Pourquoi veulent-ils (presque) tous la tête d’Olivier Faure au PS ?


Il est assis dans le fauteuil depuis déjà sept ans. Olivier Faure remettra sa couronne en jeu lors d’un indécis congrès du Parti socialiste, prévu du 13 au 15 juin à Nancy. Et pour faire tomber le premier secrétaire, la fronde s’organise. Trois des principaux opposants – Nicolas Mayer-Rossignol, Hélène Geoffroy et Philippe Brun – ont annoncé vendredi dernier entamer des discussions pour une motion commune, sous la bienveillance du maire de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) Karim Bouamrane. Un début de front anti-Faure que n’a pas rejoint pour l’instant le président du groupe PS à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud, également candidat. Mais pourquoi veulent-ils presque tous faire tomber le patron du PS ?

Faure, trop proche de LFI

Les cadres du PS qui s’unissent face à lui rejettent toute alliance avec les insoumis et reprochent au député de Seine-et-Marne d’avoir inféodé son parti à LFI lors des derniers scrutins électoraux, à travers la Nupes et le NFP. « Est-ce qu’on souhaite encore une alliance avec LFI aux prochaines élections, par exemple aux municipales 2026 ou pour des législatives anticipées en cas de dissolution ? Chez nous, la réponse est très claire : c’est non », souffle ainsi Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen.

« L’accord électoral n’était pas inutile, je le concède, mais c’est devenu un accord programmatique et gouvernemental qui plaçait LFI en hégémonie à gauche, et le PS à sa remorque. C’est une faute politique de la part d’Olivier Faure », ajoute un poids lourd socialiste, proche de François Hollande.

Faure, ambitieux pour 2027

Ce congrès marque également une divergence stratégique pour la prochaine présidentielle. Le patron du Parti socialiste a proposé une « plateforme commune » allant du député « François Ruffin (qui a rompu avec LFI) à Raphaël Glucksmann », eurodéputé de Place publique, pour désigner un candidat en 2027. Une initiative qualifiée de « processus de primaire sans cohérence sur le fond » par ses opposants. « On a vu ce que les primaires tentant des alliances entre des carpes et des lapins ont donné aux présidentielles de 2017 et 2022 [où Benoît Hamon et Anne Hidalgo ont fait respectivement 6,3 % et 1,7 %]. Ne faisons pas les mêmes erreurs que dans le passé. C’est le fond qui doit décider des alliances et du candidat, pas l’inverse ! », assure Nicolas Mayer-Rossignol.

Les adversaires d’Olivier Faure soupçonnent d’ailleurs le patron du PS de vouloir utiliser sa réélection pour mettre en place ses propres ambitions. « Il veut transformer le congrès en une validation de sa candidature à la présidentielle. Il y a un mois encore, Faure pensait que ce serait une balade de santé », tacle un sénateur et cadre du PS, plaidant pour un premier secrétaire désintéressé de la course à l’Elysée.

Faure, « mauvais gestionnaire »

Ceux qui veulent tourner la page d’Olivier Faure sont très critiques sur son bilan à la tête du parti depuis 2018. « Le bilan financier est mauvais, on a moins de militants, notre poids politique est en baisse. C’est un mauvais gestionnaire. Faure ne peut plus continuer à gérer le parti comme il l’a fait depuis sept ans. Dans le privé, il aurait déjà été mis à la porte », souffle l’élu proche de François Hollande. « Est-ce qu’on a progressé dans l’opinion publique ? Est-ce qu’on a un programme présidentiel ? Est-ce que les sections locales fonctionnent ? Tout ce travail n’a pas été fait. Quel est le bénéfice d’Olivier Faure après sept ans ? », tacle un sénateur socialiste. Ses opposants « oublient » le fait que l’intéressé a permis au PS d’avoir un groupe de 66 députés, soit cinq sièges de moins que les insoumis. Il a d’ailleurs reçu mercredi le soutien du président du département de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel et de la maire de Rennes, Nathalie Appéré.

« Il a repris le parti sur les décombres du hollandisme en 2017, c’était un boulot difficile, il a remis le PS au sein de la gauche, balaie Laurent Baumel. L’enjeu du congrès sera clair : est-ce qu’on veut une candidature large à gauche face à Mélenchon, comme Faure le propose, ou un candidat social-libéral ?, interroge le député PS. Car demain, si Faure est battu, ce sera interprété comme une victoire de Hollande » L’ancien président de la République n’a peut-être pas pris ouvertement position dans ce scrutin interne, mais il est toujours aussi présent.



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