L’Iran et les Etats-Unis ont débuté samedi à Rome une nouvelle session de négociations sur le programme nucléaire de Téhéran afin de parvenir à un nouvel accord. Le ministre iranien des Affaires étrangères et négociateur en chef sur le nucléaire, Abbas Araqchi, et l’envoyé du président américain Donald Trump au Proche-Orient, Steve Witkoff, échangeront indirectement par l’intermédiaire d’un responsable d’Oman qui assurera la transmission des messages entre les deux parties, ont indiqué des responsables iraniens.
Abbas Araqchi et Steve Witkoff ont échangé brièvement à la fin d’une première session de pourparlers qui s’est déroulée la semaine dernière à Oman, des échanges jugés constructifs par les deux pays. L’Iran et les Etats-Unis n’ont pas mené de négociations directes depuis 2015.
Un accord « raisonnable et logique »
A l’occasion d’une rencontre samedi avec son homologue italien Antonio Tajani avant la tenue des pourparlers, Abbas Araqchi a appelé « toutes les parties impliquées dans les négociations à saisir l’occasion de parvenir à un accord nucléaire raisonnable et logique »
« Un tel accord doit respecter les droits légitimes de l’Iran et conduire à la levée des sanctions injustes contre le pays, tout en dissipant tout doute quant à ses activités nucléaires », a-t-il ajouté selon des déclarations retransmises par les médias d’État iraniens.
Vendredi à Moscou, où il a rencontré son homologue russe Sergueï Lavrov, Abbas Araqchi a jugé possible de parvenir à un accord avec les États-Unis s’ils « font preuve de sérieux et ne formulent pas d’exigences irréalistes »
L’ayatollah « ni excessivement optimiste, ni pessimiste »
« J’ai encouragé (Abbas Araqchi) à suivre la voie de la négociation contre les armes nucléaires. Le gouvernement italien espère que tous ensemble nous pouvons trouver une solution positive pour le Moyen-Orient », a déclaré sur X Antonio Tajani.
Téhéran a tempéré les attentes quant à la conclusion rapide d’un accord, après que certains responsables iraniens se sont interrogés sur une possible levée prochaine des sanctions. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, qui est le décisionnaire ultime en matière de nucléaire, a dit cette semaine qu’il n’était « ni excessivement optimiste, ni pessimiste »
Le président américain a quant à lui déclaré vendredi aux journalistes qu’il souhaitait « empêcher l’Iran, très simplement, de se doter d’une arme nucléaire ». « Ils ne peuvent pas avoir l’arme nucléaire », a-t-il dit.
Retrait de Washington du pacte nucléaire
Donald Trump a retiré en 2018, lors de son premier mandat présidentiel, les Etats-Unis du pacte nucléaire conclu trois ans plus tôt entre l’Iran, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu et l’Allemagne. Washington avait réinstauré dans la foulée des sanctions contre le régime de Téhéran.
L’administration de l’ancien président Joe Biden a tenté en vain de relancer le pacte nucléaire de 2015, faute de pouvoir garantir l’implication dans la durée des Etats-Unis.
Depuis 2018 et le retrait de Washington, l’Iran a régulièrement outrepassé les limites de l’accord sur son programme nucléaire, conçu pour limiter le risque de développement d’une bombe atomique.
Les « lignes rouges » de Téhéran
Téhéran, qui affirme que son programme nucléaire est pacifique, s’est dit prêt à accepter certaines limites à des activités d’enrichissement d’uranium mais a besoin d’obtenir des Etats-Unis la garantie qu’ils ne se retireront pas d’un nouvel accord nucléaire.
Les dirigeants iraniens abordent avec prudence les négociations avec les Etats-Unis, d’autant que Donald Trump a menacé à plusieurs reprises de bombarder l’Iran si le pays ne mettait pas fin à l’accélération de son programme d’enrichissement d’uranium.
Un haut responsable iranien a présenté vendredi les « lignes rouges » de Téhéran, selon lesquelles Téhéran refuse de démanteler ses centrifugeuses destinées à enrichir l’uranium, d’arrêter complètement l’enrichissement ou de réduire la quantité d’uranium enrichi que l’Iran stocke à un niveau inférieur au niveau convenu dans l’accord de 2015. Téhéran ne négociera pas non plus sur son programme de missiles balistiques, qu’il considère comme hors du champ d’application de tout accord nucléaire.