Sur l’affaire Bétharram, cet ex-ministre de l’Éducation « ne croit pas Bayrou »


«François, je ne veux pas l’accabler. Je ne crois pas à sa version. Que voulez-vous que je vous dise ? Je pense que les gens qui voulaient savoir savaient. Il n’y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. » Il a beau avoir écrit un livre avec François Bayrou, dire en avoir été « très proche », Luc Ferry ne le soutient pas quand on évoque l’affaire Bétharram et les quelque 200 plaintes d’anciens élèves pour des violences, agressions sexuelles ou viols entre les années 1950 et 2010.

L’ancien ministre de l’Education nationale de Jean-Pierre Raffarin (mai 2002 à mars 2004) l’assure : sur son bureau de la rue de Grenelle, il n’a jamais eu de dossier Bétharram. « Je n’avais même jamais entendu le nom », affirme-t-il sur le plateau de « Face aux Territoires », sur TV5 Monde, ce jeudi. Comme ministre, il s’est « beaucoup occupé de la question du harcèlement [scolaire]. C’est quelque chose qui m’obsédait littéralement. Cette affaire de Bétharram, je n’en avais jamais entendu parler ».

La violence scolaire, Luc Ferry y a été confronté dans sa jeunesse « entre la 6e et la 3e au lycée de Mantes-la-Jolie ». « Le surveillant général mettait cinquante baffes par jour », se rappelle-t-il. Et si on ne disait rien – et on a continué à ne rien dire pendant des années –, c’est qu’« on élevait les enfants comme ça ».

« Il y a eu un déni »

Pour revenir aux violences physiques et sexuelles à Notre-Dame de Bétharram, établissement à une trentaine de kilomètres de Pau dont François Bayrou est le maire, Luc Ferry estime qu’il ne pouvait pas ne pas être au courant. « Quand on a des enfants qui sont dans une boîte [école privée], une femme qui enseigne le catéchisme dans cette boîte, je pense qu’on sait ce qui s’y passe. Je pense qu’il y a eu un déni, une forclusion comme on dit en psychanalyse. »

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L’ancien ministre reconnaît que les établissements privés catholiques sous contrat « sont beaucoup moins contrôlés que dans le public ». L’Education nationale doit-elle faire un mea culpa ? « Ça ne me dérange pas, concède Luc Ferry. C’est la direction de l’enseignement privé, l’Eglise qui doivent le faire. Ça dépendait d’eux. […] Ce sont leurs propres prêtres, propres croyants qui ont fait ces saloperies. »



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