PODCAST. « Lancez-vous tout de suite avec un statut de cheffe d’entreprise » : les agricultrices toujours pas aux commandes des exploitations


Le secteur de l’agriculture se féminise, mais les femmes ont du mal à prendre la tête des exploitations. Quand elles travaillent dans une ferme, dans la majorité des cas, elles sont soit salariées, soit la conjointe collaboratrice du patron.

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C’est vrai, le milieu de l’agriculture se féminise, mais les femmes représentent seulement 26% des chefs d’exploitation, coexploitants ou associés… Et quand elles ne sont pas officiellement à la tête de la ferme, une grande majorité d’entre elles sont salariées en situation de précarité.  Le secteur de la production agricole emploie 360 300 femmes et  80,7 % des salariées du secteur détenaient un CDD en 2021. 

À la rentrée 2021, selon un rapport du Sénat, les filles sont encore en minorité à choisir les voies royales pour devenir exploitante agricole. Elles n’étaient que 37 % dans la filière production agricole et 34 % dans la filière conduite et gestion de l’entreprise agricole-élevage. En revanche, dans la filière qui mène à l’industrie, elles sont 58 % : c’est la filière de la transformation agroalimentaire.

Pascaline Lavernot était avant-gardiste en 1999, car elle était l’une des seules filles de sa promotion au sein de la filière “Sciences et technologie de l’environnement”, traditionnellement masculine. Aujourd’hui, à 43 ans, elle incite les jeunes filles à ne pas se tromper de voie :  » Pour devenir cheffe d’exploitation, l’idéal est d’obtenir un bac techno/pro agricole et ensuite un BTS ACSE (Analyse, Conduite et Stratégie de l’Entreprise Agricole). »

 Les femmes qui sont en couple avec un chef d’exploitation se retrouvent parfois avec un statut ambigu : celui de conjointe collaboratrice. Elles sont 16 500 en France à travailler dans ce cas, selon la MSA en 2021. 

C’est ce qui est arrivé à Pascaline Lavernot. Alors qu’elle a obtenu un diplôme au lycée agricole Le Paraclet d’Amiens pour devenir cheffe d’exploitation, cette mère de deux enfants se retrouve à travailler dans la ferme de son mari sous ce statut. C’est un statut avantageux pour le patron, car il y a moins de charges sociales et moins de formalités administratives.

Mais pour la collaboratrice, c’est une autre histoire. Même si elle a une protection sociale en cas d’accident du travail, elle ne perçoit pas de salaire, ce qui la rend économiquement dépendante du chef d’exploitation. Avec le recul, Pascaline regrette d’avoir accepté de travailler dans l’ombre de son mari :  » C’est un très mauvais statut, car il n’apporte aucune sécurité en cas de séparation, aucune sécurité vis-à-vis de la retraite. Lancez-vous tout de suite avec un statut de cheffe d’entreprise ou d’associée. »

C’est un très mauvais statut car il n’apporte aucune sécurité en cas de séparation, aucune sécurité vis-à-vis de la retraite.

Pascaline Lavernot

Agricultrice

Depuis, Pascaline Lavernot a divorcé et n’a rien obtenu parce que la collaboratrice ne détient aucun droit sur l’exploitation, sauf en cas d’accord spécifique ou de dispositions légales favorables. Elle dit qu’elle a perdu son temps pendant toutes ces années. Aujourd’hui, elle compte bien réaliser son rêve de lycéenne : devenir enfin sa propre patronne… Elle se lance dans l’achat d’une terre pour produire des fromages de chèvre.

Le statut de conjoint d’exploitant existe depuis 1982 et a été réformé en 2022. Les collaboratrices ont désormais un peu plus de droits sociaux en matière de retraite et de formations. Mais n’allez pas croire que le gouvernement veuille légitimer ce statut. Au contraire, il est dorénavant limité à 5 ans et pourrait disparaître en 2027. Le gouvernement veut inciter ainsi les femmes à être associée ou salariée pour renforcer l’égalité homme/femme dans le secteur agricole.

Cette politique semble porter ses fruits. En dix ans, l’effectif des collaboratrices d’exploitation a été divisé par deux, traduisant le désintérêt pour ce statut par les jeunes générations. Lorsqu’elles choisissent de rester sur l’exploitation pour y travailler, les femmes préfèrent opter pour un statut de coexploitant qui leur procure plus de droits.

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