L’activité a peu à peu repris ces derniers mois dans les immenses laboratoires de l’usine Benta Lyon, située à Saint-Genis-Laval (Rhône), à l’entrée sud de Lyon. Cinq ans après avoir été repris à la barre du Tribunal de commerce de Paris par Bernard Tannoury, dirigeant du groupe libanais Benta Pharma, et deux ans après la clôture de son plan social, la production du site a désormais redémarré, grâce à une toute nouvelle stratégie tournée vers la fabrication de médicaments génériques essentiels et l’arrêt de la production de chloroquine.
Avec, dans le portefeuille 2025 de l’usine lyonnaise, 64 dispositifs médicaux (masques, compresses, bandages) et huit médicaments, dont quatre sont à ce jour commercialisés : un contre la sclérose en plaques, un sirop antitussif, un médicament veinotonique et, depuis le printemps 2024, le paracétamol en comprimé pour adulte 500 mg, distribué dans 400 pharmacies françaises et désormais remboursé par l’assurance-maladie-les-15-recommandations-de-la-cour-des-comptes-pour-eviter-la-fausse-route-1022834.html »>assurance maladie.
Investir pour produire local
Pour réaliser cette production en France, le génériqueur s’appuie sur ses capitaux. Un plan d’investissement de 12 millions d’euros est en cours sur le site lyonnais, notamment pour construire une nouvelle ligne de fabrication de produits injectables pour le compte d’un laboratoire tiers, spécialisé dans la santé animale. Mais aussi pour relancer et moderniser l’outil industriel, dans une usine exploitée à 7 à 10 % seulement de son potentiel.
Cette capacité de production et de stockage permet d’ailleurs à Benta « d’aller vers de gros volumes et de réaliser des optimisations d’échelle », détaille Damien Parisien, directeur général du site lyonnais. Le dirigeant explique que la société « est aujourd’hui compétitive » face à des acteurs chinois et indiens omniprésents sur ce marché. Cela, grâce à l’intégration dans l’usine de plusieurs étapes : la préparation des formules, leur libération, mais aussi la fabrication des médicaments, leur conditionnement et leur distribution.
La société s’appuie également sur un socle d’une vingtaine de laboratoires clients en sous-traitance (Sanofi, Delbert ou encore Procter & Gamble), soit 80 % de son activité, pour développer en parallèle son propre portefeuille. Concernant ce dernier, l’usine s’approvisionne pour l’heure en principes actifs fabriqués à l’étranger, Quant au paracétamol, la société se fournit auprès du groupe français Seqens aux États-Unis, en attendant l’ouverture de l’usine iséroise de celui-ci, attendue pour 2026.
Benta Lyon, à la conquête du marché
Si la situation financière de Benta Lyon reste pour l’heure fragile, la société souhaite gagner en volume pour se renforcer. En 2024, elle s’était d’ailleurs positionnée pour racheter la branche générique de Biogaran (32 % de parts de marché en 2023) face à deux laboratoires indiens et un fonds d’investissement britannique. Mais la mise en vente a été suspendue.
En France, le marché des médicaments génériques reste à la traîne par rapport aux États-Unis ou à l’automobile/allemagne-le-gouvernement-mise-sur-les-incitations-a-l-achat-pour-les-vehicules-electriques-1022567.html »>Allemagne, souligne Samira Guennif, docteure en économie, spécialiste de la propriété intellectuelle en santé. Les produits génériques représentent plus de la moitié des boîtes de médicaments remboursables vendues dans l’Hexagone, pour près d’un tiers du chiffre d’affaires, précise la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques.
Emma Rodot, envoyée spéciale à Lyon