Servane Mouton, co-présidente de la Commission sur l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans : « il y a une extrême urgence à agir »


De quoi l’exposition aux écrans est-elle responsable  ?
Les caractéristiques physiques des écrans et le contenu qu’ils diffusent ont un impact sur la santé physique (sommeil, vue, sédentarité). Le développement neurologique (langage, mémorisation, attention), affectif et socio-relationnel des moins de 25 ans et leur santé mentale peuvent aussi être impactés. D’importants enjeux de santé apparaissent donc à court, moyen et long terme.

Votre rapport de 2024 a été un électrochoc. Un an plus tard, quels en sont les effets concrets  ?
J’observe un frémissement. Un poste dédié a été créé à la direction générale de la santé et la prise de conscience est réelle… à défaut de déclencher un plan à la hauteur du désastre sanitaire en marche.

La grande cause nationale 2025 consacrée à la santé mentale n’intègre pas votre combat. Comment faire face à la puissance des géants du numérique ? C’est David contre Goliath…
Personne ne doit baisser les bras. On ne peut pas laisser « l’économie de l’attention » compromettre la santé et la construction neuropsychologique de nos enfants. On encourage communément l’éducation ou la sensibilisation ; c’est bien, mais très insuffisant. Une régulation stricte des pratiques des industriels du secteur est indispensable. Il faut aussi fixer des seuils d’accès aux outils numériques selon les âges. Ainsi les smartphones devraient être réservés a minima aux plus de 15 ans, et les activités sur écrans ne conviennent pas aux enfants de moins de 6 ans. Je suis consciente que les obstacles sont immenses. Mais il y a une extrême urgence à agir.