Pourquoi la gastro joue-t-elle les prolongations ?


Le printemps a enfin pris ses quartiers, pourtant en ce mois d’avril, cette maladie hivernale joue encore les prolongations ! On s’en passerait volontiers, mais la gastro est toujours là, apportant son lot de diarrhées, vomissements et crampes intestinales qui mettent bien à plat.

Un calendrier plutôt inhabituel pour ce virus qui disparaît normalement à la fin de l’hiver. Où la gastro sévit-elle encore ? Et comment la surmonter ? 20 Minutes vous explique.

Des indicateurs en hausse

Les chiffres de Santé publique France (SPF) illustrent bien cette présence tardive et inhabituelle du virus. Dans son dernier bulletin épidémiologique, l’agence sanitaire relève que parmi toutes les classes d’âge, « la proportion de consultations pour gastro-entérite aiguë (GEA) s’élève à 8,7 % parmi toutes les consultations SOS Médecins. Cette activité est supérieure à celle observée lors de la saison 2023-2024 et proche des maximums historiques ».

Durant la première semaine d’avril, « onze régions sont en activité élevée », a observé Santé publique France. « Normandie, Grand-Est, Bretagne », mais aussi Nouvelle-Aquitaine, région PACA et Île-de-France comptent ainsi parmi les régions les plus touchées par la gastro-entérite la première semaine d’avril, observe le Réseau Sentinelles.

Dans le détail, l’agence sanitaire constate que les plus jeunes sont parmi les plus touchés par cette circulation tardive de la gastro : « La proportion de consultations pour GEA chez les moins de 5 ans s’élève à 11,2 % parmi toutes les consultations SOS Médecins », constate SPF. Là encore, elle souligne que les chiffres sont supérieurs à ceux observés « lors de la saison 2023-2024 et proches des maximums historiques ». Idem pour « la proportion de passages aux urgences pour GEA, qui s’élève à 9 % parmi tous les passages aux urgences pour les enfants de moins de 5 ans, ajoute SPF, qui rappelle que cette activité est légèrement supérieure à celle de la saison 2023-2024 ».

« Veiller à réhydrater l’organisme »

En cas de forte diarrhée et/ou de vomissements, le corps perd très rapidement beaucoup d’eau. Le premier réflexe est donc de « veiller à bien réhydrater l’organisme mis à mal par la gastro, explique le Dr Brigitte Virey, pédiatre et présidente du Syndicat national des pédiatres français (SNPF). Surtout chez les tout-petits et s’il s’agit d’une gastro avec plusieurs selles liquides par jour. Il faut surveiller les signes de déshydratation : s’ils n’ont pas leur comportement habituel, s’ils paraissent très fatigués, confus ou agités, et s’ils sont pâles et ont la langue sèche et les yeux cernés, décrit-elle. De même, s’il y a peu d’urine chez, un petit qui a une grosse gastro, que les couches sont sèches, ce n’est pas normal. En présence de ces symptômes, il faut consulter sans attendre ».

Et en cas de gastro sévère, surtout chez les bébés et les tout-petits, largement touchés par cette circulation tardive du virus cette année, « il faut sans attendre donner des solutés de réhydratation. Un enfant, un bébé peut se déshydrater très vite, beaucoup plus vite qu’un adulte, rappelle le Dr Virey. Ces solutés comportent tous les oligo-éléments et minéraux nécessaires pour compenser la perte d’eau et bien réhydrater l’organisme. Un enfant peut éventuellement ne pas manger pendant une douzaine d’heures, ce n’est pas grave, mais il faut qu’il boive ». Et contrairement à une idée reçue bien tenace, « on ne donne pas de cola pour la gastro, ce n’est pas une bonne idée, souligne la pédiatre. Il contient trop de sucres et pas d’oligo-éléments essentiels à la réhydratation ».

Quant aux médicaments, ils ne servent ici pas à grand-chose, « à part du paracétamol en cas de douleurs, ajoute la pédiatre. Et on oublie les antibiotiques, puisqu’il s’agit dans la très grande majorité des cas d’un virus. C’est vraiment l’hydratation qui est fondamentale, en particulier durant les 24 premières heures, qui sont les plus intenses. Et chez les tout-petits qui vomissent en plus de la diarrhée, c’est important de donner à boire, mais en toutes petites quantités, toutes les 10 à 15 minutes, même 10 ml. Il faut fractionner pour éviter qu’ils ne vomissent aussitôt le peu qu’ils prennent. Et essayer de donner à manger, en évitant les aliments qui accélèrent le transit ».

Relâchement des gestes barrières et baisse d’immunité

Mais comment expliquer cette présence tardive de la gastro-entérite ? L’épidémie de grippe saisonnière, sévère et massive cette année, notamment chez les plus jeunes, pourrait avoir causé une baisse globale de notre immunité. Mais il y a aussi le relâchement des gestes barrières, dont beaucoup se sont lassés au sortir de la pandémie de Covid-19. Pourtant, « le lavage des mains est primordial, surtout chez les bébés qui portent tout à la bouche, c’est vraiment important », insiste le Dr Virey. « Se laver fréquemment les mains à l’eau et au savon ou avec un produit hydroalcoolique est une des meilleures façons de limiter la transmission des virus entériques, abonde Santé publique France. Certains virus (rotavirus et norovirus) étant très résistants dans l’environnement, nettoyer soigneusement et régulièrement les surfaces à risque élevé de transmission » permet également de tenir le virus à distance.

En outre, « le vaccin contre le rotavirus fait aussi que l’on voit moins de cas », complète la pédiatre. En pratique, « les rotavirus sont responsables d’environ la moitié des diarrhées sévères du nourrisson nécessitant une hospitalisation. La vaccination contre les rotavirus est recommandée en France pour tous les nourrissons. Les deux vaccins disponibles ont montré en vie réelle leur très grande efficacité », ajoute Santé publique France.

Pour contrer cette circulation tardive de la gastro, les vacances pourraient être d’un grand secours. « Les virus se transmettent beaucoup en collectivité, relève le Dr Virey. Les bébés et les enfants contractent le virus entre eux et le redonnent au reste de la famille. Mais à chaque fois, les vacances scolaires coupent les épidémies, donc on peut espérer une accalmie rapide avec les vacances de Pâques qui démarrent ».



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