
Une prison à nouveau ciblée, avec des voitures incendiées. Trois véhicules appartenant à des personnels pénitentiaires ont été incendiés tôt mercredi devant la prison de Tarascon (Bouches-du-Rhône), au lendemain d’attaques coordonnées contre plusieurs établissements pénitentiaires en France, a indiqué le procureur de la République de la ville.
Les incendies se sont produits vers à 5h20 du matin sur un parking « isolé, réservé aux personnels, grillagé et l’accès sécurisé par un digicode », a indiqué le procureur de Tarascon, Laurent Gumbau. A priori aucune inscription n’a été retrouvée sur les lieux, a-t-il précisé.
Des inscriptions « DDPF » dans le hall d’un immeuble où habite une surveillante
Des inscriptions « DDPF », ayant déjà visé des établissements pénitentiaires en France, ont en revanche été découvertes dans le hall d’un immeuble où habite une surveillante pénitentiaire à Villenoy (Seine-et-Marne), où un début d’incendie a aussi été constaté, a-t-on appris mercredi de source policière, confirmant une information de BFM TV. Dans le même département de Seine-et-Marne, dans la nuit de dimanche à lundi, deux véhicules avaient été incendiés sur le parking du centre pénitentiaire de Réau, selon la même source. Emmanuel Baudin, secrétaire général du syndicat FO-Justice, a également évoqué « un autre feu au domicile d’un agent qui travaille à Aix ».
La veille, les établissements de Nanterre (Hauts-de-Seine), Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône) et Valence (Drôme) avaient aussi été touchés par des incendies de véhicules. Le centre pénitentiaire de Toulon avait quant à lui fait l’objet de tirs à l’arme automatique.
« De jeunes délinquants payés quelques milliers d’euros »
Invité ce mercredi matin sur CNews, le garde des Sceaux Gérald Darmanin a confirmé que la prison de Tarascon a été ciblée, mais a jouté qu’il « n’y aurait pas eu de nouvelle « nuit bleue » comme on l’a vu hier [mardi], qui était évidemment absolument inacceptable ».
« Il y a manifestement des gens qui essaient de déstabiliser l’Etat en l’intimidant car nous prenons des mesures contre le laxisme qui existait peut-être auparavant dans les prisons : on blanchit de l’argent, on téléphone, on se fait livrer par drones, on menace des policiers et on s’évade comme M.Amra, en faisant assassiner des agents pénitentiaires, a poursuivi Gérald Darmanin. A travers ces agents c’est l’Etat qui est visé, on essaie de voir s’il va reculer. »
Pour le ministre de la Justice, la décision de créer des prisons de haute sécurité, « un régime carcéral inédit », pourrait être le point de départ de ces actes de violence : cela pourrait être un réplique à ce projet de régime de détention spécial pour les plus gros narcotrafiquants du pays, qui doivent être regroupés à l’isolement strict dans des établissement de haute sécurité.
Le sigle « DDPF » a été retrouvé inscrit sur plusieurs des établissements attaqués. Si le ministre « n’exclut rien » quant aux auteurs de ces violences, Gérald Darmanin y voit davantage la signature du narcobanditisme que de l’ultragauche : « quand on tire à la Kalachnikov contre des centres pénitentiaires, ce sont de jeunes délinquants qui sont payés quelques milliers d’euros pour faire ce genre d’actions, qui visent à faire reculer l’Etat, que les agents prennent peur. »
Des vidéos montrant des agents circuleraient sur Telegram
Le responsable syndical Emmanuel Baudoin a fait part de vidéos « qui circulent sur Telegram et montrent des agents, des boîtes aux lettres », les surveillants y sont « nommément cités », et ces vidéos ciblent « plutôt des agents sur la région du sud ».
Mercredi matin, « des forces de l’ordre étaient présentes à la prise de service des agents », dit le représentant FO qui appelle les agents à la « discrétion ». « Il n’y a pas d’anonymisation des personnels, et donc il faut éviter de se mettre en avant, et veillent à être bien en civil quand ils sortent de leur civil », a-t-il ajouté. Il a aussi évoqué « la crainte de mouvement collectif à l’intérieur des établissements »