Gaza : une cinquantaine d’employés de l’UNRWA arrêtés et maltraités par Israël depuis 2023

« Depuis le début de la guerre en octobre 2023, plus de 50 membres du personnel de l’UNRWA, parmi lesquels des enseignants, médecins et travailleurs sociaux, ont été arrêtés et maltraités. Ils ont été traités de manière la plus choquante et inhumaine qui soit », a écrit M. Lazzarini sur le réseau social X.

« ‘J’ai souhaité la mort pour mettre fin au cauchemar que je vivais’. J’ai reçu ce terrible témoignage d’un collègue qui a été arrêté à #Gaza, torturé pendant sa détention en Israël et finalement libéré ».

Selon l’UNRWA, ces membres de son personnel détenus, ont dit avoir été battus et utilisés comme boucliers humains. « Ils ont subi des privations de sommeil, des humiliations, des menaces de violence contre eux et leurs familles, ainsi que des attaques de la part de chiens. Beaucoup ont été forcés à faire de faux aveux », a-t-il ajouté. « C’est tout simplement effroyable et scandaleux », a-t-il souligné.

Israël a également promulgué une loi interdisant à l’agence onusienne d’opérer sur le sol israélien. Cette loi est entrée en vigueur le 30 janvier dernier.

Deux mois sans entrée de l’aide

« Les travailleurs humanitaires ne sont pas des cibles. Leur souffrance ne doit pas être ignorée. Il faut que justice soit faite et que les responsables des crimes et des violations du droit international commis dans la bande de Gaza répondent de leurs actes », a insisté M. Lazzarini.

Ces propos surviennent au lendemain de l’ouverture à la Cour internationale de Justice (CIJ) à La Haye d’audiences consacrées aux obligations humanitaires d’Israël envers les Palestiniens.

Israël contrôle l’entrée de l’enclave palestinienne de l’aide internationale, vitale pour les 2,4 millions d’habitants frappés par une crise humanitaire sans précédent.

« Cela fait presque deux mois que le siège est très strict. L’État d’Israël, comme vous le savez certainement tous, a interdit l’entrée de fournitures humanitaires à Gaza, qu’il s’agisse de fournitures médicales ou commerciales, y compris les vaccins alimentaires pour les enfants et le carburant. Cela dure depuis le 2 mars 2025 », a fait valoir une porte-parole de l’UNRWA, Juliette Touma.

Selon l’agence onusienne, cette décision paralyse les efforts humanitaires et menace la vie et la survie des civils de Gaza qui subissent également « des bombardements intensifs jour après jour ».

Les enfants se couchent affamés

« Le siège de Gaza est un tueur silencieux, un tueur silencieux d’enfants, de personnes âgées, des personnes les plus vulnérables de la communauté. Le siège signifie que des familles – des familles entières, sept ou huit personnes – en sont réduites à partager une boîte de haricots ou de petits pois », a déploré la porte-parole.

Sur le terrain, les partenaires humanitaires alertent sur l’aggravation de la situation nutritionnelle. Depuis le début de l’année, environ 10.000 cas de malnutrition aiguë chez les enfants ont été identifiés, dont 1.600 cas de malnutrition aiguë sévère. Bien que des traitements soient encore disponibles dans le sud de Gaza, les restrictions opérationnelles et sécuritaires rendent les efforts pour y accéder extrêmement difficiles.

« Imaginez que vous n’ayez rien à donner à manger à vos enfants. Les enfants de Gaza se couchent affamés. Les personnes âgées et les malades ne sont pas en mesure de se faire soigner en raison de la pénurie de fournitures dans les hôpitaux et les cliniques », a dit Mme Touma.

Une petite fille de 2 ans est soignée par un employé de l’UNRWA.

De l’aide prête à être acheminée

Selon l’UNRWA, l’aide est prête à être acheminée à Gaza et attend la réouverture des points de passage. L’agence onusienne attend ainsi près de 3.000 camions d’aide vitale. « Les fournitures de base destinées aux personnes dans le besoin s’épuisent tandis que la famine s’aggrave ».

Le Programme alimentaire mondial (PAM) indique également que plus de 116.000 tonnes d’aide alimentaire – de quoi nourrir un million de personnes pendant quatre mois – sont prêtes à être acheminées.

Par ailleurs, l’ONU estime que des milliers de familles supplémentaires ont fui en réponse à un nouvel ordre de déplacement émis par les forces israéliennes vendredi pour des zones de l’ouest de Gaza. C’est le cas de Rafah où 97 % de la localité est sous le coup d’un ordre de déplacement forcé, ce qui concerne environ 150.000 personnes.

Israël a lancé une opération militaire majeure à Rafah il y a près d’un an, en mai 2024, déplaçant 1,4 million de personnes de la zone à l’époque et causant une destruction massive des maisons, des installations de santé et des abris. « Rafah n’a plus rien à voir avec la ville qu’elle était, elle a été anéantie », a rappelé la porte-parole de l’UNRWA, relevant que « dans toutes les directions, il n’y a que de la destruction ».



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