L’Europe est-elle armée pour affronter une guerre économique avec les États-Unis ?

En juin 2018, un peu plus d’un an après son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump avait annoncé des droits de douane additionnels sur les importations d’acier et d’aluminium :  25% sur l’acier et 10% sur l’aluminium. Les Européens ne s’étaient pas laissé faire : trois semaines plus tard, et malgré les menaces du président américain (il envisageait déjà de s’attaquer au secteur automobile) Bruxelles répliquait avec des contremesures identiques. Les Européens avaient alors notamment ciblé des produits américains emblématiques comme les motos de la marque Harley Davidson, le whisky ou le tabac.

**>>Cinq questions sur la hausse de 25% des droits de douane sur les automobiles étrangères annoncée par Donald Trump

**De nouveaux outils de représailles en cas de guerre commerciale

Ces dernières années, l’Union européenne est sortie d’une forme de naïveté économique. Elle s’est dotée de nouveaux outils pour contrer les pratiques commerciales jugées déloyales de ses concurrents et/ou partenaires, Chine en tête :  Instrument de lutte contre le dumping, ou de filtrage des investissements étrangers (pour ne plus permettre par exemple l’achat par la Chine de sites stratégiques comme le port du Pirée, en Grèce), durcissement des règles pour limiter les subventions étrangères.

Mais il y a un autre outil de représailles qui pourrait être une option face à Donald Trump : celui appelé « instrument anti-coercition ». Jamais utilisé jusqu’à aujourd’hui.

Une arme de dissuasion très puissante

Adopté en 2023 dans un contexte de tension avec Pékin, l’instrument anti-coercition permet d’imposer à un pays des représailles commerciales sévères, de lui fermer par exemple l’accès à certains marchés publics ou de limiter son accès aux marchés financiers européens. « C’est une arme nucléaire », résume un diplomate.

Mais un outil difficile à actionner, la Commission européenne ne peut pas le faire seule et doit avoir le feu vert des États Membres. Il est conçu comme une arme dissuasive.

Mais à ce stade, face aux menaces de Donald Trump, la Commission européenne est plutôt sur une ligne de riposte graduée et proportionnée. Elle prépare une hausse des droits de douanes sur une liste de produits américains, pour un montant identique à ce que vont nous coûter les surtaxes annoncées par Trump, et sans volonté, pour l’heure, de surenchère… Mais l’UE dispose bien d’un arsenal dissuasif.



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