Ce sera très probablement l’un des gros sujets des élections municipales du printemps 2026 dans l’agglomération bordelaise : faut-il se doter d’une ligne de métro ? Et, surtout, peut-on financièrement se le permettre ? Les réponses à ces deux questions commencent à trouver des réponses avec l’avancement de l’étude de faisabilité lancée par Bordeaux Métropole en 2023 qui avait déjà identifié, il y a un an, deux corridors pour accueillir cette ligne de métro automatique entre 2035 et 2040.
157 000 voyageurs quotidiens
Réunis en bureau le 17 avril dernier, les élus métropolitains ont désormais retenu un unique tracé et ont confirmé la poursuite des travaux prospectifs sur le plan de la rentabilité socio-économique. Actant au passage qu’il est techniquement possible de creuser un métro dans le sous-sol bordelais. Les élus privilégient une ligne unique d’une vingtaine de kilomètres qui serpente entre les deux rives de la métropole pour desservir une quinzaine de stations à Bordeaux, Lormont, Cenon, Floirac, Talence et Pessac. Au programme : la rive droite, l’Arkea Arena, Bordeaux Euratlantique, le quartier de la gare (via Belcier), la Cité administrative, le CHU de Pellegrin, la future gare de Talence, le campus et la gare de Pessac.
Cliquez sur l’image pour l’agrandir. Le corridor retenu pour une éventuelle ligne de métro à Bordeaux Métropole à l’horizon 2035 (crédits : Artelia).
De quoi projeter, selon le cabinet Artelia, une fréquentation de 157 000 voyageurs quotidiens. Un volume qualifié de « modéré » par la Métropole bien que cela représente environ trois fois plus que les lignes actuellement les plus fréquentées du réseau de tramway, alors même que le tracé envisagé ne dessert pas directement l’hypercentre, les gares de Cenon et Bordeaux Saint-Jean et la totalité du campus. La mise en service du métro devrait éviter 20 000 déplacements quotidiens en voiture mais sans permettre d’améliorer significativement la congestion routière de la rocade.
Au moins 2,25 milliards d’euros
Sur le plan technique, il est question d’un métro automatique léger bitube de type CityVal, c’est-à-dire le matériel retenu dernièrement à Toulouse, Rennes et Turin. Majoritairement en souterrain, entre 20 et 30 mètres de profondeur, le tracé envisage également des tronçons en aérien.
Le coût, hors acquisition foncière et parkings, montre déjà à au moins 2,25 milliards d’euros HT. Cela représente la totalité du budget annuel de la Métropole en fonctionnement et en investissement (2,18 milliards d’euros en 2025) et l’équivalent de la totalité des dépenses dédiées aux mobilités pendant trois ans. D’autant qu’il s’agit à coup sûr d’un coût plancher qui devrait grimper au fil de l’avancée des travaux.
Étude technique, sujet politique
Si travaux il y a. Car, préférant rester prudente, la Métropole rappelle « qu’à ce stade la rentabilité et l’opportunité globale du projet n’est pas encore démontrée, un bilan socio-économique devra être produit » lors de la dernière phase de l’étude. À un an des élections municipales, la droite et le centre se disent favorables au métro tandis qu’à l’inverse le maire écologiste de Bordeaux y est farouchement opposé. Entre les deux, Christine Bost, la présidente socialiste de la Métropole, attend de connaître toutes les conclusions de l’étude avant de se prononcer sur un projet d’une telle ampleur pour le territoire.
« La Métropole a désormais la preuve qu’un métro est techniquement réalisable à Bordeaux. C’est une avancée majeure qui change la nature du débat et impose une discussion honnête sur cette opportunité », se félicite de son côté l’association Métro Bordeaux qui promeut la construction d’une telle infrastructure depuis plusieurs années. Elle avait d’ailleurs présenté un tracé plus ou moins similaire dès 2021.