Prix record du cacao et droits de douane : combien les Américains paieront-ils pour leurs œufs de Pâques ? | Le Grand Continent

Plusieurs facteurs expliquent l’augmentation des prix du cacao depuis début 2024 :

• En 2024, et ce pour la troisième année consécutive, la demande de cacao a été plus importante que l’offre ;
• Les plantations de cacao, dont 60 % de la production mondiale est concentrée en Afrique de l’Ouest, ont été particulièrement impactées par le virus de l’œdème des pousses du cacaoyer (CSSV) qui a dévasté 500 000 hectares rien qu’au Ghana ; 
• La culture du cacao est dominée par de petits exploitants qui ne sont pas en mesure d’investir suffisamment pour renouveler leurs plants de cacaoyers — plus ces derniers vieillissent, plus ils sont sensibles aux maladies et coûteux à entretenir.

Si plusieurs chocolatiers ont puisé dans leur stock, dans l’espoir d’une reprise de la production et donc d’une baisse soutenue des prix, les prévisions de production de cacao indiquent désormais un déficit de 160 000 à 200 000 tonnes pour la saison 2024-2025 (contre 478,000 tonnes dans la saison 2023-24).

• Les stocks détenus dans les entrepôts rattachés aux Bourses de New York et de Londres ont chuté de 400 000 tonnes en décembre 2023 à un peu plus de 100 000 tonnes fin 2024 ¹.

Pour les consommateurs américains, à ces évolutions s’ajoute l’incertitude liée aux tarifs de Donald Trump.

• Dans ses annonces du 2 avril concernant les tarifs « réciproques », les principaux producteurs de cacao (la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Brésil et l’Indonésie) ont tous été visés par des droits de douane. Malgré la pause de 90 jours annoncée le 9 avril, ces pays sont toujours assujettis à un tarif de 10 %.
• Les chocolatiers américains ne disposent pas vraiment d’alternative pour remplacer le cacao qu’ils importent, qui se développe à environ 20 degrés au-dessus et en dessous de l’équateur. Hawaï et Porto Rico sont les seules régions des États-Unis où il est possible de cultiver du cacao, mais leur capacité de production ne peut pas compenser les importations.

Si historiquement, la demande de chocolat — et encore plus celle de chocolat à l’occasion de fêtes comme Noël et Pâques — est relativement inélastique, des données de la fin de l’année 2023 montrent qu’avec la hausse des prix, le volume des ventes de chocolat aux États-Unis a chuté d’environ 5 % d’une année sur l’autre ².

• Pour les chocolats de Pâques cette année, les consommateurs américains pourraient voir les prix augmenter de 10 à 20 % par rapport à 2024, hausse qui pourrait s’accélérer si les tarifs de Trump entraient en vigueur, les autorités ivoiriennes ayant déjà déclaré qu’elles allaient relever les prix en réponse aux droits de douane ³. 
• Selon les données de la National Retail Federation, les Américains devraient toutefois dépenser 3,3 milliards de dollars en friandises cette année, contre 3,1 milliards en 2024 ⁴.
• D’autres produits comme le café, la vanille et les fruits exotiques, dont la quasi-totalité est importée pour satisfaire la demande américaine, pourraient eux aussi voir leurs prix considérablement augmenter en raison des tarifs. 
• Selon le Yale Budget Lab, les droits de douane de 10 % ainsi que les tarifs réciproques pourraient conduire à une augmentation de 4 % du prix des produits frais et de 2,8 % du prix des denrées alimentaires dans leur ensemble.