
Aidée par différentes personnes officiant en Tarn-et-Garonne où elle réside désormais, Marie* témoigne de son parcours bouleversant et du soutien qu’elle a pu trouver grâce notamment à Christelle Leudière, intervenante sociale et coordinatrice spécialisée dans la lutte contre les violences intrafamiliales.
L’histoire d’amour commence en 2016. « Un peu comme dans un dessin animé, il ouvre la porte, et c’est le coup de foudre », se souvient Marie*. Très vite, elle s’installe chez cet homme à qui elle voue une grande admiration et une confiance absolue. « Il me propose de fonder une famille, tout va très vite », poursuit-elle. Moins de 2 ans après la rencontre, un enfant naît de cette idylle.
Entre-temps, le « philtre d’amour commence à s’évaporer », constate-t-elle. « Mon cercle d’amis, mon cercle social se referme. Je vois moins ma famille. Il crée une autre réalité où l’extérieur fait peur. Il fallait à tout prix m’en protéger », résume la Tarn-et-Garonnaise, désormais quadragénaire. Cet enfermement se fait malgré tout avec son aval : « Il était tellement persuasif, il savait trouver les mots. En fait, je n’arrivais pas à être heureuse toute seule, du coup, je lui ai donné les clés de mon bonheur », explique d’elle, aujourd’hui avec du recul.
« Il me donnait de l’oxygène à la pipette »
Si elle sent que quelque chose n’est pas sain, elle se plie malgré tout à ses volontés, l’emprise étant complète : « Un peu comme dans une secte, compare-t-elle. Il me donnait de l’oxygène à la pipette ».
Jusqu’au jour de l’accouchement et sa maternité nouvelle, qui lui ouvre les yeux. « Il y avait des dysfonctionnements, des règles tacites, sortir de la maison devenait de plus en plus compliqué. Je n’étais plus bien ». Quand elle essaie de lui en parler, de proposer de voir un thérapeute conjugal, l’homme balaie d’une main ses propositions et rejette la faute sur elle.
Les débuts en tant que maman ne sont pas bien vécus : « Il y avait beaucoup de jugements de sa part », déplore-t-elle. Quant à son projet professionnel qu’elle tente de lancer, il ne la soutient absolument pas, mettant des freins et des interdits. Aux violences psychologiques s’ajoutent des violences sexuelles, confie-t-elle.
Finalement, prenant son courage à deux mains, et grâce au soutien d’une amie avec qui elle a réussi à préserver le lien, elle parvient à le quitter avec son enfant. Sans toutefois couper le contact : elle ne veut pas le priver de son père. S’ensuivra une longue bataille judiciaire pour la garde de cet enfant. Une bataille loin d’être finie.
« Elles m’ont donné des outils pour trouver des solutions »
C’est à ce moment-là, que la jeune femme prend attache avec Christelle Leudière, intervenante sociale, qui office pour l’Udaf 82, en tant que coordinatrice VIF (violences intrafamiliales). Une rencontre qui a sans aucun doute changé sa vie. Voire même, qui l’a sauvée.
« En fait, elle m’a préparée à des choses que je ne connaissais pas du tout. Elle m’a expliqué comment allaient se passer les audiences judiciaires, les enquêtes psychiatriques, psychologiques, révèle-t-elle. À chaque étape, elle m’a envoyée vers d’autres personnes référentes ». En effet, Marie* rencontrera diverses intervenantes du planning familial, une art-thérapeute, ou encore une psychologue de l’Udaf. Autant de personnes qui lui permettent de trouver le soutien nécessaire à chacune des épreuves que constitue la séparation. « Elles m’ont donné de l’espoir pour des jours meilleurs. Elles n’ont pas enjolivé le truc, mais elles m’ont donné des outils, un peu comme un couteau suisse, pour trouver des solutions, me faire aider, travailler sur moi et avancer. Après, ce n’est pas magique. Il faut s’accrocher », témoigne la mère de famille.
« Après chaque audience, elle prenait le temps de m’expliquer ce qui avait été dit ou écrit, ajoute-t-elle, car parfois c’est difficile de décrypter ce langage-là ». Aujourd’hui les choses avancent, et les contacts avec la coordinatrice se sont espacés. « Je la tiens au courant, par mail ou téléphone, mais je sais que si j’ai besoin, elle sera encore là ».
Aussi, à toutes les femmes dans des situations de violences, quelles qu’elles soient, Marie* a un message : « Il ne faut pas avoir peur de franchir la porte, même si c’est au commissariat. Si vous voulez vivre, il faut demander de l’aide. Personne ne le fera à votre place. »