Ralentir les petits colis chinois

Si leurs noms n’ont pas été prononcés par Eric Lombard qui a présenté un plan hier à Roissy, il s’agit bien de Shein et Temu. Ces deux plates-forme emblématiques de la fast-fashion qui expédient des vêtements à tous petits prix par avion dans le monde entier.

C’est un cas d’école : les jeunes consommateurs en raffolent mais elles concurrencent les commerçants d’ici. Exemple indubitable de surconsommation et de pollution. C’est aussi un cas d’école politique avec une Europe lente à réagir.

L’Europe a reçu 4 milliards de colis chinois l’année dernière, quatre fois plus qu’en 2020. Pour échapper aux droits de douane, chaque colis contient moins de 150 euros de marchandises. Pour la France, des centaines de millions de colis.

Une image : 40 avions gros porteurs atterrissent chaque nuit à Roissy, 600 en Europe. Valeur moyenne des articles achetés par les ados de 15 ans : 8 euros. Voilà les faits.

Encore un. Shein et Temu représentent désormais entre un cinquième et un quart des colis portés par La Poste – contre 5% il y a 5 ans.

Donald Trump s’est emparé du sujet.

Dès vendredi, ces colis seront taxés, ce qui va augmenter les prix de articles d’au moins 50%, a calculé Bloomberg sur une centaine parmi les plus vendus. Voire plus. Soyons précis, un set de serviettes de bains va passer de 1 dollar 28 à plus de 6 dollars.

Radical. La crainte de l’Europe est que ces plates-formes redirigent ici leurs ventes. L’enjeu est celui-là : l’Europe, depuis 25 ans, a toujours vu la Chine comme un miracle pour apporter du pouvoir d’achat. Lundi, à ce micro, Michel-Edouard Leclerc s’est réjoui de ces livraisons.

Réjouissance qu’on ne partage pas parce que contrairement à lui on ne pense pas que le consommateur et citoyen sont une seule et unique personne.

L’Europe est trop lente.

Elle devait revoir tout cela en 2028. Miracle, elle a avancé son calendrier en 2026. Mais ce n’est pas sûr. Et tous les pays ne sont pas d’accord pour agir, comme le Danemark, l’Irlande, Chypre ou la Lituanie. Bref, on n’y est pas. Mais comme c’est de sa compétence, les Etats membres sont mains liées.

Alors, la France essaie de contourner l’obstacle en bâtissant une coalition avec nos voisins pour imposer des « frais de gestion » de quelques euros aux colis – pour en renchérir (un peu) le prix. Selon Bercy, les Pays-Bas seraient intéressés, peut-être l’Allemagne – mais rien n’est sûr.

Conclusion : c’est une illustration éclatante de la difficulté qu’a l’Europe à se secouer. Voilà où on en est : Donald Trump qui montre la voie à suivre.


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