Pétainisme, argent volatilisé… Les facettes obscures de l’abbé Pierre


Les révélations autour de l’abbé Pierre ne cessent de ternir l’image d’un homme sacralisé au rang d’icône. En plus des dizaines d’accusations d’agressions sexuelles qui visent le prêtre, des faits de manipulation, son soutien au maréchal Pétain, ses propos antisémites ou encore une gestion opaque des fonds d’Emmaüs… Qui était vraiment l’abbé Pierre ?

Moins d’un an après l’électrochoc créé par les accusations d’agressions sexuelles visant le prêtre décédé en 2007, le livre Abbé Pierre, la fabrique d’un saint (Allary) des journalistes Laetitia Cherel et Marie-France Etchegoin écorne encore un peu plus le souvenir du fondateur d’Emmaüs à « l’ego surdimensionné ».

L’abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, a longtemps été connu pour son action dans la Résistance dès 1942 et avoir fait passer des juifs en Suisse avec des faux papiers. Mais il n’a pas toujours été « un rebelle », écrivent les deux journalistes qui s’appuient sur des écrits du prêtre datant de 1941 dans lequel il soutient le maréchal Pétain.

« Ayons la fierté de penser que le maréchal travaille à cette conquête, la plus belle et la plus glorieuse », a-t-il lancé notamment dans un discours. « Partout où aujourd’hui la France renaissante de notre grand maréchal agit, soyez présents, soyez au premier rang, soyez des plus grands lutteurs, dans la conscience et l’enthousiasme », a-t-il dit à une autre occasion selon une autre archive.

Le livre revient également sur des propos tenus par le prêtre sur les Juifs le 21 juillet 1944, évoquant « des familles contraintes à l’oisiveté (sans qu’il soit de leur faute, certes) mais regorgeant d’or avec quoi elles raflaient avec une impitoyable dureté tout ». Il dénonce les « trop faibles proportions d’Israélites dans les maquis (certes il y en a et de splendides…) » et les « trop fortes proportions au contraire parmi les passifs « planqués », des fermes ou des petits hôtels. »

Quelques années plus tard, au milieu des années 1990, il apportera son soutien au philosophe négationniste Roger Garaudy, auteur d’un livre révisionniste et condamné pour contestation de crimes contre l’humanité. Il expliquera par la suite avoir agi à « titre amical ».

Après le célèbre appel du 1er février 1954, qui a lancé des décennies d’engagement pour les mal-logés et les sans-abri, Emmaüs reçoit un milliard de francs, soit 26 millions d’euros, en à peine plus d’un mois. Dans un rapport envoyé en février 1954 à l’archevêque de Paris Maurice Feltin, le secrétaire général du Secours catholique Jean Rohain alerte sur une « association fictive non déclarée, ignorant tout de la gestion des fonds ».

« Emmaüs n’a toujours pas déposé ses statuts », écrit-il, contrairement à ce qu’a affirmé le prêtre et malgré les multiples demandes de mise en conformité qui lui ont été adressées depuis 1953. Deux mois plus tard, le 1er avril 1954, un rapport des renseignements généraux fait état de remontées sur une « organisation des centres de distribution » d’Emmaüs « défectueuse » et d’un « contrôle qui n’est pas sérieux » en Meurthe-et-Moselle.

  • Soupçons de détournements de fonds

Un témoignage fait parallèlement état de possibles détournements de fonds via les « camps de jeunes » organisés dans les années 1960 rassemblant des volontaires venus de tous les pays pour ramasser des déchets pendant leurs vacances.

« Au tout début des années 1970, il a été décidé que les bénéfices des camps internationaux seraient repartis en quatre parts égales » dont l’une pour « l’abbé Pierre, ses propres besoins, les actions qu’il souhaitait financer en France ou à l’étranger », rapporte aux journalistes une ancienne secrétaire d’Emmaüs international, Brigitte Mary.

Le livre conforte par ailleurs l’image d’un « prédateur » révélée par les accusations d’agressions sexuelles et de viols qui se sont égrenées depuis l’été 2024.

Tous nos articles sur l’abbé Pierre

En 1955, l’ex-ambassadeur auprès du Vatican, Jacques Maritain, qualifie l’abbé Pierre de « grand malade », peut-être atteint de « schizophrénie », selon les archives consultées par les autrices.

S’appuyant sur des courriers, le livre dépeint également un homme « manipulateur », un « Rastignac » qui « intrigue pour grimper dans la carrière de député », qui « manipule pour faire taire les gêneurs » loin de l’image de modestie et de bonhomie donnée au grand public.



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