OPINION. « Pauvre France, démunie face à la crise qui vient »


C’est entendu, la politique tarifaire de Donald Trump, en pause pour trois mois, va provoquer un ralentissement mondial. En revanche, il n’y a pas consensus sur son ampleur. Aura-t-on un simple ralentissement comme le pensent l’OCDE et le FMI ou une vraie récession mondiale comme le craignent un certain nombre d’instituts privés ? Il est bien sûr difficile de répondre, car nul ne peut prédire les choix de Donald Trump.

Si les É.-U. maintiennent des tarifs élevés sur la majorité des importations de Chine et d’Europe et si la Chine réplique – ce qui est déjà le cas alors que l’Europe ne réplique pas, la nature de la crise sera spécifique pour chaque zone. Pour les États-Unis c’est un choc d’offre important. En effet, il va provoquer une forte augmentation des prix de tous les biens importés, une remise en cause des chaines de production existantes et en fin de compte, la relocalisation de la production avec une certaine perte d’efficacité productive. Dans un premier temps, la demande devrait également diminuer, du fait de la hausse des prix des importations. Les entreprises dont le prix de nombreux facteurs de production va augmenter et qui devront trouver de nouveaux fournisseurs sont en situation d’incertitude sur leur profitabilité ce qui va également peser sur la demande globale. Il y aura donc un double effet d’augmentation de l’inflation et d’augmentation du chômage sur fond de ralentissement économique. Une crise du même type devrait affecter la Chine, mais probablement de moindre ampleur du fait de la moindre exposition aux importations et de sa capacité de réorienter la demande vers la consommation interne.

Si dans l’immédiat l’Europe ne répond pas aux É.-U. avec une hausse de son tarif douanier, l’essentiel du choc sera un choc de demande classique engendré par la baisse des exportations. Ce type de choc génère peu ou pas d’ inflation (voire de la déflation), mais un fort ralentissement économique. Tous les pays membres de l’UE seront exposés à ce ralentissement, les plus touchés étant les partenaires commerciaux des É.-U.