
Pour les non-initiés, cette procession a de quoi interpeller. Ce vendredi après-midi, des femmes et des hommes vêtus de robes noires ou parfois rouges, le visage dissimulé par de longs cônes, vont arpenter les rues de Perpignan. Des personnages issus tout droit d’une tradition qui a traversé les siècles. Elle perdure dans la préfecture des Pyrénées-Orientales, mais aussi dans d’autres villes du département, à Arles-sur-Tech et Collioure.
La procession de la Sanch a lieu chaque année, le dernier vendredi avant le lundi de Pâques. « La Confrérie de la Sanch (« Précieux Sang du Seigneur ») a été fondée en 1416, en l’église Saint-Jacques à Perpignan, à la suite de la prédication de Saint-Vincent Ferrier, moine dominicain », précise la mairie de Perpignan. « Les pénitents passent isolés sous leur cagoule. Ils déambulent, chancelants sous les fardeaux des péchés du monde. » Ils s’isolent « derrière leurs thébaïdes de tissus. Vêtus de grandes robes rouges ou noires dites « la caperutxa », les pénitents défilent, accrochés à leur chapelet, point de contact entre leur chair et la foi ».
Un symbole de la culture catalane
Outre l’aspect spirituel, le but de la Confrérie était la commémoration de la Passion par les processions. Ainsi que l’assistance aux prisonniers et aux condamnés à mort avant, pendant et après leur exécution. Parfois interdite selon les époques, la Sanch a, depuis, gardé sa dimension mystique. Les pénitents portent les misteris, qui sont de représentations de la Passion du Christ.
Mais elle est aussi devenue l’un des symboles de la culture catalane. 10.000 personnes assistent chaque année à ce défilé dans les rues de Perpignan, au son du miserere, le chant interprété tout au long de la procession. Le même qui accompagnait les condamnés à mort au temps des moines dominicains.