Qui est Alan Garber, le président de Harvard qui tient tête à Trump ?


«Aucun gouvernement ne doit dicter aux universités ce qu’elles doivent enseigner, qui elles peuvent enrôler ou embaucher, ni sur quoi elles peuvent mener des recherches. » Lundi, Alan Garber, le président de l’université d’Harvard, a répondu à l’offensive de Donald Trump. Le président américain a en effet coupé 2,2 milliards de dollars de subventions fédérales à l’établissement, et veut désormais réviser les exonérations fiscales dont bénéficie l’université. Harvard devrait être « imposé comme une entité politique », a avancé Trump sur Truth Social. Il a poursuivi ce mercredi, toujours dans la finesse : « Harvard est une blague qui enseigne la haine et l’imbécilité ».

La raison ? Alan Garber refuse de se conformer aux exigences du gouvernement, qui veut la fin des programmes de diversité, équité et inclusion (DEI), la réduction du nombre d’étudiants internationaux et la dissolution des groupes pro-palestiniens. Karoline Leavitt, la porte-parole de la Maison-Blanche, en a rajouté une couche : « Harvard doit s’excuser pour l’antisémitisme flagrant sur son campus ». Face à cette attaque directe, Alan Garber est donc devenu, presque malgré lui, l’emblème de la résistance universitaire.

Un ancien de Stanford

Nommé président de Harvard en août 2024 pour un mandat de trois ans, Alan Garber a été confirmé dans ses fonctions après avoir assuré l’intérim pendant sept mois, dans un contexte de crise institutionnelle. Il « a accompli un travail remarquable en menant Harvard à travers des défis extraordinaires depuis qu’il a pris ses fonctions de président par intérim », saluait le 2 août Penny Pritzker, présidente de la Harvard Corporation, dans un communiqué cité par Challenges.

Économiste de formation et médecin, celui qui est issu d’une famille juive de l’Illinois est diplômé avec une mention honorifique du Harvard College, titulaire d’un doctorat en économie de la même université, et d’un doctorat en médecine obtenu à Stanford. A Stanford, justement, il y est resté vingt-cinq ans et a fondé deux centres de recherche dédiés aux politiques de santé, avant de rejoindre Harvard comme principal responsable académique en 2011.

À 70 ans, Alan Garber fuit les projecteurs et ne s’est jamais affiché comme militant. Au contraire, il a mis fin à la tradition d’engagement politique de l’université en instaurant une politique de « neutralité institutionnelle ».

Harvard VS Washington

Partisan de la discipline, il avait aussi envoyé un signal fort en nommant un doyen conservateur, dans un établissement où plus des trois quarts des professeurs se revendiquent progressistes, précise Les Échos.

Longtemps soucieux d’apaiser les tensions avec les conservateurs, Garber a récemment surpris en tenant tête à la Maison-Blanche, répondant aussi à une mobilisation interne forte. Plus de 800 enseignants ont signé une pétition appelant à défendre les libertés académiques. Qualifiée d’exemplaire par Barack Obama, sa posture a également été saluée par son prédécesseur Lawrence Summers sur X.

Mais cette crise dont il est l’ambassadeur dépasse Harvard. Des centaines de visas étudiants ont été annulées, des militants propalestiniens arrêtés, malgré leur statut légal. Et le débat sur la liberté académique est désormais central aux États-Unis.



Aller à la source