« Ring, ring »… Les papys braqueurs de Kim Kardashian devant la justice


L’affaire est si rocambolesque qu’elle aurait été difficilement crédible si elle avait été portée sur grand écran. Imaginez un peu : l’une des plus grandes stars américaines braquée en pleine nuit dans un hôtel à moitié vide par des malfrats sexagénaires qui prennent la fuite à vélo. Vous y croiriez, vous ? Ah oui, et pour corser le scénario, cette nuit-là, pas de chance, son garde du corps, qui d’ordinaire la suit comme son ombre, s’est absenté pour accompagner la sœur de la victime en boîte de nuit. C’est pourtant peu ou prou ainsi que s’est déroulé, dans la nuit du 2 au 3 octobre 2016, le braquage dont a été victime Kim Kardashian dans le 8e arrondissement de Paris.

Douze personnes comparaissent à partir de ce lundi devant la cour d’assises : dix sont renvoyés pour leur participation, à divers degrés, au braquage, un onzième est jugé pour un autre projet criminel sur lequel aurait travaillé une partie des malfrats, et un dernier comparaît pour une infraction à la législation sur les armes. « Il s’est passé neuf ans entre le braquage et le procès, c’est excessivement long, d’autant que la plupart des accusés ont été arrêtés quelques semaines après l’affaire », déplore Me Gabriel Dumesnil, l’avocat de Yunice Abbas, bientôt 72 ans.

Les investigations, menées sur plusieurs continents, ont duré cinq ans, et de nombreux recours expliquent ces délais, mais la plupart des accusés sont désormais septuagénaires, certains sont malades. « Les gens vont être très surpris en découvrant le banc des accusés, poursuit Me Chloé Arnoux, l’avocarte d’Aomar Aït Khedache, présenté par l’accusation comme l’organisateur. Mon client est invalide à 80 %, il est obligé de porter des couches, il est désormais sourd et muet, ce qui oblige la cour à sous-titrer tous les débats. Vous n’entendrez pas le son de sa voix, il répondra par écrit. »

Déguisés en policiers

Quatre semaines d’audiences sont prévues pour retracer cette nuit cauchemardesque. Kim Kardashian était arrivée en jet privé quatre jours auparavant, pour la fashion week. Le 2 octobre, elle est rentrée vers 1 heure du matin après un dîner. Sa sœur, Kourtney, est partie en boîte de nuit, chaperonnée par leur garde du corps. Elle, a préféré rester avec quelques amis qui ont quitté les lieux vers 2 heures du matin. Moins d’une demi-heure plus tard, cinq individus cagoulés et gantés se présentent à la porte de cet hôtel particulier. Le gardien de nuit – en réalité un étudiant en sémiologie qui a pris ce job pour financer ses études – ne s’inquiète pas outre mesure : tous sont porteurs de brassards siglés « police ».

Mais à peine leur a-t-il ouvert qu’un des voleurs braque son arme automatique sur lui, le menotte. Il est enfermé dans un local incendie puis quelques minutes plus tard, les malfrats l’en sortent. Une question leur brûle les lèvres : « Où est la femme du rappeur ? » A l’époque, Kim Kardashian est encore mariée à Kanye West. Tenu en joue, le gardien finit par leur désigner sa chambre. Il est sommé d’accompagner deux des braqueurs, tandis que trois autres restent dans le hall à faire le guet.

Kim Kardashian est en peignoir, sur son lit, à regarder la télévision, lorsqu’elle entend des bruits suspects. Elle croit un instant que sa sœur et son assistante sont rentrées ivres mais comprend vite que la situation est sérieuse. La seconde d’après, les deux hommes cagoulés et le concierge menotté font irruption. Elle imagine des terroristes venus l’enlever, mais tous deux lui hurlent « ring, ring ». Les braqueurs savent parfaitement ce qu’ils sont venus chercher : sa bague de fiançailles ornée d’un énorme diamant de plus de 18 carats et d’une valeur de 4 millions de dollars. Mais leur accent anglais est tel que la star ne comprend pas ce qu’ils lui réclament. C’est le concierge qui finira par faire la traduction. Le bijou est là, sur la table de nuit.

« J’ai décidé de faire tout ce qu’ils me demandaient »

Aux enquêteurs, venus jusqu’à New York pour l’interroger, elle raconte avoir été marquée par l’amateurisme des braqueurs. Après lui avoir volé sa bague, ils semblent hésiter sur la suite des opérations. « Quand j’ai compris que l’arme était réelle, j’ai décidé de faire tout ce qu’ils me demandaient », précise-t-elle toutefois. Elle pleure, supplie qu’on la laisse vivre. Pour toute réponse, ses agresseurs lui scotchent la bouche, lui ligotent les jambes et les poignets, puis la transportent dans la baignoire. Elle est alors quasiment nue, son peignoir s’est ouvert. Elle craint qu’ils la violent et qu’ils la tuent. Elle confiera aux enquêteurs être dans un état de « terreur totale ».

