
C’est un geste qui pourrait avoir des répercussions géopolitiques et environnementales majeures. Donald Trump a signé jeudi un décret autorisant l’extraction massive de minerais dans les grands fonds océaniques, y compris en dehors des eaux territoriales américaines. Cette décision marque une rupture frontale avec l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), instance chargée de réguler les activités minières en haute mer, et que les Etats-Unis n’ont jamais officiellement reconnue par ratification.
Le décret confie au secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, la mission « d’accélérer l’examen » des demandes de permis pour explorer et exploiter les ressources minérales « au-delà des juridictions » américaines. En parallèle, le secrétaire à l’Intérieur, Doug Burgum, est chargé de faire de même dans les eaux territoriales des Etats-Unis. Selon un haut responsable, l’objectif affiché est d’extraire jusqu’à un milliard de tonnes de matériaux sur la prochaine décennie.
Accusations contre les puissances étrangères
L’initiative vise principalement les nodules polymétalliques, riches en minéraux stratégiques tels que le manganèse, le nickel, le cobalt, le cuivre et les terres rares, essentielles à la fabrication de batteries pour véhicules électriques, d’équipements électroniques et de panneaux solaires.
« Les Etats-Unis font face à un défi économique et de sécurité nationale sans précédent », affirme le décret, qui accuse les puissances étrangères de contrôler des chaînes d’approvisionnement critiques. Pour Washington, se lancer dans cette course est une manière de devancer la Chine et de réduire la dépendance stratégique du pays. L’administration Trump évalue que cette nouvelle industrie pourrait générer 100.000 emplois et injecter 300 milliards de dollars dans le PIB américain en dix ans.
Colère des ONG environnementales
Mais ce virage unilatéral suscite de vives réactions dans la communauté environnementale. « En se lançant dans l’extraction minière en eaux internationales, à contrepied du reste du monde, le gouvernement ouvre la voie à d’autres pays pour en faire de même », déplore Jeff Watters, vice-président de l’ONG Ocean Conservancy. Il met en garde contre les « conséquences négatives pour les océans dont nous dépendons ».
Alors qu’aucune extraction commerciale n’a encore été réalisée à ce jour, plusieurs pays, comme le Japon ou les îles Cook, ont déjà délivré des permis d’exploration dans leurs zones économiques exclusives. L’entreprise canadienne The Metals Company (TMC) a annoncé son intention de contourner l’AIFM en sollicitant directement une autorisation américaine pour débuter l’exploitation en haute mer. Enfin, le décret prévoit l’étude d’un « mécanisme de partage » des bénéfices issus de cette industrie, un détail qui pourrait servir d’argument pour rallier des soutiens à l’international.