Uderzo et Goscinny. Tandis que les parents goûteront les références absurdes, à commencer par le nom des personnages (Dragibus, Momomotus, ou… Fastandfurius). Mais également les mises en scène déjantées, à l’image de ce bandeau noir qui apparaît plein écran lorsque Obélix s’empiffre : « Ce passage met en scène un trouble alimentaire qui peut choquer, surtout si vous êtes un sanglier. Rendez-vous sur sanglier-danger.com pour des ressources d’aide. » À dévorer sans modération.