Les malfrats finissent par trouver son portefeuille contenant 1.000 dollars, mais surtout son coffre à bijoux. Une vingtaine de pièces exceptionnelles : une montre en or, des bracelets des plus grands joailliers, des boucles d’oreilles en diamants… Valeur totale : entre 9 et 10 millions d’euros si on y ajoute la bague. Soit le plus gros braquage visant un particulier depuis plus de vingt ans. Kim Kardashian a fait savoir qu’elle envisage de faire le déplacement jusqu’à Paris pour témoigner. Si ce n’est pas le cas, une visioconférence depuis les Etats-Unis sera organisée.

Moins de douze minutes après leur arrivée, les cinq braqueurs prennent la fuite. Ils n’ont même pas remarqué que la styliste de Kim Kardashian se trouvait dans une autre suite de l’hôtel. C’est elle qui a alerté le garde du corps et la sœur de la victime. Ils arrivent sur place quelques minutes plus tard : Kim Kardashian a réussi à se défaire de ses liens mais est dans un état second, paralysée par la peur. Les policiers de la BRB – la brigade de répression du banditisme – arrivent à leur tour très rapidement. Le souci dans cette affaire, c’est que cet hôtel archi-select situé non loin l’Opéra Garnier ne dispose d’aucune caméra de vidéosurveillance, notamment pour protéger l’intimité de ses résidents.

Fuite à vélo et bijou dans le caniveau

Alors que les enquêteurs épluchent les images des caméras des alentours, ils constatent avec surprise que les braqueurs sont âgés. Trois ont pris la fuite à vélo. L’un d’eux a d’ailleurs chuté à quelques centaines de mètres de l’hôtel, laissant échapper l’un des bijoux volés : un pendentif évalué à plus de 33.000 dollars. Une passante le retrouvera le lendemain dans un caniveau et la rapportera à la police. Les deux autres suspects ont pris la fuite à pied avant de rejoindre un véhicule. L’enquête avance vite : moins d’une semaine après le braquage, de l’ADN relevé sur du scotch ayant servi à séquestrer Kim Kardashian est identifié.

Il appartient à une figure connue du grand banditisme : Aomar Aït Khedache, qui fêtera la semaine prochaine ses 69 ans. A l’époque, cet homme au casier judiciaire chargé vit dans la clandestinité car il est recherché pour effectuer une peine pour trafic de stupéfiants. Ses lignes téléphoniques sont placées sur écoute. Au téléphone, les suspects ont beau s’appeler par des surnoms – « yeux bleus », « nez rapé », « le gros d’en haut », « le gros d’en bas » – ils s’épanchent longuement, certains se plaignent des délais pour recevoir l’argent. Il faut dire que receler des bijoux de cette valeur est particulièrement compliqué. Ils n’ont toutefois jamais été retrouvés.

« Son nom me disait vaguement quelque chose »

Autour d’Aomar Aït Khedache, soupçonné d’être l’organisateur, une étrange galaxie se dessine : des complices d’autrefois, un bistrotier du Marais, un chauffeur VTC, un agent d’accueil… « Mon client reconnaît les faits mais relativise le rôle de chef de groupe ou de « cerveau » qu’on lui prête, insiste son avocate, Me Chloé Arnoux. Les enquêteurs ont travaillé à partir de son ADN pour reconstituer le groupe, c’est ce qui le place naturellement au centre du dossier. » Lui, évoque un mystérieux commanditaire dans l’entourage de Kim Kardashian.

Un second homme passe rapidement aux aveux : Yunice Abbas. Son ADN a également été retrouvé sur les lieux. « Depuis le premier jour, il a assumé ses responsabilités, insiste son avocat Me Gabriel Dumenil. Il a reconnu sa participation aux faits mais a toujours nié être l’organisateur ou avoir fait preuve de la moindre violence. Il ne savait pas pour l’arme et n’aurait jamais donné son accord pour cela. » Quelques années après le braquage, il a écrit un livre sur l’affaire, J’ai séquestré Kim Kardashian, dans lequel il raconte les dessous « du coup du siècle ». Interviewé à l’époque par 20 Minutes, il confiait qu’il ne connaissait pas Kim Kardashian à l’époque. « Son nom me disait vaguement quelque chose, sans plus. C’est un ami de longue date, « la Pince », en qui j’avais entièrement confiance, qui m’a proposé de me faire un peu d’argent. Il avait procédé à tous les repérages, monté l’équipe. »

Les autres accusés, en revanche, nient fermement leur participation. Ils encourent dix ans de réclusion criminelle. « Ce qu’on espère c’est que ce procès ne sera pas une sorte vitrine diplomatique, insiste Me Chloé Arnoux. Nos clients doivent pouvoir être jugés comme n’importe quel justiciable. »



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