Pour lutter contre les « incompréhensions et le stress » des agriculteurs, des contrôles pédagogiques déployés dans les fermes

Le déploiement du contrôle unique dans les exploitations agricoles a amené les agriculteurs et les agents de la Direction départementale des territoires et de la mer du Calvados à se rencontrer ce vendredi 25 avril 2025, afin de se mettre au clair sur la réglementation en vigueur. Un moyen d’éviter des situations litigieuses dans un contexte agricole déjà « tendu et complexe ».

« Lorsque l’on vient contrôler une exploitation, on va voir toutes les bêtes pour vérifier les deux boucles, la race, l’âge et le sexe. Si un des points n’est pas conforme, on va le notifier et l’éleveur devra se rapprocher de sa structure d’élevage en indiquant qu’il y a une erreur. Si un animal n’a pas de boucles d’identification et donc, qu’on ne sait pas qui c’est, on considère que c’est une perte de traçabilité« .

Sans détour, les contrôleurs de la Direction départementale des territoires et de la mer du Calvados ont joué cartes sur table avec les agriculteurs réunis ce vendredi au lycée agricole du Robillard à Saint-Pierre-Sur-Auge (Calvados), lors d’un contrôle pédagogique.

Le temps d’une matinée, les exploitants ont échangé avec les agents de la DDTM pour mieux comprendre les modalités d’un contrôle, sur différentes thématiques : les haies, les produits phytosanitaires ou encore l’identification des troupeaux.

L’occasion pour Clément Lebrun, à la tête d’un élevage de 70 vaches et en possession de 21 kilomètres de haies, de se maintenir à jour en termes de législation. « Je fais de l’herbe, des bovins, du cidre, j’ai beaucoup de haies. J’avais plein d’interrogations donc je voulais exactement savoir ce que j’ai le droit de faire et ce que peuvent me demander les contrôleurs, indique le vice-président de la chambre d’agriculture du Calvados. Je pense qu’il n’y a pas assez de compréhension mutuelle aujourd’hui« .

Comme Clément Lebrun, tous les exploitants ont pu évoquer leurs interrogations sur les mesures à respecter, alors qu’ils décrivent un contexte de « réglementation complexe« .

« Les règles sont contraignantes et pointues. Mais il faut les respecter. On a subi des contrôles mal compris par la profession. Là, c’est très intéressant de faire ces temps pédagogiques où on peut poser toutes les questions que l’on veut aux agents » décrit François Buffet, exploitant céréalier à Saint-Pierre-en-Auge.

S’il assure que les agriculteurs « ne craignent pas plus l’administration qu’ailleurs« , il déplorait jusqu’à aujourd’hui des « décalages et des incompréhensions » avec les contrôleurs lors des visites dans les fermes.

Les agents de la DDTM « ne sanctionnent pas pour sanctionner. Il y a des réglementations qui conditionnent le versement des aides pour l’agriculture donc c’est normal d’aller dans les exploitations pour faire des contrôles. L’explication des contrôles et leur finalité sont importantes à faire comprendre », cadre Stéphane Bredin, le Préfet du Calvados, présent lors des échanges ce vendredi.

Ces ateliers de contrôle pédagogique s’inscrivent dans le cadre de la mise en place du contrôle unique dans les exploitations agricoles. Les agriculteurs seront désormais contrôlés une seule fois par an.

On ne faisant plus qu’un contrôle dans l’année, on fait baisser le sentiment de niveau de pression chez les agriculteurs.

Marianne Piqueret

Directrice de la DDTM du Calvados

Une nouveauté bien accueillie et très attendue par la majorité des agriculteurs « qui subissaient parfois trois ou quatre contrôles par an jusqu’alors« , selon leurs dires.

Les exploitants voient en cette « simplification« , une amélioration de leur bien-être. « Il y a des règles dans l’agriculture et c’est normal qu’on soit contrôlé. Mais là, on n’aura pas le stress tout au long de l’année de savoir si on va avoir une deuxième ou troisième visite » se rassure Clément Lebrun, conscient de la charge mentale que cela représente.

Malgré tout, beaucoup de professionnels du secteur déplorent toujours « une cible mise sur la profession. L’administration effectue son travail et on fait notre maximum, estime Jean Pesquerel, président de la coordination rurale du Calvados. Et, il faudrait surtout que les mêmes contrôles soient appliqués dans les élevages d’autres pays, dont les produits arrivent en France« .