
Le texte en vigueur qui régit la période de vacance du Siège Apostolique est la constitution apostolique Universi Dominici Gregis, promulguée par Jean-Paul II en 1996, et amendée par le motu proprio (décret) de Benoît XVI Normas nonnullas en 2013.
- Durant la vacance, l’Église catholique est gouvernée collectivement par le Collège des cardinaux, chargés d’élire le nouveau pape.
Trois personnages y jouent un rôle prépondérant :
- le doyen du Collège cardinalice qui préside toutes les cérémonies importantes pendant la vacance : il célèbre les funérailles du pape défunt, qui convoque le conclave à Rome, qui préside les congrégations générales (réunions de cardinaux) préparatoires, et qui mène le déroulement du conclave ;
- le cardinal camerlingue, chargé d’administrer le Saint-Siège et son temporel pendant la vacance ;
- le cardinal secrétaire d’État du Saint-Siège : véritable Premier Ministre du pape ou « n°2 » du Vatican.
Une fois la mort du pape publiquement constatée par le camerlingue, et annoncé au clergé et aux fidèles par le cardinal vicaire du diocèse de Rome, son corps, embaumé et revêtu des ornements pontificaux, est exposé à la vénération des fidèles dans la basilique Saint-Pierre.
- Les appartements pontificaux sont mis sous scellés.
- Pendant 9 jours consécutifs, les cardinaux doivent célébrer une messe quotidienne de suffrage pour le repos de l’âme du défunt.
- En novembre 2024, les rites funéraires du pape ont été grandement simplifiés par François : a été supprimée l’étape de l’exposition publique de la dépouille dans un catafalque au Palais Apostolique, ainsi que l’utilisation d’un triple cercueil de cyprès, plomb et chêne.
- Le pape François a également choisi un lieu de sépulture plus original, la basilique Sainte-Marie-Majeure, une des quatre grandes basiliques romaines.
- Il est ainsi le premier pape à décider de ne pas être enterré à Saint-Pierre depuis Léon XIII (1878-1913), inhumé dans la basilique Saint-Jean-de-Latran, la cathédrale du diocèse de Rome. Seuls 7 autres papes reposent à Sainte-Marie-Majeure, le plus récent, Clément IX (1667-1669), remontant au XVIIe siècle.
Pendant la période de vacance du Siège, des congrégations générales sont organisées quotidiennement.
- Il s’agit des réunions des cardinaux préparatoires au conclave. Contrairement à ce dernier, elles réunissent l’ensemble des cardinaux, électeurs et non-électeurs. En l’état actuel, elles comprendraient donc jusqu’à 252 cardinaux : 137 électeurs âgés de moins de 80 ans, et 115 non-électeurs ayant dépassé cet âge (pour lesquels la participation est néanmoins facultative).
- Des congrégations particulières gèrent provisoirement les affaires courantes. Elles réunissent le cardinal camerlingue, et trois cardinaux (un de chaque ordre), tirés au sort.
Le conclave doit s’ouvrir entre 15 et 20 jours après la fin du pontificat précédent ; depuis 2013, sa date peut être avancée si les cardinaux le décident en congrégation générale. Il se tient dans la chapelle Sixtine au Vatican.
- Seuls les cardinaux âgés de moins de 80 ans à la fin du pontificat précédent peuvent participer au conclave ; ces cardinaux-électeurs ne peuvent pas être théoriquement plus de 120 1, quoique ce total ait déjà été dépassé plusieurs fois sous Jean-Paul II, Benoît XVI et très régulièrement sous François, mais jamais pendant une vacance.
- Comme le dispose la constitution Universi Dominici Gregis, les cardinaux électeurs élisent le pape à bulletins secrets 2 aux deux tiers des voix.
- Pour pouvoir devenir pape, un cardinal doit donc réunir plus de 80 voix de ses collègues sur le total théorique des 120 – il faut aussi faire la part de la règle tacite qui interdit à un cardinal de voter pour lui-même.
- L’élection comprend différents tours de scrutin, dont la fréquence est fixée précisément : deux par demi-journée, soit 4 tours par jour, jusqu’à ce qu’un candidat atteigne les deux-tiers des voix.
- Tous les 7 scrutins, les cardinaux doivent s’interrompre pour un temps de prière, une courte exhortation par le cardinal le plus ancien dans chacun des trois ordres, et un moment d’échanges et de discussions.
- Si au bout de 30 tours, la majorité canonique reste toujours inatteignable, le choix des cardinaux se restreint alors aux deux noms ayant obtenu le plus de voix lors du tour précédent, qui restent seuls en lice.
- Dès qu’un nom agrège la majorité requise des deux tiers des votants, le doyen des cardinaux (ou le cardinal électeur le plus ancien dans l’ordre des cardinaux-évêques) demande au candidat élu, en latin, s’il accepte son élection comme pape.
- Juridiquement, c’est cette acceptation du candidat qui termine dès lors l’élection, et « fait » le nouveau pape.
- Les cardinaux envoient alors une fumée blanche.