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Cédric Balcon-Hermand
31.10.2025

Explosion tragique à Castel d’Azzano : trois carabiniers perdent la vie

Mise à jour le 2025-10-30 00:14:00 : Une explosion dans une ferme italienne a causé la mort de trois carabiniers et blessé une trentaine de personnes.

[Introduction 2–4 phrases : fait vérifié ; pourquoi cela vous concerne (argent/santé/sécurité/données/voyage/emploi) ; risque/urgence/incertitude ; prochaine étape si disponible. Aucune URL ici.]

Ce qu’il faut savoir

  • Le fait : Une explosion a eu lieu à Castel d’Azzano, causée par trois personnes en détresse financière.
  • Qui est concerné : Les carabiniers et les habitants de Castel d’Azzano.
  • Quand : Le 15 octobre 2025.
  • Où : Castel d’Azzano, Italie.

Contexte

Il est trois heures du matin, le 15 octobre, quand à Castel d’Azzano, Sud de Vérone, des dizaines de carabiniers font irruption dans une ferme habitée par deux frères et une sœur. Une histoire de dettes et de saisies. Déjà expropriés de leurs terres, c’est maintenant au tour de la maison. Mais les trois ont rempli la maison de gaz et – comme ils l’avaient promis – font tout sauter. Le grondement, les flammes, l’effondrement. Résultat, trois carabiniers morts et une trentaine blessés. La sœur est également grièvement blessée. Tous les trois sont arrêtés. Titres : « Le plus grand massacre de carabiniers depuis Nassiriya en Irak ».

Franco Ramponi est né en 1960, Dino en 1962, Maria Luisa en 1965. Écoutez ce que disent les journaux, peu importe lesquels, ils sont tous comme ça : « Ils venaient de la montagne et ils étaient étranges. Comme leurs parents ». « Les champs à cultiver, les vaches à traire à l’aube. C’est là que se terminait le monde de ces frères, encore plus unis depuis la mort du père et de la mère ». « « Une vie difficile », répètent-ils ici. Ceux qui vivent à Castel d’Azzano affirment même qu’ils n’allaient pas faire leurs courses, Franco, Dino et Maria Luisa ». « Ils ne s’étaient jamais tournés vers la commune pour demander de l’aide, – raconte le maire du village, – et après l’éventuelle expulsion nous avions proposé de les aider en première hospitalité dans un hôtel ou un B&B. Ils ont tout refusé ». Voici le ton des commentateurs : « Une tranche de vie paysanne qui a survécu à la modernité et qui a conduit à cette tragédie ». « Un attachement à la maison et à la terre qui était devenu une obsession, une pathologie, jusqu’à les amener à ce geste extrême ». Vous avez bien entendu, défendre sa maison et sa terre serait une « pathologie » aux yeux du journaliste qui, nous imaginons, de son appartement à Milan descend tous les jours pour faire ses courses. Alors que ces montagnards déracinés et déplacés dans la plaine « ne voulaient pas devenir hôtes dans un B&B » et « ils n’allaient même pas faire leurs courses » !!! Voici le mépris atavique que le citadin bourgeois moderne et sophistiqué nourrit pour le paysan, pire encore si montagnard, le rustique grossier, ignorant, sale parce qu’il est lié à la terre et aux animaux. Un mépris anthropologique pour ces « survivants de la modernité », qui émerge dans toute sa virulence quand la rage paysanne explose, mais qui reste en sous-bassement tant que le bourru se tient sage et silencieux à trimer la tête baissée pour remplir les étagères de leurs maudits supermarchés ou petits magasins bio.

Les détails juridiques à l’origine des saisies sont peu intéressants, les raisons sont sociales, et ceux qui vivent dans les zones montagneuses et rurales savent bien qu’elles n’ont rien d’exceptionnel. Au contraire. Familles d’agriculteurs, exploitations agricoles, petites entreprises artisanales accablées par les dettes et réduites à travailler aussi longtemps qu’elles le peuvent pour enrichir les banques, c’est presque la norme. Ceci est la vraie tragédie, outre le fait que trois pauvres gens passeront – nous le craignons – le reste de leurs jours en prison. La seule chose exceptionnelle est le fait que ces frères ont eu le courage, la lucide folie si vous voulez, de résister à tout prix, au lieu de se suicider en se pendant dans le garage ou en se laissant mourir des psychotropes et de la télévision (comme devraient le faire tous les citoyens honnêtes et respectueux de la loi, n’est-ce pas ?) Et ils ont aussi eu l’audace – ces culs-terreux – de respecter la parole donnée : soit sur le pacte de ne jamais lâcher qu’ils avaient, apparemment, conclu entre eux ; soit sur la promesse faite publiquement lors de la précédente tentative d’évacuation : « Si vous revenez, nous ferons tout sauter ». Boum. Sitôt dit, sitôt fait. Quelle surprise, hein ? Que quelqu’un, dans la modernité, puisse encore donner de la valeur à la parole donnée, c’est évidemment quelque chose d’incroyable pour nos contemporains (certainement ça l’est, ou plutôt ça l’était, pour ces carabiniers « très expérimentés » qui sont allés s’écraser sous les décombres de la ferme). En ce sens c’est vraiment « une tranche de vie paysanne qui a survécu à la modernité », parce que dans le monde paysan la parole donnée était sacrée. Alors qu’aujourd’hui elle ne vaut plus rien, seuls les insignes et la paperasse comptent, dans la modernité. Cette modernité qui pour s’affirmer, et nous amener là où nous sommes, a dépossédé, déraciné, humilié et disloqué chaque tissu communautaire, chaque réseau de voisinage, chaque sentiment de solidarité humaine. Et qui a laissé tout le monde isolé et désarmé devant un pouvoir impitoyable, implacable, bureaucratique, inhumain. Et qu’aujourd’hui on se surprend et pleure des larmes de crocodile quand quelqu’un sent qu’il n’a plus rien à perdre et ne ressent pas de pitié pour ces héroïques serviteurs de l’État qui viennent dans l’obscurité de la nuit lui défoncer la porte pour lui prendre sa maison après lui avoir pris tout le reste. Regardez un peu !

Merde. S’il y a quelque chose de surprenant c’est que ça n’arrive pas tous les jours.

TABOR, 17 octobre 2025

Traduit de l’italien du site Il Rovescio. Cronache dallo stato d’emergenza.

Ici en PDF :


Sources

Source : Indymedia Lille

Source : Il Rovescio

Visuel d’illustration — Source : lille.indymedia.org

Source d’origine : Voir la publication initiale

Date : 2025-10-30 00:14:00 — Site : lille.indymedia.org


Auteur : Cédric Balcon-Hermand — Biographie & projets

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Publié le : 2025-10-30 00:14:00 — Slug : indymedia-lille-surprise

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