Lunettes, prothèses auditives… Pourquoi les mutuelles veulent durcir les conditions de remboursement


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Depuis la mise en place du dispositif 100 % Santé, les mutuelles constatent une explosion des dépenses liées aux lunettes et aux prothèses auditives. Face à cette inflation, elles envisagent de revoir leurs conditions de remboursement.

Changer de lunettes tous les deux ans pourrait bientôt appartenir au passé. La Mutualité Française, qui regroupe les complémentaires santé, envisage de restreindre les remboursements pour les lunettes et les prothèses auditives. L’objectif est d’éviter une « pseudo-gratuité » qui, selon son président Éric Chenut dans un entretien aux Échos, alimente une hausse préoccupante des dépenses de santé.

« On est dans une pseudo-gratuité où les gens ne se rendent plus compte de combien ça coûte », explique-t-il. Pour freiner cette dérive, la Mutualité propose de rembourser les lunettes tous les trois ans, contre deux actuellement.

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La réforme 100 % Santé en cause ?

Renouvellements prématurés, prescriptions jugées peu justifiées, démarchage agressif… Les mutuelles tirent la sonnette d’alarme. En vigueur depuis 2021, la réforme 100 % Santé visait à faciliter l’accès aux soins en proposant des équipements de qualité et intégralement remboursés de certaines lunettes, prothèses dentaires et appareils auditifs. Mais depuis, les mutuelles estiment que cette réforme a fait exploser leurs dépenses. Selon la Mutualité française, les remboursements liés aux prothèses auditives ont augmenté de 45 % en deux ans et ceux liés à l’optique de près de 20 %.

Face à cette inflation, plusieurs mutuelles envisagent des mesures restrictives pour certains équipements. Cela pourrait se traduire par une baisse des plafonds, un allongement des délais entre deux remboursements, voire une exclusion de certains modèles plus onéreux.

Par exemple, le remboursement d’une monture pourrait être plafonné à 30 euros contre 100 euros aujourd’hui. Quant aux audioprothèses, « il ne serait possible d’en changer en étant remboursés intégralement que tous les cinq ans plutôt que tous les quatre ans », explique Éric Chenut. La fin de la prise en charge des culottes menstruelles est également à l’étude.

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Des dépenses de santé qui coûtent cher

En France, entre 2019 et 2023, les dépenses de santé ont grimpé. Elles ont bondi de 20 %, atteignant 11,5 % du PIB, d’après les derniers chiffres du Dress. La Mutualité française relève une nette accélération des dépenses de santé, avec plus de 6,4 % en 2023 contre 4,3 % en 2022. Une dynamique qui s’explique également par le vieillissement de la population, l’arrivée de nouveaux traitements et des technologies, ou encore par le contexte politique jugé instable, selon la Mutualité française.

La remise à plat des conditions de remboursements pourrait ainsi coûter « 20,25 % » moins chers, alors que cette année les cotisations ont augmenté de près de 6 %.

Selon Les Échos, les assureurs privés qui représentent environ un tiers du marché de la complémentaire santé, seraient favorables à ces changements. Les deux fédérations doivent faire des propositions communes dans les prochains jours.



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