Les Etats-Unis et l’Iran se retrouvent à Rome pour discuter du nucléaire


Sourires de façade et méfiance mutuelle. Iran et Etats-Unis reprennent à Rome les pourparlers sur le programme nucléaire iranien, une semaine après de premiers échanges qualifiés de « constructifs » par les deux pays, ennemis depuis la Révolution islamique de 1979. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, et l’envoyé américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, tiendront ces discussions sous la médiation du sultanat d’Oman, comme lors des précédents pourparlers tenus à Mascate.

Les pourparlers doivent débuter à « midi, heure d’Iran », soit 10h30 à Rome. Mais sous le vernis du travail commun se cachent de fortes tensions. Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a relancé sa politique dite de « pression maximale » contre l’Iran, avec lequel les Etats-Unis n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980. Il a appelé en mars le pouvoir iranien à négocier un nouvel accord, mais a menacé de bombarder l’Iran en cas d’échec de la diplomatie.

L’Iran « pas loin » d’avoir l’arme atomique

Donald Trump a toutefois affirmé jeudi qu’il n’était « pas pressé » d’utiliser l’option militaire. « Je pense que l’Iran veut discuter », a-t-il souligné. A la veille des discussions, Abbas Araghchi a quant à lui fait part de ses « sérieux doutes » quant aux intentions des Etats-Unis. La délégation iranienne est arrivée à Rome dans la nuit, selon des images diffusées samedi par la télévision d’Etat iranienne, montrant Abbas Araghchi descendant d’un avion. Il mènera des discussions « indirectes », a précisé la chaîne.

Les pays occidentaux et Israël, ennemi juré du pouvoir iranien, soupçonnent l’Iran de vouloir se doter de l’arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l’énergie. Dans un entretien au journal Le Monde publié mercredi, le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a affirmé que l’Iran n’était « pas loin » de disposer de la bombe atomique.

Des « lignes rouges » pour l’Iran

Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a appelé les Européens, membres de l’accord, à prendre rapidement une « décision importante » concernant le « rétablissement des sanctions » internationales à l’encontre de l’Iran, car il « ne respecte clairement pas l’accord actuel ». L’Iran insiste pour que les pourparlers se limitent au nucléaire et à la levée des sanctions.

Abbas Araghchi a encore mis en garde vendredi les Etats-Unis contre « des demandes déraisonnables et irréalistes », après que Steve Witkoff a réclamé en début de semaine un démantèlement total du programme nucléaire, y compris civil. Les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, ont eux exclu toute discussion sur les capacités militaires et de défense, dont le programme balistique qui inquiète à l’international.

L’influence régionale de l’Iran figure aussi parmi « les lignes rouges » du pays, selon l’agence de presse officielle Irna. Téhéran soutient dans la région ce qu’il qualifie « d’axe de la résistance », une alliance de groupes armés hostiles à Israël incluant le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais, les rebelles Houthis du Yémen, et des milices chiites en Irak.



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