Taxes Trump : « Nous continuons à investir aux Etats-Unis », dit Robertet


Les résultats 2024, qui font état d’une croissance de 12% du chiffre d’affaires – à 807 millions d’euros – ont été « une bonne surprise », pour Jérôme Bruhat, qui pointe la bonne tenue du business en Middle Est, des coûts d’achat de matières premières moins élevés au premier semestre et une baisse de ceux de l’énergie, notamment en France.

Moins bonne surprise, en revanche, l’annonce par Donald Trump de la hausse des droits de douane début avril.

Car comme le secteur de la parfumerie en général, les Etats-Unis représentent le premier marché de Robertet, à hauteur de 35% de son chiffre d’affaires. « Nous sommes fortement exposés, cependant c’est un marché à fort potentiel, qui l’a été dans le passé et qui le sera encore dans le futur », indique le directeur général du groupe basé à Grasse qui a bien l’intention d’aller conquérir de nouveaux clients, voire d’y réaliser de nouvelles opérations de croissance externe, à l’image de l’acquisition de Phasex à l’automne dernier.

Pas de perte de compétitivité

Le rachat de cette PME américaine, capable de faire de l’extraction de matières premières à partir de l’un des procédés les moins impactant – le CO2 supercritique – est stratégique aussi parce que jusqu’à présent l’extraction sur le sol américain ne s’était jamais faite. « Nous regarderons les possibles opportunités d’acquisition, plutôt des cibles de petite et moyenne taille », poursuit Jérôme Bruhat. Mais le point d’attention porte bien sur la hausse des droits de douane, qui va se traduire par « une nécessaire hausse des prix », problématique qui concerne l’ensemble de l’industrie. « Tous les acteurs sont touchés », cet effet de répercussion étant « un facteur d’inflation mais pas un facteur de perte de compétitivité pour Robertet ». Et ce, d’autant que concernant les matières synthétiques, celles-ci proviennent quasi majoritairement de Chine, pays soumis à des droits de douane de +145%. Une situation qui peut avoir comme effet d’inciter à la diversification du sourcing de ces matières. Cependant, le directeur général de Robertet l’assure, la stratégie n’est pas remise en question, la suspension de l’application de la hausse des droits de douane durant 90 jours ne poussant pas à une adaptation précipitée face à une politique américaine imprévisible. « Nous ne jugeons pas, nous nous adaptons. Nous allons poursuivre le développement de nos capacités industrielles aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde ».

S’ancrer sur les nouveaux marchés

Ailleurs dans le monde, cela signifie auprès des marchés nouveaux, en Asie du Sud-Est et en Amérique du Sud principalement. La Chine demeure un marché majeur, Robertet y possède trois centres de création dont un dernièrement inauguré à Shanghai, sur les 17 que le groupe a essaimé dans le monde. Des centres équipés de laboratoires dédiés à l’innovation, ce qui permet « une agilité culturelle et de mieux comprendre les marchés » explique Jérôme Bruhat. Robertet a par ailleurs activement recruté l’an dernier, faisant progresser l’effectif de 5% en France, le groupe employant 2 500 personnes au total.