
La transparence, pour de l’eau, c’est bien naturel. Réunie mercredi à Ecublens, près de Lausanne, l’assemblée générale du géant agroalimentaire Nestlé a été le théâtre d’une intervention remarquée de la fondation Ethos, actionnaire du groupe. Représentant plus de 250 caisses de retraite suisses, celle-ci a demandé des comptes sur le scandale qui secoue Nestlé Waters, propriétaire notamment des marques Perrier et San Pellegrino.
Vincent Kaufmann, directeur général de la fondation, a appelé le conseil d’administration à publier les résultats de l’enquête interne promise par le groupe. « Cette enquête aurait dû être initiée depuis longtemps, sur demande du conseil d’administration », a-t-il lancé devant les actionnaires. Il réclame au minimum un résumé des conclusions dès qu’elles seront disponibles, estimant que les investisseurs doivent être en mesure « d’évaluer les risques encourus ».
Un silence de Nestlé « préoccupant »
L’affaire a éclaté en France après des révélations accusant plusieurs sociétés – dont Nestlé – d’avoir eu recours à des traitements interdits sur leurs eaux. Une commission d’enquête sénatoriale a été lancée en novembre 2023. Le 9 avril dernier, lors d’une audition au Sénat, Laurent Freixe, directeur général de Nestlé, a reconnu l’existence de pratiques problématiques et annoncé une enquête interne, précisant que les résultats seraient transmis aux autorités judiciaires.
Mais pour Ethos, le silence du groupe dans ses documents financiers reste inacceptable. « L’absence d’informations sur ces affaires est préoccupante », a insisté Vincent Kaufmann. La fondation avait recommandé à ses membres de refuser le quitus pour l’exercice 2024. Elle a été rejointe dans cette opposition par l’organisation actionnariale Actares. Malgré ces appels à la prudence, l’écrasante majorité des actionnaires a soutenu la direction : le quitus a été approuvé à 92,28 %, contre 7,02 % de votes négatifs et 0,70 % d’abstention.