
Ce rapport, qui couvre la période du 1er juillet 2022 au 30 juin 2024, souligne que 2.483 violations graves contre 2.255 enfants ont été constatées, dont certains ont été victimes de violations multiples.
Les attaques armées meurtrières contre les civils se sont intensifiées et ont gravement détérioré la situation humanitaire, avec plus de 2 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, dont la plupart sont des enfants. Par ailleurs, on estime que 6,3 millions de personnes, dont 3,4 millions d’enfants, ont besoin d’une aide humanitaire, notamment en matière de nutrition, de santé, de protection et d’éducation.
Système éducatif affecté
La poursuite du conflit armé et l’insécurité générale ont profondément affecté le système éducatif et sanitaire, empêchant des centaines de milliers d’enfants de jouir de leurs droits fondamentaux à l’éducation et aux soins de santé de base.
« La détérioration continue de la situation sécuritaire a particulièrement affecté l’accès des enfants à l’éducation, plus de 800.000 enfants étant touchés par la fermeture des écoles », souligne la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Virginia Gamba.
La plupart des violations graves ont été attribuées aux groupes armés. Les meurtres et les mutilations d’enfants ont été les violations graves les plus fréquentes, suivis des enlèvements, du recrutement et de l’utilisation d’enfants. De plus, le dernier trimestre 2023 a connu une forte augmentation du nombre de violations graves contre les enfants, notamment des victimes. Au total, 1.386 enfants, dont certains n’avaient que huit mois, ont été tués et mutilés, notamment par des engins explosifs.
Des bébés sont nourris avec de la bouillie nutritive dans un centre de santé au Burkina Faso.
Enlèvements, violences sexuelles
« Je suis alarmée par le nombre élevé d’enfants tués et mutilés. J’exhorte vivement toutes les parties au conflit à ne pas cibler les civils, y compris les enfants, à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter de porter préjudice aux enfants dans le cadre de leurs opérations et à respecter strictement leurs obligations en vertu du droit international », déclare la Représentante spéciale.
Les Nations Unies ont confirmé l’enlèvement de 592 enfants, principalement des filles, et 257 enfants ont été recrutés et utilisés, la majorité des garçons étant touchés.
L’accès humanitaire a été gravement entravé, en particulier dans les régions du Centre-Nord, du Sahel et de la Boucle du Mouhoun, principalement en raison des attaques de groupes armés contre des villages et des opérations militaires de contre-insurrection.
Les violences sexuelles ont continué d’être largement sous-déclarées, en raison notamment de la stigmatisation, de la peur des représailles, de normes sociales néfastes, ainsi que de l’impunité et des préoccupations en matière de sécurité. Les Nations Unies ont confirmé que 20 filles ont été violées, dont l’une est décédée des suites d’un viol collectif. Dans de nombreux cas, les violences sexuelles ont été précédées d’un enlèvement et les survivantes ont été prises pour cible alors qu’elles allaient chercher du bois de chauffage ou de l’eau.
Des progrès
Des progrès ont été observés, notamment l’approbation par le gouvernement de transition d’un protocole de transfert avec les Nations Unies afin de garantir que les enfants présumés associés aux forces et groupes armés soient transférés aux services civils de protection de l’enfance. Virginia Gamba appelle à la pleine mise en œuvre de ce protocole.
Le gouvernement de transition, avec le soutien des Nations Unies, a également fourni des services de réintégration à 397 enfants anciennement associés aux forces et groupes armés et à d’autres enfants vulnérables risquant d’être recrutés et utilisés.
Les Nations Unies ont soutenu les efforts de formation de plus de 700 officiers des forces de défense et de sécurité à la protection, à la promotion et au respect des droits de l’homme, en mettant l’accent sur la protection des enfants lors des opérations militaires.
Les Nations Unies se tiennent prêtes à continuer de soutenir le gouvernement de transition en renforçant ses capacités, affirme Mme Gamba. Elle l’appelle à poursuivre ses efforts pour promouvoir la reddition des comptes afin que tous les enfants victimes de violations graves aient accès à la justice et à des réparations. Elle exhorte également les donateurs à financer des programmes de réinsertion pour les enfants associés aux groupes armés.