Transfert de technologie et santé : les hôpitaux d’Occitanie entrent dans la boucle


Un de plus. Créée en 2012, la Société d’Accélération du Transfert de Technologies (SATT) AxLR vient d’intégrer son 16e actionnaire, le CHU de Nîmes. L’établissement gardois rejoint ainsi deux autres établissements de santé, le CHU de Montpellier et l’Institut du Cancer à Montpellier (ICM), entrés au capital de la SATT AxLR en 2022. Tous ont le même objectif : soutenir le développement d’innovations au service des patients et des professionnels de santé.

Seule SATT de France à regrouper plusieurs établissements de santé publics et privés, la SATT AxLR consacre la moitié de ses investissements à des projets santé et biotechnologies (oncologie, thérapies cellulaires, santé digitale, dispositifs médicaux,…).

« Déjà 7 millions d’euros ont été investis sur des projets portés par les établissements de santé et une trentaine de start-up ont fait l’objet d’un programme de maturation », synthétise Philippe Nérin, président de la SATT AxLR.

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2,4 millions d’euros et 11 projets

En réalité, le partenariat de la SATT avec le CHU de Nîmes remonte à 2018 mais cette entrée au capital change un peu la donne, comme l’explique Anissa Megzari, directrice de la recherche et de l’innovation au centre hospitalier nîmois : « Jusqu’ici, certains de nos projets étaient accompagnés par la SATT car ils étaient co-portés par l’Université ou l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale, NDLR) mais cela valait pour nos personnels hospitalo-universitaires et non pour les praticiens hospitaliers ou les paramédicaux. Le fait d’être actionnaire nous permet désormais d’élargir la possibilité de recourir à la SATT pour des innovations portées par l’ensemble des professionnels de notre siège ».

Onze projets ont déjà été détectés pour un investissement de 2,4 millions d’euros, avec à la clé, de belles réussites, comme MB Therapeutics, start-up spécialisée dans l’impression 3D de médicaments. Trois projets majeurs sont en cours de maturation : Antalgeek (510 000 euros) et son application mobile d’observance thérapeutique destinée aux patients opérés en ambulatoire, Tensiomètre (575 000 euros) et son dispositif visant à un meilleur diagnostic de l’hypertension artérielle, et Peasy (400 00 euros) et son étui pénien relatif aux problématiques d’incontinence urinaire.

Très pointu dans les dispositifs médicaux, les technologies pharmaceutiques, la microbiologie et la psychiatrie, le CHU de Nîmes, qui mène une politique d’innovation volontariste depuis 2019, travaille également en lien avec le Pole U d’Innovation (PUI), dont il est membre fondateur, ou l’ICM, et il dispose d’une antenne dans l’extracteur d’innovation déployé par le CHU de Montpellier.

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Nouvelles cibles thérapeutiques à l’ICM

Pour renforcer son écosystème et mettre en oeuvre le plus efficacement possible les thérapies de demain, l’ICM (10 000 patients par an, 1 400 collaborateurs dont 250 sur le centre de recherche) a également fait le choix de s’engager auprès de la SATT AxLR. L’une des équipes mène actuellement projet Mestra (un million d’euros), qui a plusieurs années d’existence mais dont la coopération avec la SATT AxLR date de 2024. La création d’une start-up est en cours.

« Le but de Mestra est de développer de nouveaux anticorps sur une cible thérapeutique, notamment dans les sarcomes (tumeur des tissus mous, NDLR) concernant le métabolisme, l’idée étant d’empêcher les cellules cancéreuses de se nourrir de l’énergie produite par le muscle », vulgarise le professeur Marc Ychou, directeur général de l’ICM.

L’ICM, qui dispose d’un budget de soin global de 190 millions d’euros et de 12 millions d’euros pour la recherche, travaille aussi sur le développement d’un dispositif jetable de crayon tatoueur dans le cadre de la radiothérapie. Il mène également un projet en lien avec l’IA en radiologie, autour de biopsies virtuelles.

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Projets multicentriques

Quant au CHU de Montpellier, pionnier dans le domaine de l’innovation, son programme annuel de soutien à la recherche (5 millions d’euros par an) lui permet de soutenir les projets issus de son extracteur d’innovation, créé en 2018. Ses axes de recherche sont vastes : neurosciences, santé mentale, biothérapies, cancérologie, maladie métabolique et cardiovasculaire, soins critiques réanimation, infection et inflammation, mais aussi les sujets autour de l’IA générative.

« Une vingtaine de projets sont accompagnés annuellement, dont certains alimentent le pipeline de la SATT AxLR pour un montant de près de 4 millions d’euros, indique Renan Targhetta, directeur de la recherche et de l’innovation au CHU de Montpellier. C’est le cas de Avitaam, outil de télésurveillance pour le traitement de l’obésité, de Cyberna, détection de marqueurs cancéreux, de Graft Smart, plateforme de coordination pour l’activité de prélèvement multi-organes, d’Envied, dispositif médical de monitoring de l’épilepsie, et de Stent’Up, nouveau matériel pour le traitement des anévrismes cérébraux. »

Classé au 6e rang en termes de qualité et de production scientifique, l’établissement se prépare à inaugurer, en juin prochain, son site de biologie (15 000 m2) dont tout un étage sera entièrement dédié à l’innovation santé.

Sur le chemin lent et complexe de l’innovation, cette fertilisation croise avec l’ensemble des acteurs de santé, dont l’IUH Immun4Care, pôle de recherche et de développement de l’immunothérapie appliquée aux maladies auto-immunes. Avec en filigrane, une volonté commune de projets multicentriques.

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