«Limite, la Chine c’est moins risqué aujourd’hui », avance Nathalie. Après la réélection de Donald Trump, cette Française de 44 ans a décidé de reporter son trek et sa visite du parc de Yellowstone. Les décisions du président des Etats-Unis sont-elles en train de faire plonger l’attrait touristique du pays ? Les chiffres sont en tout cas inquiétants pour la troisième destination au monde. Selon le média en ligne Axios, les douanes des dix principaux aéroports américains ont enregistré une chute de plus de 20 % du nombre de visiteurs étrangers en un an, sur la fin du mois de mars.
Du côté de chez nous, nombre de nos lecteurs et lectrices assument leur décision de remettre leur voyage à plus tard. Pour Philippe, pourtant habitué des voyages outre-Atlantique, la coupe est pleine. « Cette année, on avait programmé la Nouvelle-Angleterre en septembre. Mais la réélection du blond peroxydé nous a décidés à changer nos plans », lance-t-il. Cet homme de 61 ans s’est pourtant marié à Las Vegas mais, s’il n’a pas peur de subir les foudres de l’administration Trump, « ses décisions et sa vision protectionniste à outrance » ne lui conviennent plus.
Même son de cloche chez Aymeric, 52 ans et pourtant patron d’un bar à bières américaines : « Cela fait dix ans que je passe un mois et demi par an aux États-Unis. Mais cette année, on a annulé. On refuse de dépenser notre argent dans un pays dont le président nous crache dessus à longueur de journée. » Passionné de culture américaine au point d’avoir été nommé « ambassadeur des bières artisanales américaines », il résume : « Quand c’est trop, c’est trop, on n’y arrive plus… »
Le spectre de l’expulsion
Et Philippe et Aymeric ne sont pas les seuls Français à bouder cette destination pour leurs prochaines vacances. D’après un sondage OpinionWay pour Liligo dont 20 Minutes a eu copie, les recherches de vols vers de grandes villes américaines telles que New York, Los Angeles ou San Francisco ont chuté de 23 à 26 %.
Au-delà de la question politique, certains Français sont en effet inquiets du durcissement de la politique migratoire américaine. Début 2025, le cas d’un chercheur du CNRS qui a expliqué avoir été expulsé des Etats-Unis après la découverte à la douane de messages privés critiques de l’administration Trump a notamment fait couler beaucoup d’encre. Noureddine fait partie de ces voyageurs. « Je devais aller voir mon frère en Californie cet été. J’ai annulé. Pas envie de dépenser de l’argent si je ne suis même pas sûr d’être autorisé à entrer », explique-t-il.
Silence et coupe de cheveux
D’autres, comme Christelle, 50 ans, n’ont pas annulé, préférant adapter leur voyage à la nouvelle administration américaine. Après avoir tergiversé, elle a accepté de laisser partir son fils auprès de membres de sa famille mais seulement à certaines conditions : « Interdiction de parler de politique et de prononcer la moindre critique sur Trump au cas où. » Plus surprenant encore, l’adolescent s’est fait couper les cheveux, qu’il avait longs, « pour être sûrs que son apparence corresponde « à son genre à la naissance » et ne pas avoir de souci à la douane ». L’administration Trump a en effet lancé une offensive de grande ampleur contre la communauté transgenre aux Etats-Unis, avec notamment une volonté de les « exclure de l’armée, des écoles primaires, des collèges et des lycées ».
De nombreuses personnes refusent toutefois de renoncer à leur rêve. « Cela fait vingt ans que je rêve d’aller aux Etats-Unis et des années que j’économise et ne pars pas en vacances pour m’offrir ce voyage, confie Charlotte, 33 ans. Alors non, je n’annulerai pas parce que je ne suis pas d’accord avec leur président. Même si, clairement, je ne partirai pas y vivre… »
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Reste que ce recul inquiète le secteur. Tourism Economics, un cabinet spécialisé, anticipe désormais une baisse de 5,1 % des entrées de voyageurs étrangers pour l’année, alors qu’il prévoyait initialement une hausse de 8,8 %, rapporte Le Figaro. Selon Le Grand Continent, une chute de 9,4 % du tourisme pourrait même faire disparaître plus de 170.000 emplois. Loin de plonger l’économie américaine dans la crise, certes. Mais tout de même de quoi contrarier une administration Trump qui mise (officiellement du moins) sur sa politique économique.