Sidérurgie : Clecim décroche un méga contrat avec l’indien Tata Steel UK


Le montant reste confidentiel, « plusieurs dizaines de millions d’euros », mais il représenterait le plus gros contrat jamais décroché par Clecim. L’ETI ligérienne, spécialisée dans la fabrication d’équipements pour l’industrie sidérurgique, vient de signer avec Tata Steel UK (filiale britannique du groupe indien Tata) pour la fourniture d’une ligne de décapage d’une capacité de 1,8 million de tonnes par an. Cela, dans le cadre d’un consortium mené par Clecim avec la société suédo-suisse ABB.

Cette nouvelle ligne de décapage de l’acier viendra se substituer à celle de Tata Steel UK à Port Talbot (Pays de Galles), vieille de plusieurs décennies, et doit apporter des performances supérieures, notamment en matière de sobriété énergétique et de consommation d’acide.

Cette étape de décapage est indispensable au process de production de l’acier. Elle intervient après le laminage à chaud au cours duquel une couche d’oxyde se forme à la surface de la bande d’acier. Couche qu’il est nécessaire d’éliminer via un procédé mécanique et chimique, avant l’étape de traitement de surface.

La plus grande aciérie du Royaume-Uni

Cette ligne est une des composantes du projet XXL du sidérurgiste indien concernant son site gallois. Ce programme d’1,25 milliard de livres (accompagné à hauteur de 500 millions de livres par le gouvernement britannique) vise à la modernisation et à la décarbonation de la plus grande aciérie du Royaume-Uni. Il se traduit principalement par l’arrêt des hauts-fourneaux (effectif depuis septembre dernier) pour une transition, à horizon 2027/2028, vers un four à arc électrique.

Un four moins polluant que des hauts fourneaux fonctionnant au charbon, mais aussi beaucoup moins consommateur en main-d’œuvre : cette mutation engendre la suppression de près de 3.000 postes sur le site de Port Talbot, mais, selon la direction de Tata Steel UK, permet aussi d’en préserver 5.000.

Renforcer ses positions en Europe

Du côté de Clecim (50 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024 dont 90% à l’export, 200 salariés), cette commande va se traduire par le recrutement, à court terme d’une dizaine de personnes et par un ruissellement positif vers ses sous-traitants essentiellement régionaux. Une excellente nouvelle pour l’entreprise, propriété du fonds de retournement allemand Mutares depuis 2021 (après être passée par les mains de Creusot Loire, VAI, Siemens et Primetals France, filiale de Mitsubishi), qui confirme ainsi le chemin de retournement entamé en 2021 après de très nombreuses années de pertes financières.

Sidérurgie : Clecim innove en détectant les défauts de l’acier avec l’intelligence artificielle

« Ce projet va s’étaler sur trois ou quatre années, il vient consolider de manière très significative notre carnet de commandes. Il représente aussi une excellente carte de visite puisqu’il s’inscrit dans le cadre d’un projet global d’investissement considéré comme le plus important depuis longtemps dans la filière sidérurgique britannique. Il est donc très visible, sans compter qu’il participe à la souveraineté européenne en matière de production d’acier », considère Thomas Comte, le dirigeant de Clecim.

Cette commande d’un montant très important – plus important encore que celle à 30 millions d’euros annoncée en 2023 avec l’Américain Nucor pour une ligne de galvanisation -, permet aussi à Clecim de renforcer ses positions en Europe, où elle réalise actuellement environ 25% de son chiffre d’affaires. Et c’est plutôt bienvenu, observe Thomas Comte, dans le contexte actuel où le grand export est devenu plus incertain et instable.

Après l’acier et l’aluminium, l’agriculture dans la ligne de mire de Trump

Ces trois dernières années, Clecim est intervenue sur la modernisation de plusieurs sites d’ArcelorMittal en France (à Saint-Chely d’Apcher et Mardyck) et sur la production/installation de soudeuses laser. L’entreprise a aussi livré plusieurs systèmes d’inspection de surface à divers sidérurgistes en Allemagne, aux Pays-Bas et en France. Pour autant, le marché le plus dynamique pour Clecim se situerait en Asie, notamment en Inde. Selon Thomas Comte, l’ETI montbrisonnaise serait dans les starting-blocks pour aller y arracher trois contrats d’envergure actuellement en préparation.