Pourquoi de plus en plus de Russes s’engagent-ils dans l’armée sous contrat ? | Le Grand Continent

Chaque jour, depuis le début de l’année 2025, l’armée russe perd en moyenne 1 360 hommes (blessés ou tués) sur le terrain, selon les données communiquées par l’état-major ukrainien — qui correspondent aux estimations réalisées par d’autres pays ainsi que des organisations indépendantes. Afin de maintenir l’état de ses forces, Moscou s’appuie largement depuis 2023 sur le recrutement de volontaires.

Ces dernières semaines, le nombre d’hommes signant des contrats avec l’armée a connu une augmentation significative 1.

  • Contrairement aux conscrits, les volontaires peuvent être déployés sur le front en Ukraine. 
  • Depuis une loi du 14 avril 2023, il est possible de signer un contrat avec l’armée dès l’âge de 18 ans — et ce sans avoir complété son service militaire 2.
  • Afin d’attirer des volontaires, le Kremlin a considérablement augmenté le montant des « bonus » offerts à la signature du contrat. L’État fédéral russe a également encouragé les gouvernements régionaux à accroître substantiellement ces sommes.
  • Ainsi, à l’été 2024, Vladimir Poutine a relevé le montant fédéral pour la signature d’un contrat avec l’armée à 400 000 roubles (environ 4 240 €), contre 195 000 auparavant. Selon la région de résidence, s’ajoute à cette somme une enveloppe locale pouvant aller jusqu’à plus de 3 millions de roubles (31 800 €).
  • Afin de financer ces bonus, l’État a alloué 90 milliards de roubles dans le cadre du budget fédéral 2025-2027 3.

Entre le 1er et le 10 avril, 993 personnes se sont rendues dans des bureaux de recrutement pour s’engager à Moscou, contre 499 en mars et 341 en janvier au cours de la même période 4. À l’échelle nationale, l’armée russe recruterait actuellement en moyenne 1 300 personnes par jour 5.

  • Cet engouement pour la signature de contrats avec l’armée est également lié à l’ouverture de négociations entre la Russie et l’Ukraine par l’intermédiaire des États-Unis, depuis le retour au pouvoir de Donald Trump.
  • Pour de nombreux Russes qui décident de s’engager aujourd’hui, alors que les pertes humaines dans l’armée se situent toujours à des niveaux élevés, la perspective d’une fin de la « phase chaude » du conflit justifie cette prise de risque.
  • Pourtant, les négociations piétinent depuis qu’un accord de cessez-le-feu partiel sur les infrastructures énergétiques a été conclu le mois dernier. Celui-ci doit expirer demain, vendredi 18 avril, selon Moscou et la semaine prochaine, le 25, selon Kiev.

Selon le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Oleksandr Syrsky, l’armée russe a lancé la semaine dernière une nouvelle offensive de printemps en direction des régions de Soumy et de Kharkiv. Vladimir Poutine n’a pas signalé être favorable à une pause dans les combats, et a lancé au début du mois la plus grande campagne de conscription depuis plus d’une décennie.



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