
Le 14 mai 1864, une météorite tombait du côté d’Orgueil, au sud de Montauban (Tarn-et-Garonne). Le château de Fénelon était aux premières loges. Le lieu reste perçu comme hautement énergétique. Des thérapeutes s’y donnent rendez-vous le 27 avril.
« Il y a ici des ondes puissantes et bienfaisantes, une énergie exceptionnelle. L’atmosphère elle-même semble vibrer d’une force mystérieuse ».
Diable, mais où sommes-nous donc ? Au château de Fénelon, à Orgueil, une élégante bâtisse dont certaines parties dateraient du Moyen Âge.
Racheté en 2019 par Dean Templeton, sujet britannique, le lieu est à jamais lié à un événement qui a frappé l’opinion il y a 160 ans : la chute d’une météorite le 14 mai 1864, d’une vingtaine de kilos. La population locale avait été un peu effrayée. Une célèbre gravure en atteste. La communauté scientifique, elle, s’était réjouie de ce cadeau du ciel.
« Messagère de la vie intersidérale »
De gros fragments noirâtres allaient d’ailleurs rejoindre les collections du musée de Montauban et celles du Muséum d’histoire naturelle à Paris. « Après moult hypothèses et controverses au cours du dernier siècle et demi, lit-on sur le site de cette prestigieuse institution, il a été démontré que cette météorite ne portait pas trace de vie. Elle est malgré tout exceptionnelle en raison de sa composition chimique semblable à celle du soleil et de sa provenance cométaire ».
En d’autres termes, cette roche est contemporaine de la formation du système solaire, elle a donc contribué à celle de la Terre et des planètes, et c’est à Orgueil, au sud de Montauban, qu’elle est tombée le 14 mai 1864.
Une stèle du centenaire fichée sur la route de Lavaur rappelle l’événement. La météorite y est dite « messagère de la vie intersidérale ».

Le château de Fénelon, déployé non loin de là, a reçu son lot d’éclats. L’un des deux pigeons en terre cuite coiffant les tours en a été victime, selon Templeton. Rien de bien méchant. Il a retrouvé cette « relique » à 50 ou 60 cm sous terre, à l’occasion de travaux. À l’écouter parler des origines du château, jongler avec les Cathares, le comte de Toulouse, Bernard de Septimanie, les Salignac-Fénelon (1), on comprend qu’il préfère le Moyen Âge au Second Empire.

Mais quand même, cette histoire de météore, ça l’a bien intrigué. « Il y a quelque chose de spécial ici, de très apaisant », avance ce fils d’un Anglais et d’une Galloise, « le pays qui a inventé les druides ».
Et puis ça peut servir. La preuve : le dimanche 27 avril, Fénelon doit réunir à partir de 10h du matin un aréopage de thérapeutes versés dans les médecines naturelles, holistiques, l’hypnose, la médiumnité, le chamanisme, la danse, etc. Ils présenteront leurs talents au public.
Sonia Ferreira, coorganisatrice de l’événement avec son amie Zelal Korkmaz, considère Fénelon comme « bien plus qu’un simple monument historique.

C’est aussi un lieu hautement énergétique et vibratoire, chargé d’histoire et d’énergies fascinantes, propice à la sérénité, à la connexion intérieure et au ressourcement », dit celle qui aimerait bien y mettre son propre cabinet de soins.
« Je me sens doublement chez moi »
Bref, une demeure fascinante, aux vibrations uniques, dont Templeton, familier des grimoires et précis comme le couturier qu’il était en Thaïlande, voudrait bien révéler tous les secrets enfouis. Il a retrouvé, comme cachées sous un tiroir, d’anciennes décorations militaires. Sa dernière investigation : prouver que Fénelon a été pensé et bâti jadis pour un Anglais, comme l’attesterait le plan de la demeure avec son hall. « Je me sens donc doublement chez moi ».
Autres étrangetés, « une église, ou chapelle, était présente jusqu’en 1790, mais en 1805 elle a disparu, et à cette date, d’après les cartes, le château était trois fois plus grand qu’il n’est aujourd’hui. Par ailleurs, sur les photos de 1864, on croit distinguer l’entrée d’une cave, qui n’est plus là… Je ne peux pas faire de réparations importantes tant que je n’ai pas trouvé ce qu’il y a en dessous. »
Templeton ne se nourrit pas uniquement d’hypothèses historiques ni d’ondes réparatrices. Familier du point de croix, il a créé plusieurs collections de coussins brodés, dont une aux armes de l’Occitanie. Avec son conjoint George, il a ouvert en Airbnb une pièce du château, une petite suite devrait-on dire, décorée notamment d’objets et de tableaux venus d’Asie du Sud-Est. Il projette d’en aménager plusieurs autres. « Les clients sont enchantés, ils me mettent tous cinq étoiles ».
Décidément, à Fénelon, on reste dans le cosmos !
(1) Le lien entre la grande famille des Fénelon, celle de l’archevêque de Cambrai au XVIIe siècle, et ce château de Fénelon reste incertain à ce stade.