
C’est une figure du siècle des Lumières, qui ressurgit de l’oubli à la faveur d’un hommage. Une plaque a été dévoilée dimanche dans une rue de Paris au nom du chevalier de Saint-George, compositeur et violoniste virtuose, grand escrimeur et combattant guadeloupéen du XVIIIe siècle, pour le 280e anniversaire de sa naissance.
Pionnier en bien des domaines, le Chevalier de Saint-George, alias Joseph de Bologne (1745-1799), fut avant tout un musicien à l’éclatante réputation, auquel Disney a consacré en 2023 une biographie. Grand défenseur de la Révolution, il créa un régiment qui rassemblait d’anciens esclaves en 1792. « Escrimeur hors pair, à l’âge de 16 ans, il remporte une victoire sur le célèbre maître d’armes Alexandre Picard », rapporte la Fondation pour la mémoire de l’esclavage.
Né en Guadeloupe d’une mère esclave et d’un père esclavagiste, il vécut dans le 6e arrondissement à Paris, où il reçut une éducation d’aristocrate, selon la biographie que lui consacre la Fondation pour la mémoire de l’esclavage. La plaque a été posée au 49, rue Saint-André des Arts, où il habita, tandis qu’une rue Joseph-de-Bologne existe déjà dans le 1er arrondissement de Paris depuis 2002, remplaçant le nom d’un général esclavagiste français, de sinistre mémoire en Guadeloupe.
Rendre justice aux Ultramarins
« Le commémorer, c’est faire surgir du passé une parole d’avenir, c’est redonner une voix à un récit enfoui, à une mémoire effacée, a déclaré le ministre des Outre-mer Manuel Valls. Nous honorons un homme singulier mais aussi un héritage, celui des cultures ultramarines qui longtemps n’ont pas eu voix au chapitre. »
Le métissage « est une richesse, c’est notre richesse française », a estimé Claude Ribbe, conseiller d’arrondissement qui a publié une livre sur le Chevalier. « Ce n’est pas seulement la mémoire de Saint-George, c’est aussi pour rendre justice aux 200.000 Ultramarins qui vivent à Paris et dont on ne parle jamais ou plutôt dont certains ne parlent qu’au moment des élections », a-t-il aussi ajouté.
En 2020, un groupe d’étudiants et étudiantes lillois avait milité pour rebaptiser une place à Lille du nom du Chevalier, où il avait passé le début de la Révolution. En vain. Une salle porte en revanche son nom depuis février 2023 au sein de la faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de l’université de Lille.